bulle.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
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Une semaine plustard, l’appartement n’avaitguèrechangé d’aspect.
Leprovisoire durait,un
tantinet chaotique.
Fauted’espace, Yvanavaitrenoncé àvider touslescartons.
Seullecoin bureau
témoignait d’undébut d’adaptation del’occupant àson nouvel espace devie.
Ilypassait leplus clairde
son temps.
Lebureau massifdestyle Louis-Philippe, bienquetrop encombrant, luipermettait d’empiler
d’innombrables dossiers,documents, livresetobjets.
Yvanappréciait leurproximité immédiate dansle
travail, sivolumineux soient-ils.Lesavoir àportée demain lerassurait.
Quantaufauteuil encuir, un
monument duconfort anglais, ilrendait toutdéplacement périlleuxàl’intérieur delapièce.
MaisYvan
préférait escalader cartonsetmeubles entassés plutôtqued’avoir àse séparer d’unfauteuil danslequel
il s’accordait fréquemment dessommes réparateurs.
Ce matin-là, ilcompulsait unouvrage portantsurlaRenaissance française.Ledossier Salamandre
guidait sesrecherches etcommençait àlivrer certains indices.Ilétudiait leplan duchâteau de
Chambord, l’annotantenmarge, etrelevait decurieuses coïncidences.
Ilsentit bientôt lespicotements
qui indiquaient chezluiun intérêt grandissant poursonsujet d’études.
Lerègne deFrançois I er
avait ouvert lasociété àune culture nouvelle etclos ledernier chapitre du
Moyen Âge.L’art, laphilosophie etles progrès techniques révolutionnaient lesmœurs etles consciences
dans l’Occident chrétien.C’étaitunchangement prodigieuxquis’opérait danslesmentalités, mêmesiles
contemporains d’Erasmen’enpercevaient sansdoute pasl’ampleur.
Pourtant,danslesillage desgrands
navigateurs, lemonde basculait danslesTemps modernes.
L’imprimerie étaitenplein essor après
l’invention deGutenberg.
Longtempsdéconsidérée parl’Église, lascience échappait àla sorcellerie et
entrait enconcurrence aveclesdogmes religieux.
Délaissant legothique, lesarchitectes prenaientleurs
modèles chezlesclassiques del’Antiquité.
Lespeintres découvraient laperspective, lafigure même de
l’artiste s’imposait parson génie, lesfaveurs queluiaccordaient lespuissants, lenombre deses émules.
L’ingénierie, l’architecture etl’art occupaient lesplus grands esprits.
Fasciné parlesprinces italiens,
François I er
avait attiré danssonroyaume LéonarddeVinci, Rosso etPrimatice.
Auxyeux dece
munificent mécène,ceroi bâtisseur, rienn’était tropbeau nitrop coûteux pourservir sagloire.
C’est auretour del’un deses voyages avecLéonard deVinci queFrançois I er
avait lancé le
chantier deChambord.
Lechâteau seraitunemerveille dutemps, unvaisseau majestueux composéde
quatre centquarante pièces,troiscent soixante-cinq cheminéesetsoixante-dix-sept escaliers.Dansce
dédale depierre, mieuxvalaits’équiper d’unplanpour nepas seperdre.
L’édifice étaitleplus imposant
de tous leschâteaux delaLoire.
Pourtant, lemonarque n’yavait résidé qu’une quarantaine dejours
durant sonrègne.
Maisleplus surprenant tenaitàson emplacement.
Endépit delaprésence des
meilleurs architectes, Chambordavaitétébâti surunterrain marécageux.
Untelchoix compliqua tantla
construction qu’unmillier d’hommes durenttravailler sansrelâche pendant prèsd’une décennie pour
assurer lesfondations aprèsavoirasséché lessols.
Pourquoi desingénieurs aussicompétents n’avaient-
ils pas jetéleur dévolu surunsite àpeine éloigné d’unkilomètre etqui leur aurait épargné detelles
difficultés ? Yvanpassa àla loupe lacarte dusecteur.
Lechâteau setrouvait perduaumilieu d’unvaste
domaine boisédeSologne.
Àces interrogations vints’ajouter unautre faittroublant : François Ier
avait
accordé toutelicence àPhilibert Babou,sieurdeLaBourdaisière, pourconduire lechantier.
Orce
personnage étaitréputé pourexceller dansl’artduchiffrage.
Après avoirépuisé sesdocuments personnels etcollecté unmaximum dedonnées surlessites
spécialisés duweb, Yvan rassembla sesnotes etles feuilles crachées parl’imprimante.
Unécheveau de
pistes etautant dequestions s’offraient àlui.
Satisfait decette première approche ettenaillé parledésir
de poursuivre, Yvaneffleura delamain lasalamandre.
Hallucination oupas, ilcrut sentir ledessin
prendre durelief etvibrer soussapaume.
*
Attentif àne pas troubler lesilence quirégnait danslasalle delecture delabibliothèque dela
Sorbonne, Yvansedirigea àpas feutrés versunetable dufond.
— Bonjour Marion,jene suis pasenretard ?
Plongée danslalecture d’unouvrage, Mariontressaillit enreconnaissant lavoix.
— Pardon, jepréparais notreentretien.
Maisjevous rassure, vousêtesmême cinqminutes en
avance, sij’en crois l’heure affichée àla pendule.
Yvan s’installa àson côté etse saisit dudossier Salamandre.
— On nesait pas réellement cequ’on cherche, maisdenombreux pointsméritent d’êtreéclaircis, fit
Yvan enguise depréambule.
— Moi, j’aimon idéesurlaquestion…, répliquaMarion.
— Quel genred’idée ?
— Le genre d’idée qu’iln’est pasbon derévéler avantd’avoir sérieusement progressé.
— Épargnez-moi lesmystères, ily en adéjà suffisamment àdécouvrir.
Marion sortitunecopie d’unplanduchâteau deChambord ettraça dessus, nonsans habileté, des
lignes droites àmain levée..
»
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