affranchi, ie adj.

affranchi, ie adj. 1. Rendu libre, indépendant. Subst. Un affranchi: un esclave affranchi. V. Encycl. / Fig. Libéré moralement, intellectuellement (des pressions, des préjugés). Une femme affranchie, émancipée. 2. Pop. Informé. / Arg. et subst. Personne qui vit en marge de la morale ou de la loi. Encycl. - HIST. Affranchi. Dans l'Antiquité, à Athènes, l'esclave accède à la liberté par une décision de son maître, exprimée par testament, par rachat de son indépendance avec son argent propre ou celui d'autrui, ou par décision de l'État, en récompense de services éminents ou pour faire de lui un soldat. Assimilé au métèque, l'affranchi ne jouit d'aucun droit politique, ne peut ni posséder le sol ni tester, et doit avoir un patron, généralement son ancien maître. À Rome, l'affranchissement (manumissio) se réalise par le mode légal, de trois façons: a) per vindictam, sorte de procès où un magistrat, sur la demande du maître, accomplit avec une baguette des gestes consacrant le passage de l'esclave à la liberté; b) per censum, l'esclave, sur ordre de son maître, se faisant inscrire au moment du cens* parmi les citoyens et accèdant immédiatement à la liberté; c) per testamentum, le maître inscrivant son esclave comme héritier de ses biens ou tuteur de ses enfants. Il existe aussi un affranchissement par mode privé: le maître déclare devant cinq témoins affranchir son esclave ou consigne simplement sa décision dans une lettre contresignée par cinq témoins. L'affranchi (libertinus) reste le client forcé de son maître, auquel il doit la déférence et la soumission (reverentia et obsequium); il prend son nom et aussi sa condition légale (il devient citoyen si son patron l'est), et s'engage à lui donner une partie de son travail. Son droit de cité est limité: restriction complète ou partielle des droits de suffrage, d'honneurs, de milice et de mariage. Vers la fin de la république, l'afflux d'esclaves dû aux guerres contre les Barbares aura pour suite l'accroissement considérable de la population affranchie avec des risques de perturbation de l'ordre socio-politique: les affranchis forment alors à peu près la moitié de la population de Capoue. Sous le règne d'Auguste et de Tibère, des législations visant à limiter la liberté d'affranchir créeront des catégories d'affranchis: a) les affranchis «citoyens» dépendant d'un patron et dont le statut, d'abord perpétuel, sera limité à la seconde, puis à la première génération; b) les affranchis «latins juniens» qui ne peuvent ni hériter ni tester; c) les affranchis «déditices», exclus de la cité. Mais, sous Justinien, les diverses catégories d'affranchis seront supprimées; tous accéderont à la citoyenneté. Dans la vie économique, le rôle des affranchis était capital. Ils s'orientaient vers les carrières de la bureaucratie, se livraient aux activités agricoles, commerciales, industrielles, aux spéculations financières. Certains acquirent une influence politique et une richesse exceptionnelle. D'autres se consacrèrent à la littérature (Livius Andronicus, Statilius, Térence, Phèdre, Épictète). Dans le monde musulman, l'affranchissement intervient sur décision du maître, qui vise, parfois, à satisfaire à une obligation religieuse (aumônes légales, expiations de certains actes délictueux). L'autorité judiciaire peut aussi l'imposer comme sanction à l'encontre du maître coupable de châtiments excessifs contre son esclave.