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ABOUCHER, verbe transitif.

Publié le 27/09/2015

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ABOUCHER, verbe transitif.  

I.—  Forme active.  [Le sujet ou l'agent est toujours un animé ou une partie d'animé par nature ou par personnification (confer exemple 4)] 

A.—  Aboucher quelqu'un ou quelque chose. 

1. [Le complément d'objet direct est un animé ou une entité qui concerne un animé]  Mettre en rapport, en communication verbale, étroite, directe, comme bouche contre bouche : 

Ø 1.... prenez tout de suite rendez-vous avec lui; je m'en vais vous aboucher sur-le-champ.

PROSPER MÉRIMÉE, Chronique du temps de Charles IX,  1829, page 92. 

Ø 2. Il ne s'agissait plus que de trouver un trait d'union convenable pour aboucher ces deux fantaisies qui venaient de se réveiller si vivaces.

Tout en marchant, Musette regardait Marcel, et Marcel regardait Musette.

HENRI MURGER, Scènes de la vie de Bohème,  1851, page 177. 

2. [Le complément d'objet direct est un inanimé]  Mettre en communication étroite, comme bouche contre bouche : 

Ø 3. Le jeune homme s'écarta brusquement de cette grotte à clochards pour regagner les lumières, dépassant le grand magasin citrons-primeurs, pour gagner le carrefour qui abouche la rue des halles, la rue du Pont-Neuf et la rue Berger.

LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers,  1936, page 320. 

Remarque : Abouche dans l'exemple 3 fonctionne comme l'antonyme de débouche, le 1er.  va du plus large au plus étroit, le 2e.  du plus étroit au plus large. 

—  MEDECINE : 

Ø 4. On abouche les lèvres vésicales et cutanées de l'incision...

DOCTEUR LUCIEN HUDELO (Fernand Widal, Pierre-Jean Teissier, Georges-Henri Roger, Nouveau traité de médecine,  1920-24, fascicule 1, page 526 ). 

3. Dialectal. —  [L'objet désigne une personne]  Coucher bouche contre terre : 

Ø 5. Quand vous retirez de l'eau un noyé, ne l'abouchez pas.

JEAN HUMBERT, Nouveau glossaire genevois,  1852, page 3. 

—   [L'objet désigne un vase] :

Ø 6. V. a. Mettre sur la bouche, mettre sur l'ouverture, mettre à bouchon, tourner en sens contraire. Aboucher un pot, aboucher une seille pour l'égoutter.

JEAN HUMBERT, Nouveau glossaire genevois,  1852, page 3. 

B.—  Aboucher quelqu'un ou quelque chose avec.  [Le complément est un animé ou une partie d'animé]  Mettre en rapport, en communication verbale étroite avec : 

Ø 7. Gavard, à partir de ce jour, fut persuadé qu'il faisait partie d'une société secrète et qu'il conspirait. Le cercle ne s'étendit pas, mais Logre promit de l'aboucher avec d'autres réunions qu'il connaissait.

ÉMILE ZOLA, Le Ventre de Paris,  1873, page 746. 

—  MEDECINE : 

Ø 8. Ortègue aussi, je l'aurais opéré. Je vous l'ai dit souvent, et j'avais raison. Je lui aurais abouché sa vésicule biliaire avec une anse intestinale.

PAUL BOURGET, Le Sens de la mort,  1915, page 295. 

C.—  Aboucher quelqu'un ou quelque chose à..  Mettre en communication, faire adhérer étroitement. 

—   Par la bouche : 

Ø 9. Les enfants en travers sur elle étaient couchés,

Leurs visages charmants à son corps abouchés :

On eût dit, à la fin d'une longue journée,

Aux cris de ses enfants la mère retournée,

En leur donnant le sein surprise de sommeil,

Et dormant avec eux seule et nue au soleil!

ALPHONSE DE LAMARTINE, La Chute d'un ange,  1838, page 1077. 

