ABORDER, verbe transitif.

ABORDER, verbe transitif.  

[Le sujet est un navire, ou (par analogie avec le langage de la navigation) un véhicule, ou une personne se trouvant à bord d'un navire, sur un véhicule.]  Achever un mouvement d'approche vers quelque chose ou quelqu'un. 

A.—  Emploi transitif. 

1. [Le complément est un inanimé.] 

a) Au propre.  Atteindre un lieu ou un mobile (avec parfois une idée d'hostilité). 

—   Atteindre (un rivage) : 

Ø 1. Des brumes presque éternelles enveloppent les côtes de la baie de Monterey, ce qui en rend l'approche assez difficile; sans cette circonstance, il y en aurait peu de plus faciles à aborder aucune roche cachée sous l'eau ne s'étend à une encablure du rivage; et si la brume est trop épaisse, on a la ressource d'y mouiller,...

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 2, 1797, page 248. 

Ø 2.... j'avais été chercher mon fusil à deux coups, afin que, si quelque naufragé était tenté d'aborder les rochers à la nage, pour échapper à une mort imminente, une balle sur l'épaule lui fracassât le bras, et l'empêchât d'accomplir son dessein.

ISODORE DUCASSE, DIT COMTE DE LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror,  1869, page 207. 

Ø 3. Quand le radeau heurta le nouvel embarcadère ce fut comme si, toutes amarres rompues, ils abordaient une île dans les ténèbres, après des jours de navigation effrayée.

ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume,  1957, page 1658. 

Remarque : Exemple 2 : le sujet est une personne se déplaçant sur l'eau à la nage. 

—   Atteindre (un vaisseau) : 

Ø 4.... l'empereur, entouré de ses officiers, aborda le Bellérophon; je me trouvai à l'échelle du vaisseau pour lui nommer le capitaine Maitland, auquel il dit : « Je viens à votre bord me mettre sous la protection des lois d'Angleterre ».

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 27. 

Remarque : Sur le sujet, confer exemple 2. 

—  Par analogie : 

Ø 5.... la machine et son tender avaient abordé le fourgon de tête, d'un choc sourd, et l'on vit le chef d'équipe serrer lui-même la vis de la barre d'attelage.

ÉMILE ZOLA, La Bête humaine,  1890, page 16. 

—   Heurter (un navire) pour l'attaquer : 

Ø 6. Quand le beau temps reparut, une voile se montra à l'horizon. C'était un pirate colombien qui arrivait après la tempête, en véritable oiseau de proie des mers. Le pauvre navire désemparé essaya vainement de fuir. Le pirate était fin voilier; il aborda le navire, le pistolet au poing, s'en empara, jeta l'équipage à la mer,...

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, Le Club des valets de coeur, tome 3, 1859, page 32. 

—   S'approcher (d'un système défensif terrien pour l'attaquer) : 

Ø 7. La barricade fut dix fois abordée, assaillie, escaladée, et jamais prise.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 492. 

Ø 8. Les alliés avaient maintenant à aborder le redoutable système défensif que l'adversaire avait érigé, au cours de l'hiver de 1916-1917, sur le front Cambrai-Saint-Quentin-La-Fère-Saint-Gobain. (...). Pour chasser l'ennemi de cet ensemble fortifié, pour briser cet obstacle, il était nécessaire de l'attaquer en poursuivant et soutenant les attaques de nos armées déjà victorieuses.

MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 2, 1929, page 206. 

Par extension.  S'approcher d' (un lieu) : 

Ø 9. Cook représente les îles les plus australes de la mer du sud couvertes d'éclats de roches en si grand nombre, qu'on ne peut aborder le pied de leurs montagnes, ni gravir sur leurs flancs, sans risquer de se rompre le cou.

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature,  1814, page 173. 

Ø 10. À peine arrivé à Aix, je suis allé à la chapelle. Si l'on aborde l'église par la façade, voici comment elle se présente :...

VICTOR HUGO, Le Rhin, Lettres à un ami,  1842, page 67. 

Ø 11.... la plante s'enfonce. Elle aborde la seconde assise du sol. Elle y rencontre des calcaires, des phosphates, des silicates, du fer :...

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de Raison, tome 2, 1928, page 195. 

