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ATTABLÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 27/10/2015

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ATTABLÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.  

I.—  Participe passé de attabler* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  [En parlant d'une personne ou d'une collectivité]  Installé à table surtout pour manger, boire, mais aussi pour jouer, bavarder, travailler. Attablé à, dans (un endroit) : 

Ø 1. En rentrant du cinéma, un peu après minuit, les domestiques trouvèrent la famille attablée, mais silencieuse et immobile.

MARCEL AYMÉ, Le Nain,  1934, page 144. 

—  Par métonymie : 

Ø 2. Ici, un débit, où se voit attablée la vareuse rouge d'un garibaldien.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1871, page 744. 

B.—  Par extension.  [En parlant d'une personne ou d'un inanimé personnifié]  Installé du point de vue physique, en particulier devant un meuble autre qu'une table. Attablé à (un meuble) avec, en compagnie de quelqu'un : 

Ø 3. Je l'ai trouvée [la princesse Czartoriska] attablée au piano avec son professeur Kiatkowski.

EUGÈNE DELACROIX, Journal, tome 2, 1856, page 127. 

—  Par analogie : 

Ø 4. Mai rit, dans les fleurs attablé.

VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois,  1865, page 95. 

C.—  Au figuré.  [En parlant d'une personne]  Installé au point de vue moral, intellectuel, souvent pour profiter : 

Ø 5. Au milieu de cette débâcle, Coupeau et Lantier se faisaient des joues. Les gaillards, attablés jusqu'au menton, bouffaient la boutique, s'engraissaient de la ruine de l'établissement;...

ÉMILE ZOLA, L'Assommoir,  1877, page 611. 

III.—  Emploi comme substantif.  Personne qui est installée à une table, essentiellement pour manger ou boire : 

Ø 6. La bonne humeur, cependant, de cette attablée n'avait cessé de naître...

PAUL-JEAN TOULET, Les Demoiselles La montagne,  1920, page 149. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 221. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 99, b) 500; XXe.  siècle : a) 480, b) 297. 

 

Forme dérivée du verbe \"attabler\"

 attabler

ATTABLER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif, vieilli.  [Le complément désigne une personne ou un être personnifié]  Attabler quelqu'un..  Installer à table, surtout pour boire, manger mais aussi pour jouer, travailler. Si vous ne pouvez accorder ces paysans, attablez-les, et vous les concilierez bientôt (Dictionnaire de l'Académie française.  1798-1932) : 

Ø 1. Comme revenant de Kroll, nous battions les rues avec lui, nous rencontrons deux femmes avec leurs chapeaux de paille bruns. Nous baragouinons. Elles rient. Et nous les attablons dans un jardin de café, leur laissant prendre ce qu'elles veulent. Elles demandent et on leur apporte trois verres de bière, puis deux côtelettes de veau.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1860, page 799. 

II.—  Emploi pronominal.  [Expression de l'action subjective]  S'attabler. 

A.—  [Le sujet est une personne, une collectivité et parfois un inanimé personnifié]  S'installer à table pour un certain temps, surtout pour boire, manger, mais aussi pour jouer, écrire, lire, travailler, bavarder. S'attabler à, dans (un endroit), devant (une consommation, un plat) : 

Ø 2. Chaque soir, mes hôtes (...) m'entraînaient dans un appartement (...) où les meubles garnis de devises m'invitant à m'asseoir, à m'attabler, à m'étendre, semblaient des meubles sourds et muets.

JEAN GIRAUDOUX, Simon le Pathétique,  1926, page 43. 

—  Par analogie.  [Le sujet est un animal]  Manger : 

Ø 3. Les rats d'argent s'attablaient à même la treille...

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Mes apprentissages,  1936, page 438. 

—  Par extension.  [Le sujet désigne une personne]  S'installer devant autre chose qu'une table : 

Ø 4. Le parfum d'une femme ne donne-t-il pas l'envie de s'attabler à son corps?

JULES RENARD, La Lanterne sourde,  1893, page 23. 

B.—  Au figuré. 

1. [Le sujet est une personne]  S'installer tranquillement, dans une certaine attitude morale, souvent pour profiter : 

Ø 5. Il [Charles] connaissait l'existence humaine tout du long, et il s'y attablait sur les deux coudes avec sérénité.

GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 100. 

2. [Le sujet désigne une personne]  Commencer à, se mettre à, s'attaquer à : 

Ø 6. J'écoute les accents de ton piano, et je m'attable à la besogne avec une nouvelle ardeur!

HONORÉ DE BALZAC, Correspondance,  1832, page 36. 

Remarque : 1. Sens mentionné sporadiquement. Grand Larousse encyclopédique en dix volumes le cite avec un exemple de Roger Martin du Gard. 2. Se mettre à table, s'attabler.  \" Se mettre à table exprime simplement l'action habituelle de prendre place pour manger; s'attabler éveille l'idée d'un acte qui sort des usages ordinaires d'une personne. On se met à table pour déjeuner, pour dîner; on s'attable entre amis ou même entre étrangers, dans une circonstance plus ou moins importante. De plus, on peut se mettre à table seul; on ne s'attable guère qu'en compagnie \" (Grand dictionnaire universel du XIXe.  siècle (Pierre Larousse)). 

III.—  [Expression de l'état résultant de l'action subjective; le sujet désigne une personne]  Être attablé..  Être installé à une table : 

Ø 7. Comme tous les jours à cette heure-ci, il [Léon] est attablé dans son cabinet de travail, que Marthe nomme la « chambre des supplices ».

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va,  1903, pages 56-57. 

—  Par extension.  Être installé à autre chose qu'à une table : 

Ø 8. À l'époque dont nous parlons, on avait encore la fatale habitude de coucher en route, et il en était alors du sommeil comme aujourd'hui des repas. On était à peine attablé à son lit, qu'il fallait repartir.

FRÉDÉRIC SOULIÉ. Les Mémoires du diable, tome 2, 1837, page 21. 

—  Au figuré.  Être installé dans une certaine attitude morale, souvent par intérêt, pour obtenir quelque chose : 

Ø 9. Dieu est attablé à ma souffrance comme à un festin et il en redemande sans cesse.

LÉON BLOY, Journal,  1904, page 46. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 123. 

 

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