—  Au figuré : 

Ø 10. Et dans une suprême exhalation, l'esprit d'adoption abouche au père toute l'humanité et toute la création. Nos noms, en tant que chrétiens, sont désormais inclus dans le sien. Sois ressouvenant, seigneur, dit le psaume LXXXVIII, 51, de cet opprobre que j'ai contenu dans mon sein, que j'ai comme absorbé en moi, de peuples innombrables.

PAUL CLAUDEL, Un poète regarde la croix,  1938, page 168. 

II.—  Forme pronominale. 

A.—  S'aboucher avec quelqu'un ou quelque chose.  Se mettre ou être en rapport, en communication étroite avec. 

1. MÉDECINE.   [Le sujet et le complément désignent des inanimés ou des parties d'animés] :

Ø 11.... pour peu que les circonstances favorisent leur coalition [des viscères] réciproque, bientôt les nerfs et les vaisseaux des derniers s'étendent et s'abouchent avec des nerfs et des vaisseaux correspondants, dont l'oeil peut suivre la formation accidentelle dans cette espèce d'enduit organisé dont ils sont recouverts.

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 2, 1808, page 327. 

2. Stylistiquement neutre et plus généralement.  [Le sujet et le complément désignent des animés]  Entrer en communication verbale, notamment pour traiter une affaire : 

Ø 12. On manquait de tissus là-bas, tout était confisqué pour l'armée. Et des débrouillards, profitant de ce qu'ils faisaient la guerre en France occupée, s'abouchaient avec certains trafiquants et expédiaient tout ce qu'ils trouvaient pour le compte des grands magasins allemands.

MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Invasion 14,  1935, page 149. 

Ø 13. Il s'aboucha avec un fabricant local, qui accepta de sous-traiter pour les dix-sept mille paires, en laissant à Haverkamp un bénéfice de 1 francs 75 par paire.

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 168. 

Remarque : Il est dans la nature même du verbe de s'entourer d'un contexte péjoratif Cette prédisposition est évidente dans les exemples 12, 13, 15. 

B.—  S'aboucher à quelque chose.  [Le sujet et le complément sont des inanimés]  Être en communication étroite avec quelque chose par son orifice : 

Ø 14. Je suis monté jusque-là, plus haut, jusqu'au point où la conduite s'abouche au lac, à 15 mètres au-dessous. Il y a là un val délicieux, comme une conque.

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 1, 1925, page 189. 

C.—  Emploi absolu, rare. S'aboucher..  Se mettre en communication avec des gens : 

Ø 15. Il est le visiteur oblique et louche

Qui, de ferme en ferme, s'abouche, 

Quand la détresse et la ruine Ronflent en tempêtes sur les chaumines.

ÉMILE VERHAEREN, Les Campagnes hallucinées,  1893, page 24. 

—  Emplois techniques.  [Le sujet est un animé ou une partie d'animé]  Être en contact étroit. 

·    ANATOMIE : 

Ø 16. Enfin, les parties complètement organisées, mises en contact, sans qu'un épiderme épais, ou des humeurs aqueuses empêchent leur réunion, se collent, comme les arbres dans la greffe en approche : leurs nerfs et leurs vaisseaux respectifs s'abouchant et s'allongeant de l'une à l'autre, y pénètrent par une vive impulsion; de sorte qu'elles ne forment plus qu'une seule partie, vivent d'une vie commune;...

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 2, 1808, page 327. 

·    ZOOLOGIE : 

Ø 17.... les deux individus s'accolent de manière que les deux coquilles s'abouchent étroitement...

EDMOND PERRIER, Traité de zoologie, tome 2, 1893, page 420. 

—  Dialectal.  [Le sujet est un animé]  Se reposer, la bouche sur le lit ou la litière : 

Ø 18. Verbe pronominal. Se dit des personnes et de certains animaux. Un tel ne dort jamais sur le dos : il s'abouche. Quand vous retirez de l'eau un noyé, ne l'abouchez pas. En parlant d'un cheval, s'aboucher signifie : Tomber sur les genoux.

JEAN HUMBERT, Nouveau glossaire genevois,  1852, page 3. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 87. 

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