AJOUR, substantif masculin.
Publié le 18/10/2015
Extrait du document
AJOURAGE, substantif masculin.
BEAUX-ARTS. Action d'ajourer; résultat de cette action. Synonyme : ajour :
Ø 1. C'est dans cette région du palais que l'ajourage des marbres, l'ajourage en dentelle, arrive à ses effets les plus surprenants.
JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, L'Inde sans les Anglais, 1903, page 374.
Ø 2. Au lieu des découpures, des ajourages extrêmes, qui nous séduisaient autrefois, nous recherchons systématiquement les masses et les volumes.
LOUIS GILLET, Essai sur l'art français, 1938, page 195.
Remarque : Le terme ajourage l'emporte, semble-t-il, comme terme d'architecture sur ajour, de plus en plus réservé à la broderie et à la dentellerie.
AJOUR, substantif masculin.
Technique.
1. Petite ouverture laissant passer le jour :
Ø 1. Je voyais au loin la balustrade de ciment blanc qui court le long de la jetée-promenade, la mer brillait à travers les ajours.
JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 73.
2. Jour à l'intérieur d'un motif de broderie ou de dentelle :
Ø 2. Elle les fauchait à pleine vitrine, elle essayait pas de se cacher, elle s'est recouverte de guipures, des mantilles entières, d'assez de chasubles pour recouvrir vingt curés... Elle se grandissait à mesure dans les frou-frous et les ajours...
LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 103.
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2.
AJOURÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.
I.— Participe passé de ajourer*
II.— Adjectif. [En parlant d'une matière ou d'un objet fait de cette matière] Percé de jours, c'est-à-dire d'ouvertures, soit dans un but pratique (pour laisser passer la lumière, l'air, etc.), soit par souci esthétique (pour donner au matériau ajouré plus de finesse, de légèreté) :
Ø 1.... les tuyaux et surfaces chauffantes doivent rester apparents; sinon, on les place dans des coffrages facilement démontables, (et) dont les parois métalliques ajourées laissent passer l'air chaud...
LOUIS SER, Traité de physique industrielle, tome 2, 1890, page 2.
Ø 2. Il se munit aussi d'un gril d'airain dont les barreaux courbés profondément formaient une espèce de panier ou un vase ajouré; cet engin qu'il planta à l'avant du bateau reçut plusieurs fagots de baguettes de pin et de ceps enduits de résine.
CHARLES MAURRAS, Le Chemin de Paradis, 1894, page 123.
Ø 3. C'est la nuit qui est continue, où se retrempe l'être,
C'est la nuit qui fait un long tissu continu,
Un tissu continu sans fin où les jours ne sont que des jours.
Ne s'ouvrent que comme des jours.
C'est-à-dire comme des trous, dans une étoffe où il y a des jours.
Dans une étoffe, dans un tissu ajouré.
C'est la nuit qui est ma grande muraille noire
Où les jours ne s'ouvrent que comme des fenêtres
D'une inquiète et d'une vacillante
Et peut-être d'une fausse lumière.
CHARLES PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e. vertu, 1911, page 300.
Ø 4. Le vent grandit, puisque la porte qui ouvre, sur la vigne l'enclos ceint de briques ajourées, se débat faiblement sur ses gonds.
GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 10.
Ø 5. (On nomme) Ventouses (des) Plaques en cuivre ajourées assurant la ventilation constante et obligatoire d'une pièce dans laquelle est installé un brûleur à gaz,...
E. ROBINOT, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment, tome 4, 1928, page 159.
Ø 6. La chaise, d'un style rococo, avait eu jadis des prétentions à l'élégance; mais deux barreaux en manquaient, et le siège, de paille ajourée, était à demi défoncé.
MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 121.
Ø 7. Elle s'étalait, plate, démesurée, toute en pignons et clochers, et dominée de la tour ajourée de sa cathédrale, et de la lourde masse cubique de son gratte-ciel.
MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 76.
— Au figuré, littéraire :
Ø 8. Beaucoup de mal à m'endormir ensuite et pour un sommeil tout ajouré.
ANDRÉ GIDE, Journal, 1912, page 386.
Remarque : Selon la nature de la matière ou du matériau ajouré sont concernés divers arts ou techniques , architecture, broderie, ébénisterie, orfèvrerie, etc.