—  CHIRURGIE.  Pratiquer une voie d'abord (vers un organe) : 

Ø 12. C'est bien là la plus hardie des entreprises humaines, —  une pénétration et une modification immédiate des tissus de notre corps, —  qui ne se refuse point désormais à toucher aux plus nobles d'entre eux, aux plus susceptibles, —  qui ne craint d'aborder par le fer ni le cerveau, ni le coeur, ni l'aorte; c'est-à-dire, des organes dont le temps est si précieux qu'une fraction de minute perdue par eux peut entraîner la perte brusque de tout l'être.

PAUL VALÉRY, Variété V,  1944, page 46. 

b) Au figuré.  Commencer à s'occuper de (toute activité physique ou intellectuelle comportant une suite) : 

Ø 13.... car tu n'abordes pas les sujets de conversation aussi spontanément qu'autrefois les Autrichiens.

EUGÈNE SCRIBE, A.-F. VARNER, Le Mariage de raison,  1826, I, 7, page 389. 

Ø 14. Suivant ce que l'on veut faire, on aborde directement le cuivre, ou bien, dans le cas d'un dessin à interpréter dans les mêmes dimensions, on se sert du calque;...

MAXIME LALANNE, Traité de la gravure à l'eau forte,  1866, page 23. 

Ø 15.... la qualité toujours rare et neuve de ce qu'il écrivait se traduisait dans sa conversation par une façon si subtile d'aborder une question, en négligeant tous ses aspects déjà connus, qu'il avait l'air de la prendre par un petit côté, d'être dans le faux, de faire du paradoxe,...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 551. 

Ø 16. J'ai reçu votre lettre. Elle m'a un peu surpris. Mais, avant d'aborder le fond, comme on dit au palais, je voudrais faire une remarque.

HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien,  1937, page 1247. 

—   S'approcher, s'occuper de quelque chose de difficile : 

Ø 17. Il se prépara donc encore une fois à tourner la vérité, au lieu de l'aborder de front.

JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière,  1848, page 263. 

Ø 18. Marie, très modeste, dans une simple robe de laine sombre, causa de son mari qui, la veille, était rentré enrhumé, et du prix de la viande, qu'on ne pourrait plus aborder bientôt.

ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille,  1882, page 77. 

Ø 19.... les modérés s'efforcent de faire oublier par des concessions et des bravades sociales leur impuissance à aborder le problème de l'État. Comme si ce problème premier ne devait pas être résolu avant tous, afin d'aborder les difficultés sociales dans de bonnes conditions et pour garder quelque chance de le résoudre!

CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, Épilogue, 1914, page 235. 

Ø 20. «... vous mourrez plus tard si vous ne mourez pas aujourd'hui. La même question se posera alors. Comment aborderez-vous cette terrible épreuve? » J'ai répondu que je l'aborderais exactement comme je l'abordais en ce moment.

ALBERT CAMUS, L'Étranger,  1942, page 1206. 

Ø 21. Quand Joseph doublait une voiture puissante, quand il prenait, à la corde, dans le ruisseau, un tournant difficile, ou quand il abordait à grande allure une rampe longue et sinueuse, Joseph serrait un peu les dents et il se donnait alors toutes les illusions subjectives de l'héroïsme et de la virtuosité.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 31. 

Remarque : Dans l'exemple 21, le verbe a une valeur technique (langage de l'automobile). 

c) Emploi pronominal.  [En parlant d'une embarcation]  Se heurter volontairement ou accidentellement : 

Ø 22.... Et vous ne craignez pas, mes amis, cependant,

Que ces frêles esquifs, l'un l'autre s'abordant, 

Se submergent sous l'onde, ou que leurs blanches ailes,

Se froissant dans leur vol, se déchirent entre elles,...

ALPHONSE DE LAMARTINE, Jocelyn,  1836, page 759. 

Ø 23.... la bataille navale s'engagea. Sur les deux escadres la huée ne cessait pas. Chacun cédait à son tour. Souvent elles se rapprochaient et se lançaient du feu grégeois; des incendies s'allumaient sur le pont et, quand deux bateaux s'abordaient, les coups pleuvaient des deux côtés.

RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades,  1939, page 263. 

