BOMBÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

BOMBÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de bomber* II.— Adjectif. Arrondi, courbé en arc, convexe. A.— [En parlant d'une partie du corps] : Ø 1. Imaginez un front chauve, bombé, proéminent, retombant en saillie sur un petit nez écrasé, retroussé du bout comme celui de Rabelais ou de Socrate... HONORÉ DE BALZAC, Le Chef-d'oeuvre inconnu, 1831, page 5. Ø 2. Des paupières bombées au menton gourmand, du bout du nez velouté à la joue célèbre et doucement remplie, j'oserai écrire que le visage de Madame Otéro était un chef-d'oeuvre de convexité. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Mes apprentissages, 1936, page 26. — Argot. Bombé. Bossu. Dans le jargon du peuple. Il est bossu? Non, il est bombé (LUCIEN RIGAUD, Dictionnaire de l'argot moderne, 1881, page 48 ). SYNTAXE : Crâne, dos, oeil, pied, poitrine, ventre bombé(e); muscles, ongles bombés. B.— [En parlant d'une chose] : Ø 3. J'ai commencé ma journée par me garnir une quenouille bien ronde, bien bombée, bien coquette avec son noeud de ruban. EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime, 1838, page 149. Ø 4. La voile brune monte au mât, se gonfle un peu, palpite, hésite et, bombée de nouveau, ronde comme un ventre, emporte les coques goudronnées... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Roche aux guillemots, 1885, page 1316. SYNTAXE : Une commode à panse bombée; le couvercle bombé d'une malle; une lanterne à verres bombés; édredon, oreiller, plafond, plancher, sentier, sol, terrain bombé; allées bombées; un pantalon bombé aux genoux. — Spécialement. LUTHERIE. Ø 5.... on substitua [dans la guitare] le dos plat au dos bombé. W. MAIGNE, JÉSUS-CHRIST MAUGIN, Nouveau manuel complet du luthier, 1929, page 277. — Emploi comme substantif. Le luisant de la soie sur le bombé des seins (MAURICE GENEVOIX, Match à Vancouver, Laframboise et Bellehumeur, 1942, page 193 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 248. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 234, b) 388; XXe. siècle : a) 438, b) 382. Forme dérivée du verbe "bomber" bomber BOMBER, verbe. I.— [Correspond à bombe1 D 2] A.— Emploi transitif. 1. Cintrer comme une bombe (bonbonne), rendre convexe. Bomber l'échine, les épaules; bomber le dos sous l'averse. — Par extension. Renfler, arrondir. Les douze souffleurs, dos au feu, bombèrent ensemble leurs joues rouges de force (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 85) : Ø 1.... et tous ceux qui roucoulent, des ramiers bleu d'ardoise, des tourterelles au bec écarlate, grasses du jabot comme de petits pâtons, bombant leur gorge grise et rose sous leur collerette précieuse, noire et blanche. MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 124. — Emploi pronominal : Ø 2. Les mains des femmes, relevées par le bout, galopent en sautillant sur la corde des lyres, tirent un à un le long fil des tapisseries, se bombent en forme de coquille, pour rajuster sur le front les boucles défaites;... GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 362. — Locution. Bomber le torse, le thorax, la poitrine. · Au figuré. Faire le fier. Alors il se redressait, bombait la poitrine, fronçait le sourcil, prenait une mine de matamore (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 115) : Ø 3. À côté de ces revenants (...) les autres académiciens semblaient jeunes, ils se campaient, bombaient leurs torses sous des regards extasiés de femmes... ALPHONSE DAUDET, L'Immortel, 1888, page 68. 2. HORTICULTURE. " En termes de Jardinier, bomber une plate-bande la charger de terre, en sorte que le milieu étant plus élevé que les bords, elle forme le dos-d'âne " (Abbé Claude-Marie Gattel, Nouveau dictionnaire portatif de la langue française, 1797) : Ø 4. Il côtoya une pièce [de terre] trempée d'humidité déjà, soit par l'effet du serein qui tombait, soit par le passage souterrain d'une source, et il se dit : « elle est bien mouillée; il faudra la bomber fortement »;... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 171. B.— Emploi intransitif. Prendre une forme convexe, arrondie : Ø 5. Sous la jupe, lorsqu'elle avance la jambe, le dessus de sa cuisse bombe, de la hanche jusqu'au genou : une délicate incurvation, toute divine. HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe, 1922, page 107. Ø 6. Avec une pièce de bois ils attaquèrent la grille. Elle bomba, un coin céda, une pierre sauta. Trois coups de bélier tordirent les barreaux, l'arrachèrent. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 279. II.— [Correspond à bombe1 B] Argot, familier. A.— Emploi transitif. Frapper, battre quelqu'un : Ø 7. Bomber. Frapper, battre. Argot de souteneur. « Si tu prends des airs de bégueule, gare à ta peau... J'te vas bomber ». ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte, argots parisiens comparés, 1889, page 513. — Emploi pronominal. Se bomber de quelque chose S'en priver, s'en passer. B.— Emploi intransitif. 1. Ça bombe, ça crapouillotte. Il pleut des obus (Confer "Le Poilu tel qu'on le parle" (GASTON ESNAULT), 1919). 2. [Par référence à la rapidité du tir d'artillerie de campagne] Aller très vite. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 140. DÉRIVÉS : Bombeur, substantif masculin. Celui qui fabrique ou qui vend des verres bombés, des globes de pendules. (Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux). Bombeur de verres.