appelle, conquièrent Édesse, Antioche, Tripoli et prennent bientôt Jérusalem (15 juillet 1099).
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
pompe.
Onatout fait,ensomme, pourchercher àces deux siècles d’histoire desexplications rationnelles.
C’est
louable etrassurant.
Prenonsgardetoutefois àne pas oublier cequi enaété lelevier principal : lefanatisme
religieux.
Comment expliquer, sinon,tantd’épisodes quinous semblent aujourd’hui proprement ahurissants ?
Lors delapremière croisade,en1096, ilssont 300 000 àquitter toutcequ’ils ont,famille, champetvillage, pour
suivre desgens qu’ils n’ont jamais vusquileur demandent dedélivrer unendroit dontilsne savent rien.Sitôt qu’ils
aperçoivent lestours d’une villedeRhénanie, oudes Balkans, lescroisés hurlent : « Jérusalem ! Jérusalem ! »,
parce qu’ilssecroient auterme duvoyage.
Ilsn’y arriveront jamais.Seulsquelques millierséchappent ausoleil du
désert etau sabre desTurcs, etmoins encore réussissent àse greffer àla croisade deschevaliers, cellede
Godefroy deBouillon, partieàleur suite.
Lesquelques survivants ydeviendront les« tafurs » –on croit savoir que
ce nom curieux dérivedupatronyme decelui quidirigeait leurbande.
Cetteappellation oubliéeétaitconnue de
tous, àl’époque.
Ilsuffisait del’évoquer poursemer laterreur danslesdeux camps.
Apôtres dudénuement, armés
de leur seul bâton maisd’une férocité, d’unefoliedevenues proverbiales, lestafurs serendront célèbres, entre
autres, enorganisant desrepas decadavres d’infidèles.
La prise deJérusalem de1099, tellequ’elle estracontée àla fois parlesmusulmans etles chrétiens, resteradans
l’histoire commeunbain desang d’une ampleur inconcevable.
« Ilnous montait jusqu’aux chevilles », écrirontles
vainqueurs aprèsavoirmassacré dansdesspasmes dehaine tousceux quidéfendaient laville oùilshabitaient
depuis dessiècles, lesmusulmans, lesJuifs, etceux deschrétiens orientaux quiestimaient queleur place étaitde
ce côté- làde lamuraille.
Lemonde aconnu d’autres carnages.
Plusrare, plusstupéfiant, estcequi lesuit
immédiatement : unmoment depiété, d’absolu recueillement.
Aprèsavoirtué,tué, tué,leschevaliers etles
soldats, couverts dusang qu’ils ontversé, seprosternent ensilence devant letombeau duChrist, l’âmeenpaix et
le cœur enjoie, carilssont convaincus, aveccetholocauste barbare,d’avoirfaitàleur Seigneur l’offrande qu’il
espérait.
Cent ansplus tard encore, en1212, lorsdeceque l’onaappelé lacroisade despauvres etdes enfants, ilssont à
nouveau desmilliers àquitter l’Allemagne, armésderien, pour suivre unnouveau prédicateur halluciné.Cettefois
ils coupent parlesmontagnes, seruent enItalie etfoncent verslaMéditerranée sansmême chercher deports ou
de vaisseaux surlesquels s’embarquer.
Pourquoidonc ?Leurchefleuradit que lamer allait s’ouvrir devanteux
comme elles’était ouverte devantMoïsefuyant l’Égypte, etils lecroient.
Laplupart mourront enItalie oufiniront
en esclavage.
Que diredespieux délires deSaint Louis, persuadé quelessultans d’Égypte oudeTunisie allaient tomber àgenoux
et se convertir àla seule vuedelacroix ?
Ne vous méprenez pas.Jene tire detout celaaucune conclusion surlareligion engénéral.
L’histoire nemanque
pas d’épisodes toutaussi fanatiques etparfaitement laïques.Lecommunisme –ce siècle d’obstination àrefuser de
voir l’horreur delaréalité aunom del’angélisme desintentions –restera sansdoute undes grands moments de
délire del’histoire dumonde.
Laguerre de14-18, cesmillions degens morts pourriend’autre quelacouleur de
leur drapeau, enest unautre.
Jene tire non plus aucune généralité d’aucunesortesurlescatholiques en
particulier : ilssont sinombreux, àtant demoments del’histoire, àavoir sutrouver dansleurcroyance laforce
généreuse del’héroïsme etde l’altruisme.
Jeremarque seulement qu’ànotre époque, biendesgens sont
persuadés quel’islam estlaseule religion àêtre capable, parson essence même,deproduire dufanatisme.
Iln’est
pas mauvais deleur rappeler qu’àcejeu lechristianisme asu montrer qu’iln’était pasdénué detalent.
Le
choc descivilisations n’estpasforcément celuiqu’on croit Y
aura-t-il dansl’avenir un« choc descivilisations » ? Quilesait ? Entout cas,lescroisades enproduisirent un,aux
xi e
, xii e
et xiiie
siècles.
C’estindéniable.
La« guerre sainte », menéeparlespapes, aabouti àdurcir lesrapports
de l’Europe chrétienne aveclesmusulmans etàles raidir pourdessiècles.
Longtemps, pourleschrétiens
occidentaux, lesmusulmans resterontces« infidèles » quel’onregrette denepas avoir battus.
Longtemps, pour
les musulmans duProche-Orient, leschrétiens d’Europelaisseront lesouvenir deces barbares fanatisés qui,un
jour, ontdébarqué surleurs terres.
Pour autant, cetterupture nedoit pasenmasquer d’autres, quel’onatendance àoublier, etqui pourtant sont
tout aussi essentielles : lesruptures quelescroisades vontcreuser, ausein même desdeux mondes, chrétienet
musulman.
La sphère islamique estdiverse.
Onl’avu plus haut, elleestbousculée au
xie
siècle parl’expansion desTurcs, les
Seldjoukides, unpeuple issuduTurkestan quivaconstituer unempire dominant leMoyen etleProche-Orient et
soumettre lesArabes quil’avaient conquisquelques sièclesauparavant.
Et,depuis lamort duProphète etles.
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