2. [Le complément est un animé]  S'approcher de (quelqu'un). 

a) Avec des intentions hostiles, attaquer : 

Ø 24. C'est à cette bataille que la 57e.  mérita le nom de terrible. Seule elle aborda la ligne autrichienne à la baïonnette et renversa tout ce qui voulut résister.

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 565. 

b) S'approcher (de quelqu'un) pour lui parler, entrer en relation avec lui : 

Ø 25. La troisième espèce est, de beaucoup, la plus nombreuse : vous reconnaissez les gens dont elle se compose, à leurs prévenances, à leurs civilités obséquieuses, à l'empressement qu'ils mettent à vous apprendre la nouvelle du jour, à vous arracher une réponse insignifiante qui leur donne le prétexte de lier conversation aujourd'hui, et de vous aborder le lendemain comme une ancienne connaissance.

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin ou Observations sur les moeurs et les usages français au commencement du XIXe.  siècle, tome 2, 1812, page 236. 

Ø 26. Je suis d'une timidité stupide au début. Je n'ai jamais su aborder une femme dans la rue. Je les suis, je tourne autour, je m'approche, et jamais je ne découvre la phrase nécessaire.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, Les Soeurs Rondoli, tome 1, 1884, page 1260. 

Ø 27. Il faut comprendre, aimer Pascal avec toute notre sensibilité de catholique. Je ne dis pas de croyant, c'est une autre affaire. Mais l'aborder et l'aimer comme un des héros de notre espèce, de notre race, de notre sol, de notre culture, comme l'un des chefs de notre famille.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1909, page 172. 

Ø 28. De loin on hait merveilleusement. Au contraire, quand on aborde, on trouve le semblable. Mais ce fut une pudeur, encore après la guerre, de ne point vouloir aborder l'ennemi, et de ne négocier qu'avec ceux qu'on sentait d'accord.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos,  1934, page 1218. 

c) Emploi pronominal (Correspond aux emplois a et b ci-dessus) 

—   S'attaquer : 

Ø 29. Deux partis se formèrent. On s'aborda, les poings s'abattirent sur les chapeaux défoncés, les tables se renversèrent, les verres volèrent en éclats, les quinquets s'éteignirent, les femmes poussèrent des cris aigus.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif,  1912, page 254. 

—   S'approcher pour se parler, entrer en relation : 

Ø 30. Il avait en ce moment un chien sur ses traces; le mien ne me quittait jamais. Les deux chiens s'abordèrent, grondèrent, jouèrent ensemble, et forcèrent ainsi leurs maîtres à s'aborder. Après l'échange de quelques paroles de circonstance entre deux promeneurs qui désiraient également une occasion de se rencontrer, la conversation s'engagea entre nous sur les livres, la littérature, la poésie.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences,  1851, page 106. 

B.—  Emploi intransitif. Aborder + (généralement) préposition ou adverbe de lieu, avec l'idée qu'une fois le lieu atteint on pense y demeurer. 

Remarque : Le complément est un inanimé. 

1. Atteindre (le rivage en parlant d'une embarcation ou parfois d'hommes) : 

Ø 31. L'alarme régnoit dans l'île : notre vaisseau étoit le premier bâtiment d'un grand port qui y eût jamais abordé et qui eût osé mouiller dans la rade dangereuse où nous nous trouvions;...

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai historique, politique et moral sur les révolutions, tome 2, 1797, page 383. 

Ø 32. J'exprime, alors à Messieurs Churchill et Eden mon étonnement de constater que le plan des alliés ne vise pas, avant tout, Bizerte. Car c'est évidemment par là que les Allemands et les Italiens vont arriver en Tunisie. Faute, pour les Américains, de vouloir courir le risque d'y aborder directement, on aurait pu, pour peu qu'on me l'eût demandé, y débarquer la division Koenig.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 42. 

2. Atteindre un lieu : 

Ø 33. Que faites-vous? Ne viendrez-vous pas nous voir? Ou à Paris, ou à Saint-Point, près Mâcon, abordez chez moi. Vous retrouver sera toujours un de mes vifs plaisirs.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale.  1835, page 94. 

Ø 34. Elle rouvrit les yeux, vit le soir aborder à la terre, vit une feuille bouger, un reflet mourir, une larme couler des paupières du ciel.

