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AHEURTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 17/10/2015

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AHEURTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de aheurter* 

II.—  Adjectif, rare, littéraire. 

A.—  Vieilli.  Attaché opiniâtrement à. Homme aheurté, femme aheurtée. Esprit aheurté, imagination aheurtée. Tête aheurtée (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). Synonymes : buté, entêté, obstiné :  

Ø 1.... il [M. de Montlosier] fait de la polémique à tue-tête contre les Jésuites. Il est âpre à la joute, aheurté à ses idées; il est érudit, il est mystique par un coin; et, à quatre-vingts ans passés, le voilà debout, frais, sain et ferme, même agréable sous ses cheveux blancs.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 58. 

Ø 2. Ce qui m'attachait à lui [Gide] plus encore que ses dons était une fidélité presque fanatique à l'idée qu'il se formait du vrai. L'antiquité même ne produisit jamais d'homme plus solidement aheurté à son sens, quand il croyait avoir raison, et c'est à un vieux Romain qu'il me faisait songer quelquefois.

JULIEN GREEN, Journal,  1950-1954, page 76. 

Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1835, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Larousse du xxe. siècle en six volumes, Grand Larousse de la Langue française. 

B.—  Qui se heurte contre un obstacle, une difficulté, etc. : 

Ø 3. Aheurté. participe et adjectif —  Qui se heurte à...... Soudainement apparues, aheurtées en des chocs aux répercussions radiantes. (F. Fénéon).

Petit glossaire pour servir à l'intelligence des auteurs décadents et symbolistes (JACQUES PLOWERT)  1888. 

Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ), Larousse du xxe. siècle en six volumes, Grand Larousse de la Langue française. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2. 

 

Forme dérivée du verbe \"aheurter\"

 aheurter

AHEURTER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif, rare, vieilli, littéraire. 

A.—  Aheurter quelqu'un. \" Obstiner [contrecarrer] quelqu'un, exciter son humeur. Il ne faut pas trop l'aheurter. Si vous l'aheurtez davantage, il finira par éclater. Il est familier et de peu d'usage. \" (Dictionnaire de l'Académie Française). 

Remarque : Absent des édition ultérieures du dictionnaire de l'Académie française; attesté encore dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 (aheurter quelqu'un par des discours, avec des réponses à un paradoxe, etc.). 

B.—  Figuré. Être aheurté à quelqu'un ou à quelque chose. 

1. Être arrêté par quelqu'un ou par quelque chose. 

Remarque : Attesté dans Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter) sans autre indication et dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT) avec la notation vieilli, qui citent tous 2 la même attestation de cet emploi au figuré :  \" ... il y a des obscurités [dans le Christianisme] . Et sans cela on ne seroit pas aheurté à Jésus-Christophe \" (PASCAL, Pensées, 1662). 

2. Être en conflit (moral) : 

Ø 1. Ces deux êtres également admirables sous plus d'un rapport, également maladroits au bonheur conjugal, également incompréhensifs, aussi peu faits que possible pour s'accorder, sont restés toute leur vie déplorablement aheurtés l'un à l'autre (avec une sorte de réconciliation résignée, pathétique, l'avant-veille de la mort de ma tante). Ces deux époux, profondément malheureux l'un par l'autre, sont toujours restés parfaitement fidèles l'un à l'autre, et m'ont permis de comprendre que les pires drames conjugaux ne sont peut-être pas ceux de la jalousie.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1932, page 1102. 

II.—  Emploi pronominal, vieilli, littéraire. 

A.—  S'obstiner, s'attacher opiniâtrement à quelque chose. S'aheurter à un sentiment, à une opinion (Dictionnaire de l'Académie Française). Synonymes : s'entêter, s'opiniâtrer : \", 

Ø 2. Où est la raison que les guerres finissent? Pourquoi la paix reviendrait-elle de notre vivant? Mais il y a des pensées auxquelles nous devons tous nous aheurter si nous ne voulons pas tomber dans le plus horrible désespoir : l'Allemagne ne peut s'arrêter de vaincre, si elle veut vivre.

JULIEN GREEN, Journal,  1941, pages 107-108. 

1. S'aheurter à + infinitif : 

Ø 3. Pourquoi toujours des vers? écrivez donc en prose,

Me disent souvent ceux avec qui je cause.

Ne vous aheurtez pas à tenir ce pari.

AMÉDÉE POMMIER, Crâneries et dettes de coeur,  1842, page 5. 

2. S'aheurter sur quelque chose : 

Ø 4. « M. Arnauld, disait Bossuet dans sa vieillesse et parlant loin du public, M. Arnauld avec ses grands talents était inexcusable d'avoir tourné toutes ses études, au fond, pour persuader le monde que la doctrine de Jansénius n'avait pas été condamnée. » Car c'est en effet sur ce point particulier et tout personnel que s'aheurta en définitive je ne dirai pas cette belle intelligence, mais bien ce vigoureux entendement d'Arnauld.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 68. 

3. Emploi absolu : 

Ø 5. Voilà pourquoi ce qui subjugue et illumine les uns est aussi ce qui endurcit et aveugle les autres. Signum contradictionis. Il s'y rencontre un tel mélange des contraires, que les malintentionnés y trouvent toujours de quoi s'aheurter, les fidèles, de quoi se conduire et s'éclairer.

MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie,  1893, page 396. 

Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Larousse du xxe. siècle en six volumes, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT), Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, Grand Larousse de la Langue française en six volumes (avec la notation classique). 

B.—  Plus fréquent.  Se heurter à ou contre quelque chose, s'arrêter devant un obstacle, une difficulté. S'aheurter à un obstacle (Dictionnaire de l'Académie Française). S'aheurter à des difficultés imaginaires (Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965) : 

Ø 6. Il [Pascal] va se heurter par moments, s'aheurter (c'est son mot) aux écueils qu'il est plus sage à la raison, et même à la foi, de tourner que de découvrir et de dénoncer à nu...

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 5, 1851-1862, page 534. 

Ø 7. La raison et la foi, c'est la double barrière contre laquelle on voit de siècle en siècle venir s'aheurter les esprits superbes et égarés. (Mgrec F.A.P. Dupanloup).

Larousse du 19e.  siècle,  1866. 

Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré, Larousse du xxe. siècle en six volumes, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes (avec la notation langue classique), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, Grand Larousse de la Langue française en six volumes (avec la notation classique et littéraire). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3. 

 

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