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COLORATION, substantif féminin.

Publié le 14/11/2015

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COLORATION, substantif féminin.  

A.—  Action de colorer : 

Ø 1. La coloration artificielle se pratique encore pour corriger l'apparence des vins sans couleur et de mauvaise qualité.

DOCTEUR MAXIME MACAIGNE, Précis d'hygiène,  1911, page 260. 

—  Spécialement. 

1. BIOLOGIE.  Imprégnation à l'aide d'un colorant en vue d'un examen microscopique : 

Ø 2. Je compte pour rien la surveillance de mon service. Le personnel est dressé : cela marche tout seul. Je ne compte pas non plus les piqûres aux cochons d'Inde ou l'examen de quelques préparations, la coloration de quelques microbes, enfin des blagues. Je n'ai rien fait depuis trois jours. J'attends.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, page 79. 

·    Coloration directe (antonyme coloration indirecte). Coloration ne nécessitant pas l'usage d'un mordant (Confer Roger Husson, François Graf, Manuel de biologie générale, 1965, page 13). 

2. Coiffure. Faire une coloration. Synonyme : teinture. (Attesté dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT) Supplément 1970). 

—  Au figuré : 

Ø 3.... la mode des prix et des expositions pourvues de récompenses; le rôle de la publicité donnent à l'art un aspect de compétition. Et, (...) il ne s'agit pas là d'une simple « coloration extérieure de la vie artistique par les moeurs de l'époque ».

Jeux et sports (sous la direction de Roger Caillois)  1968, page 737. 

·    Spécialement.  PHONÉTIQUE.  \" Phénomène d'assimilation progressive (anticipation) ou régressive par lequel une voyelle communique sa couleur* aux consonnes contiguës \" (Dictionnaire de linguistique (JEAN DUBOIS, MATHÉE GIACOMO, LOUIS GUESPIN, CHRISTIANE MARCELLESI, JEAN-BAPTISTE MARCELLESI) 1972). 

B.—  Par métonymie. 

1. Fait d'être coloré, qualité de ce qui est coloré. [Dans la sculpture] Le défaut de coloration des yeux, des cheveux, etc., n'est pas un obstacle au genre d'expression que comporte cet art (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1863, page 19 ). Si nous laissons reposer la bouteille, la liqueur perdra beaucoup en coloration et en saveur (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Monsieur Bergeret à Paris,  1901, page 349 ). Le nègre ne doit sa coloration qu'à la quantité plus considérable des dépôts pigmentaires (DOCTEUR PAUL RICHER, Nouvelle anatomie artistique du corps humain, tome 2, 1920, page 100) : 

Ø 4. Le soleil (...) attaquait victorieusement le brouillard (...). Les vapeurs, tout à l'heure si profondes, s'amincissaient, devenaient transparentes en prenant les colorations vives de l'arc-en-ciel.

ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour,  1878, page 849. 

—  Au figuré : 

Ø 5. L'admirable Toccata de Bach est exécutée par l'Orchestre de Philadelphie, encore qu'écrite pour orgue (...). Il ne me paraît pas que la musique de Bach ait à gagner beaucoup dans ces colorations que lui donne l'orchestration, si bien appliquée qu'elle puisse être...

ANDRÉ GIDE, Journal,  1942, page 121. 

Ø 6. Mais la marche du Jour, si elle est insensible dans l'exercice de l'esprit, toutefois secrètement lui impose une variation de ses forces, —  c'est-à-dire une coloration, un relief, une énergie, une évaluation diurnes de ses idées.

PAUL VALÉRY, Mauvaises pensées et autres,  1942, page 51. 

2. En particulier (avec valeur intensive).  Teinte, couleur. 

a) [En parlant de la peau, du visage] :

Ø 7.... ses joues, naturellement pâles, avaient cette légère coloration fiévreuse que donne l'âme inquiète à son enveloppe au moment d'une douleur ou d'une émotion.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences,  1851, page 29. 

Ø 8. La petite princesse habitait une chambre spacieuse (...). Elle y passait les heures nocturnes sur un lit de soie bleuâtre où la peau de ses jeunes membres, déjà finement teintée, prenait une coloration encore plus sombre.

PIERRE LOUÿS, Aphrodite,  1896, page 167. 

Ø 9. Cette déclaration [de Jean de la Fontange] la toucha jusqu'au fond de l'âme... Elle [Sabine] fut parcourue d'un frisson et sentit la coloration de son visage changer, sans savoir s'il rougissait ou devenait pâle.

JACQUES DE LACRETELLE, Les Hauts ponts, tome 1, 1932, page 68. 

b) [En parlant d'un tableau]  Certaines toiles les surprenaient sans doute [les visiteurs de l'exposition des Impressionnistes, en 1876] par la coloration ou la facture, mais ils ne s'indignaient plus (GEORGES RIVIÈRE, Cézanne,  1936, page 120 ). 

—  Par métonymie, usuel : 

Ø 10. [les toiles de Delaunay sont de] tumultueuses compositions où la souplesse alerte de Florence se concilie avec les colorations fastueuses de Venise.

LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 419. 

Ø 11.... la coloration du Titien (...) n'a de véritable agrément que parce qu'elle donne l'idée d'une souveraineté somptueuse et dominatrice.

AUGUSTE RODIN. L'Art, entreiens réunis par Paul Gsell,  1911, page 181. 

c) Au figuré : 

Ø 12.... ressouvenirs sur la batellerie de l'époque, sortant de la bouche édentée d'un vieux du pays (...), ressouvenirs donnant toute la coloration de l'époque en quelques mots.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1888, page 829. 

Ø 13.... leur jargon souvent teinté de colorations argotiques,...

Vie et langage.  1952-54, page 35. 

Ø 14. Faire le décor, l'atmosphère, l'ambiance (...) avec les inflexions, les colorations vocales, c'est l'enfance de l'art.

ALEXANDRE ARNOUX, Zulma, l'infidèle.  1960, page 141. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 226. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 54, b) 452; XXe.  siècle : a) 607 b) 306. 

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