HENRI DE MONTHERLANT, Encore un instant de bonheur,  1934, page 723. 

3. MÉDECINE.  Affluer : 

Ø 35. Le corps caverneux n'est rempli, outre cela, depuis le commencement de ses racines jusqu'au gland, que par un tissu inextricable de vaisseaux sanguins, capable de prendre très-promptement une grande extension en tous sens, par l'afflux du sang qui peut y aborder, ou de se vider aussi promptement de la plus grande partie de ce liquide qui s'y trouve renfermée.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 5, 1805, page 70. 

4. Arriver, avec allusion plus ou moins nette au sens propre : 

Ø 36. Et vous avez touché dans le commun naufrage

Au bord d'une autre côte et sur des mâts flottants.

Et vous avez joué sur le bord d'un autre âge,

Comme un enfant qui joue au bord d'un autre temps.

Vous avez abordé dans le commun naufrage

Au bord d'une autre côte et sur des mâts flottants.

Comme les naufragés abordaient dans des îles,

Vous êtes abordée au bord d'un autre temps.

Vous êtes abordée à des guerres civiles

Et sur un appareil et vers des habitants.

Comme les naufragés abordaient dans des villes,

Vous êtes abordée au bord d'un autre temps.

Vous êtes abordée aux batailles serviles

Entre nos plats commis et leurs plats commettants

Comme des naufragés qui demandaient asile,

Vous avez abordé dans cet âge nouveau.

Vous avez abordé sur un ponton fragile

Noué de quelque corde à quelque soliveau.

Comme les naufragés abordaient dans des ports,

Vous avez abordé dans de nouveaux climats.

Vous voici désormais reine parmi les morts,

Passagère échappée au long de quelques mâts.

CHARLES PÉGUY, Ève, Les tapisseries, 1913, page 787. 

Ø 37. Goethe aborde aux régions sublimes avec tant de naturel que l'on s'y sent, avec lui, toujours de plain-pied.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1940, page 32. 

5. Aborder + préposition de,  approcher : 

« Il signifie encore simplement approcher, et alors il se construit avec la préposition de. On ne saurait aborder de cette église, tant la foule s'y presse. Ce sens vieillit. » (Dictionnaire de l'Académie française.  1835). 

« Aborder de, s'approcher de. Cet emploi est maintenant hors d'usage; mais on le trouve dans de bons auteurs du XVIIe.  s. » (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) ). 

C.—  Emploi absolu. 

1. Atteindre (notamment le rivage) : 

Ø 38. J'ai une foi profonde dans l'avenir de la civilisation et de la France, mais je ne me dissimule pas les chances de la tempête. Nous pouvons sombrer comme nous pouvons aborder; je crois à deux possibilités : un naufrage horrible, un port magnifique.

VICTOR HUGO, Correspondance,  1849, page 2. 

2. Atteindre (un navire) : 

Ø 39. Vers midi, je retournai à bord, dans ma biscayenne, et les chaloupes m'y suivirent de très-près. : il me fut difficile d'aborder, parce que les pirogues environnaient nos deux frégates, et que notre marché ne désemplissait point.

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 3, 1797, page 192. 

3. Attaquer : 

Ø 40.... il n'y a plus de stratégie, plus de génie militaire, plus de capitaine? Une bataille devient une immense lutte à main plate. Et la guerre s'en retourne droit à la barbarie, avec ces soldats qui n'abordent plus à la même baïonnette, qui assomment avec la crosse du fusil : c'est le Tomahawk.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  mai 1859, page 610. 

D.—  Locutions. 

1. FAUCONNERIE.  Aborder la remise. \" S'approcher de l'endroit où la perdrix s'est réfugiée. \" (Dictionnaire de l'Académie Française). « Aborder (fauconnerie) : lorsque la perdrix poussée par l'oiseau de proie gagne quelque buisson, on aborde la remise sous le vent. » (Traité général des Eaux et Forêts - Chasses et pêches (JACQUES-JOSEPH BAUDRILLART)  1834). 

