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ABLUTION n.

Publié le 29/04/2014

Extrait du document

ABLUTION n. f . e st un emprunt (XIIIe s.) au latin chrétien ablutio, d u supin du verbe abluere « laver », lui-même emprunté plus tard (ci-dessous abluer) et formé de ab (-> à) e t de -luere, représentant lavare « laver, baigner » (-> laver) e n composition. Ablutio a pris en latin médiéval un sens médical. ? Le mot français, d'abord employé dans le contexte du baptême, prend par extension (1551, Calvin) la valeur de « purification religieuse ». Depuis Paré (XVIe s.) et jusqu'au XIXe s., le mot s'emploie en chirurgie et en médecine, puis en chimie (1751). ? Le sens courant aujourd'hui, non technique, est attesté en 1825 (Brillat-Savarin), d'abord au singulier, puis surtout au pluriel (faire ses ablutions). ? De ce dernier sens vient le dérivé S'ABLUT IONNER (1912, Gide), assez rare. ? Le rite de l'ablution est essentiel dans de nombreuses religions, en particulier l'islam, où l'on distingue les ablutions majeures e t mineures. ? ABLUER v. t r., e mprunt au latin abluere (une fois au XIVe s., repris v. 1500), a vieilli et est demeuré rare avec les emplois correspondant à ceux d'ablution. S 'ABLUER « faire ses ablutions » est attesté aux XIXe (1866, Villiers) et XXe siècles. ABNÉGATION n. f . e st emprunté (1377, Oresme) au latin chrétien abnegatio (saint Jérôme) « renoncement » ; c'est un composé de ab- (-> à) e t n egatio (-> négation à n égatif), d e n egare (-> nier), utilisé aussi en philosophie pour « négation ». ? C e sens passe le premier en français, puis le mot signifie (fin XIVe s.) « reniement ». Le passage à la valeur moderne se fait par abnégation de foi, de soi-même (XVIe s.) et la valeur négative (1491, abnégation de la part de la créature ) ; le sens absolu et moderne, l'abnégation « renoncement par dévouement », semble se développer au début du XIXe s. (1804, B. Constant). ABOBO n. m., e mprunt à une langue du Bénin, s'emploie en français d'Afrique à propos de la pâte de haricots bouillis, notamment quand elle sert d'offrande, au Bénin, au Togo, dans les cérémonies vaudou. ABOI, ABOIEMENT -> ABOYER ABOLIR v. t r. e st emprunté (fin XIVe s.) au latin abolere « d étruire, anéantir », « faire perdre le souvenir de », avec changement de conjugaison, probablement dû à l'évolution du latin populaire e t au dérivé abolitio. Abolere e st composé de ab, privatif (-> à) e t d'une forme dérivée de alere « nourrir » (-> haut, aliment). ? Le mot français est juridique ; il a des valeurs religieuses (XVe -XVIIe s.), mais s'applique surtout aux lois et aux décisions de justice, et, du XVe s. au français classique (XVIIe [1636]-XVIIIe s.), aux crimes (abolir un crime « g racier le coupable »). ? Un sens figuré, « supprimer », apparaît au XVIe s. (Rabelais) ; selon le F . e. w., le verbe signifie « détruire » dès 1417. ? Les dérivés ABOLISSABLE a dj. (Voltaire), ABOLISSEUR n. m. (1636), ABOLISSEMENT rares. n. m. (1445) sont ABOLIT ION n. f . e st un emprunt (1316, -icion ) au dérivé latin abolitio, terme juridique. Le mot (depuis 1405) correspond en moyen français à amnistie (grec amnêstia) ; le sens s'étend d'après abolir e n droit (av. 1606), en religion (abolition des péchés, 1690) et en emploi général (mil. XIXe s.). ? ? ABOLIT IONNISME n. m. (1836) et ABOLIT IONNIST E a dj. et n. (1835) sont des emprunts à l'anglais des États-Unis (abolitionism, 1790 ; abolitionist, 1788), dérivés de abolition (1529), emprunt au français, employé au sens de « suppression (de l'esclavage) ». ABOMINABLE a dj. apparaît avec abominer e t abomination ; les trois mots sont empruntés à peu près en même temps (déb. XIIe s.) à une série de mots latins, abominare e t ses dérivés. Abominare signifie « repousser (ab- ; -> à) comme un mauvais présage (omen) » . Ce mauvais présage étant souvent proféré par la bouche (os, oris) d e l'oracle (voir ce mot), les Latins rapprochaient ce mot de omen. Il semble qu'ils se trompaient : omen e st d'origine obscure, sans rapport avec os, oris. Abominable e st emprunté (déb. XIIe s.) au latin chrétien abominabilis (IVe s.), dérivé de abominare. ? L'adjectif a aujourd'hui une valeur abstraite, mais il s'appliquait aussi (XIIIe [1256, Arveiller]-XVIe s.) aux sensations physiques (« répugnant »). Il a pris une valeur