— HÉRALDIQUE. En général, se dit de toute pièce percée à jour. En particulier \" Se dit d'une ouverture entre quelques pièces percées à jour; chef ajouré dont le haut étant ouvert et échancré laisse voir le fond de l'écu. Se dit aussi des créneaux ou des jours d'un autre émail que le champ, etc. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845).
Remarque : Attesté en outre dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré-Grand Larousse de la Langue française en six volumes, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT), Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT.
III.— Emploi substantivé. Un ajouré Valenciennes :
Ø 9. « Ton père, en fera une maladie! c'est un mouchoir à condition! un « ajouré Valenciennes »! il est aux Gréguès! il est pas à nous! mais pense! si je le lui avais repris, nous la perdions comme cliente!... »
LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 72.
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 62.
Forme dérivée du verbe \"ajourer\"
ajourer
AJOURER, verbe transitif.
BEAUX-ARTS et TECHNIQUES.
A.— [Le sujet désigne une personne, l'objet désigne une matière ou un objet fait de cette matière] Percer d'ouvertures laissant passer la lumière :
Ø 1. Nous entrions, ma mère et moi, dans le baptistère, foulant tous deux les mosaïques de marbre et de verre du pavage, ayant devant nous les larges arcades dont le temps a légèrement infléchi les surfaces évasées et roses, ce qui donne à l'église, là où il a respecté la fraîcheur de ce coloris, l'air d'être construite dans une matière douce et malléable comme la cire de géantes alvéoles; là au contraire où il a racorni la matière et où les artistes l'ont ajourée et rehaussée d'or, d'être la précieuse reliure, en quelque cuir de Cordoue, du colossal Évangile de Venise.
MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, page 646.
Ø 2. L'ornementation [des tables] en est extrêmement fastueuse. Les ceintures sont enrichies de tabliers qui évoquent une pièce d'orfèvrerie coulée au jet et refouillée par une fine ciselure; le bois semble être travaillé comme une matière malléable que l'on peut repercer et ajourer au défi de toute solidité.
JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France, 1962, page 80.
— [Sans sujet-agent exprimé] :
Ø 3.... les versoirs peuvent être aussi à claire-voie, leur surface étant ajourée de « lumières ».
TONY BALLU, Machines agricoles, 1933.
B.— [Le sujet est un inanimé]
1. Constituer les éléments d'un ajour :
Ø 4.... la haie formait comme une suite de chapelles qui disparaissaient sous la jonchée de leurs fleurs amoncelées en reposoir; au-dessous d'elles, le soleil posait à terre un quadrillage de clarté, comme s'il venait de traverser une verrière; leur parfum s'étendait aussi onctueux, aussi délimité en sa forme que si j'eusse été devant l'autel de la vierge, et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d'un air distrait son étincelant bouquet d'étamines, fines et rayonnantes nervures de style flamboyant comme celles qui à l'église ajouraient la rampe du jubé ou les meneaux du vitrail et qui s'épanouissaient en blanche chair de fleur de fraisier.
MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, page 137.
2. Laisser passer le jour à travers une surface ou un volume évidé :
Ø 5. Dans ce territoire réservé du satanisme, elle [l'église] émergeait, délicate et petite, frileusement emmitouflée dans les guenilles des cabarets et des taudis; et, de loin, elle dressait encore, au-dessus des toits, son clocher frêle, pareil à une aiguille piquée la pointe en bas et ajourant en l'air son chas au travers duquel on apercevait, surplombant une sorte d'enclume, une minuscule cloche.
GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, pages 55-56.
Remarque : \" Sur le modèle de mur : emmurer, on a fait tour : entourer et jour : ajourer (dans « un travail ajouré »); ces dérivés, relativement récents, nous apparaissent comme des créations. Mais si je remarque qu'à une époque antérieure on possédait entorner et ajorner, construits sur Torn et Jorn, devrai-je changer d'opinion et déclarer que entourer et ajourer sont des modifications de ces mots plus anciens? \" (FERDINAND DE SAUSSURE, Cours de linguistique générale, 1916, pages 225-226).
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3.
Liens utiles
- DIGEST, substantif masculin.
- ACOTA, substantif masculin.
- ALBUM, substantif masculin.
- AISEMENT, substantif masculin.
- ACIDIMÈTRE, substantif masculin.