2. MARINE : 

a) Aborder à l'ancre. \" Se mettre en panne, au vent du navire qu'on veut aborder, et se laisser dériver sur lui en lui présentant toujours le côté, en manoeuvrant ses voiles de manière à ne le point dépasser, et en mouillant une ancre avant de l'accrocher. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

b) Aborder au vent. \" C'est se placer sur la hanche de son adversaire, et l'allonger vivement sur son travers ou de l'arrière, quand on a l'avantage de la marche, et en se plaçant au vent. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

c) Aborder de bout au corps ou en belle. \" C'est frapper par le côté le bâtiment abordé. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

Remarque : \" Au XVIIe.  siècle on disait encore très logiquement, bien que l'orthographe fût vicieux, tirer dans l'embelle, aborder dans l'embelle. \" (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE) 1960). 

d) Aborder de franc étable. \" Se dit de 2 navires qui se choquent par les étraves. \" (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). 

e) Aborder de long en long. \" Joindre côte à côte. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

f) Aborder en travers. \" Couler un vaisseau à fond en l'abordant \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

g) Aborder par le travers. \" On appelle travers le côté d'un navire. Dans ce sens être abordé par le travers. \" (Glossaire des termes de marine (JULIEN LE CLÈRE)) : 

Ø 41. Rocambole s'arracha à son linceul de sable, se rhabilla en trois secondes, se jeta bravement à l'eau, se laissa dériver de quelques brasses au-dessous de l'embarcation, l'aborda par le travers et se suspendit à la corde à noeuds qui pendait en guise d'échelle.

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, l'Héritage mystérieux, tome 1, 1859, page 621. 

h) Aborder par l'avant, par la hanche, par l'arrière, etc. \" C'est heurter par l'avant, par la hanche, par l'arrière, etc. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

i) Aborder par sous le vent. \" Allonger le bâtiment ennemi par-derrière et sous le vent, en s'approchant jusqu'à avoir le gaillard d'arrière par le travers du grand mât de son adversaire et venant au vent avec vivacité pour aborder de long en long. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

3. CHEMIN DE FER : 

a) Aborder une aiguille en pointe. \" Se présenter sur un appareil de bifurcation du côté de la pointe des lames d'aiguille, en parlant d'un véhicule sur rails. (Ce sens de marche permet la bifurcation dans l'une ou l'autre des directions données par l'appareil). \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

b) Aborder une aiguille en talon. \" En parlant du même véhicule, arriver sur l'appareil dans le sens opposé, c'est-à-dire se diriger sans bifurcation possible vers la direction unique placée à l'origine de l'appareil. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) : 

Ø 42. On emploie quelquefois des aiguilles à ressort qui, lorsqu'elles sont abordées en talon, peuvent s'écarter du rail... afin de donner passage aux véhicules,...

JULIEN-NAPOLÉON HATON DE LA GOUPILLIÈRE. Cours d'exploitation des mines, tome 2, 1885, page 816. 

c) Aborder une rame en stationnement. \" Se placer, en parlant d'une locomotive, devant une rame de voitures ou de wagons [confer exemple 5] pour lui être attelée. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

4. Dans la langue de l'automobile.  S'engager dans (un virage, la partie inclinée ou rampe d'une route ou tout autre segment dangereux d'un itinéraire). 

5. Locution adverbiale, avec infinitif substantivé : À l'aborder \" au premier abord \". 

Remarque : Le verbe aborder ne se conçoit guère sans l'idée, au moins sous-jacente, de la difficulté qu'on vient de surmonter ou à laquelle on se prépare. Aborder déborde largement les deux sens maritimes que lui confère la double signification de la racine bord (bordage; rivage), pour en venir à de nombreux sens figuré ou par extension Un véhicule peut en aborder (en heurter) un autre, comme 2 navires s'abordent. On peut aborder abstraitement, une entreprise ou une situation; concrètement, un lieu quelconque, une position ennemie, ou une personne (avec ou sans hostilité). Si l'on n'aborde pas la chose ou la personne jusqu'à la heurter, ou se battre avec elle (on parle alors d'abordage), mais simplement pour s'en approcher à une fin quelconque, la chose, et surtout la personne, seront d'un abord plus ou moins facile. La difficulté plus ou moins grande d'une pareille entreprise pourra être réduite (et même réduite à rien) : le lieu, la chose, la personne seront abordables, et inabordables dans le cas contraire. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 453. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 3 548, b) 2 770; XXe.  siècle : a) 3 038, b) 3 092.