affaiblie, « très mauvais », dans le dernier quart du XVIIe s. (1694). ? L'abominable homme des neiges e st un calque de l'anglais the abominable snowman, d ésignant un être légendaire, le yéti. ? ABOMINER v. t r. « d étester » (déb. XIIe s.) est aujourd'hui archaïque ou plaisant. ABOMINAT ION n. f ., e mprunt aussi ancien au dérivé latin chrétien abominatio, reste usité dans des emplois littéraires ou plaisants et dans le calque biblique l'abomination de la désolation, abominatio desolationis, adaptation du grec bdelugma tês erêmôseôs où bdelugma correspond étymologiquement à « puanteur du pet, de l'excrément », d'après les termes d'injure utilisés par les Hébreux pour désigner les dieux romains (en l'espèce, Jupiter Olympien), ainsi que les idoles. Hormis cette allusion, abomination e st maintenu en vie par les valeurs affaiblies de l'adjectif abominable, q ui est usuel. ? C e dernier a pour dérivé ABOMINABLEMENT de l'adjectif. ? a dv. (XIVe s.), souvent employé avec le sens faible ABONDER v. int r. e st issu (1120) du latin abundare, d e ab- e t unda « e au » (-> onde) ; ce verbe signifiait à l'origine « affluer (comme le courant) » et a pris la valeur figurée de « se produire en grande quantité », « être nombreux ». Il était d'ailleurs senti comme une forme renforcée de habere (-> avoir) e t souvent écrit habundare. L ? Abonder signifie en ancien français, où l'on écrit aussi habunder (XIIe s.), avunder (XIIe -XIIIe s.), avonder, « d onner en abondance », sens disparu, « avoir en quantité » et « être en grande quantité », valeur toujours vivante. L'emploi figuré, abonder dans son sens « ê tre attaché à son opinion » (1690), a vieilli au profit de abonder dans le sens de qqn (1817, chez Maine de Biran) « soutenir expressément (une opinion) ». ? Dans un usage régional, par exemple en Beaujolais, ne pas abonder à (et infinitif) s'emploie pour « ne pas s'arrêter de, ne pas cesser ». ? ABONDANT , ANT E a dj. correspond d'abord (déb. XIIe s.) à « riche en qqch. », puis (fin XIIe s.) à « qui exprime la pensée par de nombreux mots », « qui s'exprime richement ». On écrit aussi habondant, habundant aux XIIe e t XIIIe siècles. Le sens dominant est très général et la principale construction est abondant en qqch. (depuis Oresme, XIVe s.). Vieilli au sens de « générosité » (XIVe s.), ABONDANCE n. f . (déb. XIIe s., abundance ) a les mêmes valeurs que abonder e t abondant ; e n abondance se dit depuis les premiers emplois. Un emploi très spécial et archaïque, apparu au XVIIIe s., est « boisson d'eau mêlée d'un peu de vin », servie dans les communautés religieuses. ? Le mot a été repris en économie dans des expressions comme société d'abondance. ? ? ABONDAMMENT a dv., d érivé de l'adjectif, apparaît très tôt (déb. XIIe s.). ? Ces dérivés ont donné naissance à des préfixés en sur-. S URABONDANT , ANT E a dj. apparaît dès le XIIe s. sous la forme sorhavundant (pour sorhabondant), est repris au XIIIe s. (seurabondant, v. 1265). ? La variante superabondant, ante e st empruntée (av. 1486) au préfixé bas latin superabondans. L'adjectif marque l'abondance inutile ou excessive ; il a signifié dans l'usage classique « superflu » (1549). ? Il a lui-même pour dérivé SURABONDAMMENT a dv. (sourhabondamment, v. 1350). S URABONDER v. int r., d 'abord sorhabonder (v. 1190) puis seurhabonder (v. 1265), a pris sa forme actuelle au XVIe s. (1549), construit avec e n e t d e. ? S UPERABONDER (v. 1370) est emprunté au latin superabundare. ? S URABONDANCE n. f ., réfection (v. 1350) de sorhabondance (v. 1265), marque l'abondance excessive ou inutile. Le moyen français connaît aussi l'emprunt superhabondance (v. 1370), pris ? au composé latin superabundantia. ABONNER -> BORNE ABORD, ABORDER -> BORD ABORIGÈNE a dj. et n. e st emprunté (1488) au latin aborigines, formation issue d'un mot ethnique ancien déformé d'après ab (-> à) e t origine (-> origine) « d epuis l'origine » et désignant les habitants prélatins de l'Italie. ? C 'est la valeur du mot en français, avant qu'il ne s'étende (1582) à toute population indigène et, comme adjectif, aux animaux et aux plantes (1756, Voltaire). Aujourd'hui, le mot, didactique dans ses emplois généraux, s'applique surtout aux populations autochtones de l'Australie (Dumont d'Urville emploie le mot en 1832, à propos de la Nouvelle-Zélande).

