ACCESSIBILITÉ, substantif féminin.

ACCESSIBILITÉ, substantif féminin.  

Propriété, qualité de ce qui est accessible. 

I.—  [Avec le plus souvent un complément introduit par la préposition de indiquant le lieu, la personne, la chose accessible] 

A.—   [En parlant d'un lieu] :

Ø 1.... Cet emplacement, l'automobile n'en faisait pas, comme jadis le chemin de fer, quand j'étais venu de Paris à Balbec, un but soustrait aux contingences de la vie ordinaire, presque idéal au départ et qui, le restant à l'arrivée, à l'arrivée dans cette grande demeure où n'habite personne et qui porte seulement le nom de la ville, la gare, a l'air d'en promettre enfin l'accessibilité, comme elle en serait la matérialisation. Non, l'automobile ne nous menait pas ainsi féeriquement dans une ville...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1005. 

B.—  Au figuré. 

1.  [En parlant d'une personne] 

—  Spécialement.  THÉOLOGIE: 

Ø 2.... dans ce qui s'écrit sur la religion maintenant, de quoi est-il question? De la présence réelle? En aucune façon. De la fréquente communion? Nullement. De la lumière du Thabor, de l'Immaculée Conception, de l'accessibilité, de la consubstantialité du Père et du Fils? Aussi peu. De quoi donc s'agit-il? Du revenu des prêtres,...

PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du \"Censeur\", 1819-1820, page 28. 

Remarque : Accessible a ici la signification théologique qui lui fut attribuée à l'origine par les auteurs latin chrétiens parlant du Christ rendu accessible à l'homme par l'Incarnation, contrairement au Père invisible et inaccessible (confer étymologie-historique). 

2. [En parlant d'une valeur ou d'une fonction, d'un emploi] :

Ø 3. Rien de son temps ne le troublait, rien ne le touchait, rien ne l'avertissait, ni les doctrines nouvelles, la religion de la prose, l'idolâtrie de la platitude, ni les émeutes contre la forme aristocratique de la pensée, contre l'idiome hiératique et sacré des lettrés et des délicats, ni ces utopies furieuses de vulgarisation et d'accessibilité du beau qui font l'industrie dans l'art, ni le livre descendant au lecteur, et la coupe étroite des hôtes choisis devenue la fontaine de vin de la place publique.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly,  1860, page 127. 

Ø 4. L'accessibilité des emplois publics à tous ceux qui sont capables de les remplir.

Dictionnaire de l'Académie française.  1878. 

Ø 5.... la réussite de l'effort ne dépend pas que du sujet qui peine, elle dépend aussi de l'accessibilité de son objet. Il ne suffit pas d'essayer pour réussir. Pourtant, une tentative qui s'arrête en route n'est pas une tentative vaine; elle manque son objet, cela ne prouve pas qu'elle soit sans objet.

ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 2, 1932, page 55. 

II.—  [Avec un premier complément introduit par la préposition de pour indiquer la personne qui peut avoir accès, et un deuxième complément introduit par la préposition à, indiquant la chose à laquelle elle peut avoir accès] :

Ø 6. On vit travailler pendant quinze ans, en pleine paix, en pleine place publique, ces grands principes, si vieux pour le penseur, si nouveaux pour l'homme d'état : l'égalité devant la loi, la liberté de la conscience, la liberté de la parole, la liberté de la presse, l'accessibilité de toutes les aptitudes à toutes les fonctions.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 7. 

Remarque : 1. Dans l'exemple 6, aptitudes est l'équivalent métonymique de personnes aptes. 2. La construction I transpose une phrase du type : [il (elle) est accessible] ; la construction II une phrase du type : [telle personne peut avoir accès à] ; dans la construction II généralement évitée à cause de sa gaucherie, de pourrait être remplacé par la préposition pour. Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932 ne connaît que la construction II réduite au 2e.  complément : L'accessibilité aux emplois publics. 3. Le mot est relativement rare dans la langue écrite; il fait partie de ces mots abstraits créés dans l'instant au hasard des besoins d'un discours très intellectualisé. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6.