ABSORBÉ, ÉE
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
ABSORBÉ, ÉE, p. p. d'absorber.
♦ Poison absorbé.
♦ Biens absorbés par les procès.
♦ Absorbé par les affaires. Absorbé dans ses réflexions.
♦ Absol. Qui ne prête pas attention aux choses du dehors.
«
Macquart, succombe à l'alcoolisme de ses ancêtres, malgré sa volonté de s'en sortir et son caractère travailleur;dans La Bête humaine, Jacques Lantier, fils de Gervaise, succombe « cette fêlure héréditaire » qu'il tient de lafamille et qui fera de lui un meurtrier:[...] c'était, dans son être, de subites pertes d'équilibre, comme des cassures, des trous par lesquels son moi luiéchappait, au milieu d'une sorte de grande fumée qui déformait tout...La critique sociale et politique.
Au-delà des particularités physiques et même pathologiques de l'individu, Zola étudiela diversité des milieux sociaux, non pas seulement comme des révélateurs de l'hérédité, mais aussi pour eux-même.Originaires de Plassans, petite ville de Provence, les Rougon-Macquart essaiment ainsi dans toute la France ettoutes les caté-gories sociales, en particulier:— le peuple (L'Assommoir, 1877; Germinal, 1885 ; La Bête humaine, 1890) ;— la petite bourgeoisie (Pot-Bouille, 1882) ;— les paysans (La Terre, 1887) ;— le clergé (La Concquête de Plassans, 1874; La Faute de l'abbé Mouret, 1875) ;— la bourgeoisie d'affaire (La Curée, 1872; L'Argent, 1891) ;— les commerçants (Le Ventre de Paris, 1873; Au bonheur des Dames, 1883) ;— le monde de la politique (Son Excellence Eugène Rougon, 1876) ;— l'univers de la haute prostitution (Nana, 1880).Cette exploration est l'occasion, pour le romancier, de mettre en scène les revendications sociales et les scandalesde l'époque: détournement du système électoral et des rouages économiques, corruption, misère.
De cette manière,Zola entend jouer un rôle dans la transformation de la société vers « un état social meilleur » :Quand une société se putréfie, écrit-il dans ses Notes générales sur la marche de l'oeuvre, quand la machine sedétraque, le rôle de l'observateur et du penseur est de noter chaque plaie nouvelle, chaque secousse inattendue[...]
Nous vivons sur les ruines d'un monde.
Notre devoir est d'étudier ces ruines, de les étudier avec franchise,sans peur ni mensonge, pour en tirer les éléments du monde futur.
La science nous guide.
Clairvoyance et foi dans la vie.
Dans ses romans, Zola exprime à la fois sa conviction que l'homme n'est pas libre, que l'hérédité est une sorte de malédiction à laquelle il ne peut échapper, et une confiance optimiste dans la vie etdans la capacité de l'espèce humaine à se libérer de ce qui l'opprime.
Cette tension du naturalisme entre deux pôles,l'un négatif, l'autre positif, donne à l'oeuvre un grand dynamisme.
Elle est particulièrement sensible dans le dernierroman du cycle, Le Docteur Pascal, Zola écrit d'ailleurs, dans son dossier préparatoire au roman :
Je voudrais, avec Le Docteur Pascal, résumer toute la signification philosophique de la série.
Je crois y avoir mis, malgré le noir pessimisme qui s'y trouve, un grand amour de la vie, en en exaltant continuellement lesforces.
J'ai aimé la vie, j'en ai montré l'effort continu avec passion, malgré tout le mal, malgré l'écœurementqu'elle peut contenir.
Et c'est de cela que je voudrais tirer peut-être cette conclusion : je ne me suis pas plu àces tableaux, je ne les ai pas étalés avec perversion, mais pour montrer bravement ce qui est, pour arriver àdire que malgré tout la vie est grande et bonne, puisqu'on la vit avec tant d'acharnement.
L'écriture romanesque de Zola
Dès 1869, dans ses Notes préparatoires aux Rougon-Macquart, Zola réfléchit à la technique littéraire qu'il entend utiliser dans son oeuvre.
Il voudrait écrire « des livres excessifs », dont le style, tel un « torrent grondant, mais large », puisse se graver dans toutes les mémoires ; dans chaque roman, il compte créer peu de personnages vraiment individualisés : « deux, trois figures principales, profondément creusées ».
La technique du point de vue.
Il est rare que le narrateur zolien donne une vue d'ensemble de l'histoire ou du décor, comme on en trouve par exemple chez Balzac : il adopte pour son récit le point de vue limité d'un ouplusieurs personnages.
L'un d'eux est souvent un nouvel arrivé dans le milieu social qui sert de cadre au roman ; ildécouvre alors celui-ci progressivement, en même temps que le lecteur : par exemple, Étienne Lantier dansGerminal, Denise dans Au bonheur des Dames, Florent dans Le Ventre de Paris découvrent respectivement la mine, le monde des grands magasins, ou celui du marché géant des Halles à Paris.
Individus et foules.
Le détenteur du point de vue n'est pas toujours un personnage unique.
Parfois, la situation est perçue à travers le regard de plusieurs personnages, lorsque, par exemple, une même réplique est faite de membresde phrases prononcés par plusieurs personnes.
À travers cette parole éclatée, qui semble émaner du groupe,l'individu, souvent représentatif de tout un groupe social, peut alors se fondre en lui.
Ce va-et-vient du point de vueindividuel à celui de la foule permet à Zola de proposer un champ de description plus étendu que celui deMaupassant, lequel se tient en général à un seul point de vue et omet ce qui échappe à la perception de sonpersonnage témoin.
Le style indirect libre.
Pour donner à la narration son caractère subjectif, l'auteur utilise volontiers le style indirect libre.
Dans L'Assommoir, par exemple, le style indirect libre est de plus en plus fréquent à mesure que progresse le récit.
En outre, il ne se limite plus à rapporter les paroles des personnages, mais exprime leurs réflexions intérieures.Dans le chapitre XII, il devient dominant au point d'inclure l'errance de Gervaise dans le flux des pensées parlesquelles elle rumine ses griefs et ses nostalgies : on peut considérer cette forme d'écriture comme une premièreébauche de ce qui deviendra, chez les romanciers du XXe siècle comme James Joyce ou Virginia Woolf, le monologueintérieur..
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- Rien ne semble plus faux que la maxime socratique : « Connais-toi toi-même. » C'est absurde, on ne se connaît pas soi-même, parce que le fond de soi-même n'est rien, c'est le néant. Le vrai moyen de se connaître serait plutôt : « Oublie-toi. Oublie-toi pour être absorbé dans le spectacle qui s'offre à toi. » (P. CLAUDEL, N.R.F., juin 1953.). Appréciez la valeur littéraire de ces deux attitudes en face de l'homme et du monde. ?
- ABSORBÉ, -ÉE, participe passé et adjectif. Définition.