« et a u d ériv é ab oliti o .

A bole re e st c o m posé d e ab , p riv ati f (→ à ) e t d 'u n e f o rm e d ériv ée d e ale re « n ourrir » (→ h au t, a lim en t) . ❏ L e m ot f ra n çais e st j u rid iq ue ; i l a d es v ale urs r e lig ie use s ( XV e - XV II e s .) , m ais s 'a p pliq ue s u rto ut au x l o is e t a u x d écis io n s d e j u sti c e , e t, d u XV e s .

a u f ra n çais c la ssiq ue ( XV II e [ 1 636]- XV III e s .) , a u x crim es ( ab olir u n c rim e « g ra cie r l e c o upab le » ).

◆ U n s e n s f ig uré , « s u pprim er » , a p para ît a u XV I e s .

( R ab ela is ) ; s e lo n l e F.

e .

w ., l e v erb e s ig nif ie « d étr u ir e » d ès 1 417. ❏ L es d ériv és ABO LIS SABLE adj. ( V olta ir e ), ABO LIS SEU R n.

m . ( 1 636), ABO LIS SEM ENT n.

m . ( 1 445) s o n t ra re s. ■ A BO LIT IO N n.

f . e st u n e m pru n t ( 1 316, -ic io n ) a u d ériv é l a ti n ab oliti o , te rm e j u rid iq ue.

L e m ot (d epuis 1 405) c o rre sp on d e n m oyen f ra n çais à am nis ti e ( g re c am nêsti a ) ; l e s e n s s 'é te n d d 'a p rè s ab olir e n d ro it ( a v .

1 606), e n r e lig io n ( ab oliti o n d es p échés, 1 690) e t e n e m plo i g én éra l (m il.

XIX e s .) . ◈ A BO LIT IO NNIS M E n.

m . ( 1 836) e t ABO LIT IO NNIS T E adj.

e t n . ( 1 835) s o n t d es e m pru n ts à l 'a n gla is d es Éta ts -U nis ( ab oliti o n is m , 1 790 ; ab oliti o n is t, 1 788), d ériv és d e ab oliti o n ( 1 529), e m pru n t a u fra n çais , e m plo yé a u s e n s d e « s u ppre ssio n ( d e l 'e sc la v ag e) » . AB O MIN AB LE adj. a p para ît a v ec ab om in er e t ab om in ati o n ; l e s tr o is m ots s o n t e m pru n té s à p eu p rè s en m êm e te m ps ( d éb .

XII e s .) à u n e s é rie d e m ots l a ti n s, ab om in are e t s e s d ériv és.

Abom in are sig nif ie « r e pousse r ( ab - ; → à ) c o m me u n m au vais p ré sa g e (o m en ) » .

C e m au vais p ré sa g e é ta n t so uven t p ro fé ré p ar l a b ouche (o s, o ris ) d e l ' ora cle ( v oir c e m ot) , l e s L ati n s r a p pro chaie n t c e m ot d e om en . I l s e m ble q u'i ls s e tr o m paie n t : om en e st d 'o rig in e o bsc u re , s a n s r a p port a v ec os, o ris . Abom in ab le e st e m pru n té ( d éb .

XII e s .) a u l a ti n c hré ti e n ab om in ab ilis ( IV e s .) , d ériv é d e ab om in are . ❏ L 'a d je cti f a a u jo urd 'h u i u n e v ale ur a b str a ite , m ais i l s 'a p pliq uait a u ssi ( XIII e [ 1 256, Arv eille r]- XV I e s .) a u x s e n sa ti o n s p hy siq ues ( « r é p ug nan t » ).

I l a p ris u n e v ale ur a ffa ib lie , « tr è s mau vais » , d an s l e d ern ie r q uart d u XV II e s .

( 1 694).

◆ L'a b om in ab le h o m me d es n eig es e st u n calq ue d e l 'a n gla is th e a b om in ab le s n ow m an , d ésig nan t u n ê tr e l é g en dair e , l e y éti . ❏ A BO MIN ER v.

t r. « d éte ste r » ( d éb .

XII e s .) e st a u jo urd 'h u i a rc haïq ue o u p la is a n t. ■ A BO MIN AT IO N n.

f ., e m pru n t a u ssi a n cie n a u d ériv é l a ti n c hré ti e n ab om in ati o , r e ste u sité d an s des e m plo is l itté ra ir e s o u p la is a n ts e t d an s l e c alq ue b ib liq ue l'a b om in ati o n d e l a d éso la ti o n , ab om in ati o d eso la ti o n is , a d ap ta ti o n d u g re c bd elu g m a tê s e rê m ôse ôs o ù bd elu g m a c o rre sp on d éty m olo g iq uem en t à « p uan te ur d u p et, d e l 'e xcré m en t » , d 'a p rè s l e s te rm es d 'i n ju re u ti lis é s p ar le s H éb re ux p our d ésig ner l e s d ie ux r o m ain s ( e n l 'e sp èce , J u pite r O ly m pie n ), a in si q ue l e s id ole s.

H orm is c e tte a llu sio n , ab om in ati o n e st m ain te n u e n v ie p ar l e s v ale urs a ffa ib lie s d e l'a d je cti f ab om in ab le , q ui e st u su el.. »

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