ANALYSE, ANALYTIQUE (Analysis, Analytic)
Publié le 03/04/2015
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ANALYSE, ANALYTIQUE (Analysis, Analytic)
L'analyse (mot dérivé d'un verbe grec qui signifie délier, séparer) est le mouvement inverse et complémentaire de la synthèse : c'est l'opération qui consiste à diviser un tout en ses parties (elle est définie par Descartes (second précepte de la Méthode) : « diviser les difficultés en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre «). Elle peut être réelle (comme en chimie) ou mentale : c'est ainsi qu'en logique on appelle raisonnement analytique celui qui extrait des propositions de base, ou principes, les propriétés qui y sont implicitement contenues ; le syllogisme (par exemple : tout A est un B ; or X est un A ; donc X est un B) est le modèle classique de la déduction analytique (on dit aussi « tautologique «).
Cette méthode de séparation, qui est absolument nécessaire à l'investigation scientifique, pose un problème au philosophe : a-t-il toujours le droit de réduire l'objet auquel il s'intéresse, par voie analytique, à des parties dont le regroupement sera censé restituer le tout ?
Une certaine pente de l'intelligencel6 le portera en effet à voir dans ces parties des éléments., des atomes. de structure. Or n'y a-t-il pas des réalités qui ne se laissent pas diviser ainsi, sous peine de destruction, de décomposition au pire sens du terme ?
Toute la philosophie de Bergson., par exemple, est une protestation contre les abus de I'« esprit d'analyse «, si l'on entend par là cette méthode réductrice à l'aise dans les sciences de la matière mais totalement inadéquate, selon lui, quand il s'agit de comprendre le vivant, le conscient, ce qui est devenir ou créatijn. De même, la notion de signification, mise au premier plan par la phénoménologie, met l'accent sur l'intentionnalité. d'un mouvement dont les moments différents se désignent mutuellement (comme la conscience renvoie au monde., et le monde à la conscience.). On ne peut alors qu'expliciter ce qui est virtuelle‑
16. « Analysée « par Bergson, dans
ment contenu dans l'appréhension globale d'un sens. Cette tâche, à vrai dire, semble bien être la fonction propre à la philosophie (celle de Platon ou de Descartes., aussi bien que celle de Husserl.), et il n'y a pas d'inconvénients à l'appeler encore analyse, à condition de bien entendre qu'il ne s'agit pas d'une tentative de réduction à de prétendus éléments.
En psychanalyse. On emploie couramment le mot analyse pour désigner la cure psychanalytique., dans la mesure où celle-ci tente de réduire les symptômes à ce dont ils ne sont que les signifiants, les indices. Mais l'analyse, comme cure, est tout autre chose qu'une opération intellectuelle de mémoire et de décomposition, car le moment essentiel, le transfert, n'est pas un phénomène d'ordre intellectuel.
On appelle analyse didactique celle que subit le futur psychanalyste pour se préparer à sa « profession «. Le Dr Lacan. insiste sur le fait que l'analyse « didactique « n'est pas un enseignement qui conférerait un savoir au sujet psychanalyste, ce qui met en question le terme « didactique «. D'autre part, ce qui traditionnellement est nommé « l'analysé «, c'est-à-dire le patient, Lacan préconise de le nommer « analysant «, pour marquer que le rapport qui s'institue dans la cure n'est pas un rapport d'enseignant à enseigné, mais que c'est le patient lui-même qui produit son propre savoir, le psychanalyste ayant plutôt une fonction passive, une fonction d'objet..
On nomme enfin auto-analyse l'exploration qu'un individu. tente de faire de « son « inconscient. à partir des principes de la psychanalyse". La plupart des psychanalystes admettent qu'une telle entreprise est vouée à l'échec, l'exploration est elle-même impliquée dans la méconnaissance fondamentale que recèle l'inconscient ; celui-ci n'est pas une « propriété «, même virtuelle de la conscience. Et le transfert ne peut exister dans le cas de l'auto-analyse.
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