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abattement ABATTEMENT, substantif masculin.

Publié le 27/09/2015

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abattement

ABATTEMENT, substantif masculin.  

I.—  Action d'abattre; résultat de l'action d'abattre. 

A.—  Sens propre. 

1. Vieux, pour abattage.  [Le complément est un inanimé, un arbre, une construction...]  Action de faire tomber : 

Ø 1. Il allait hériter des forêts séculaires

Et des déboisements laissés sur le chemin.

Il allait hériter des chênes centenaires

Et des abattements et du peuple romain.

CHARLES PÉGUY, Ève, Les Tapisseries, 1913, page 853. 

Remarque : Il s'agit d'un retour au sens propre du verbe correspondant (confer abattre, sémantique I A 1 a), procédé utilisé fréquemment par Charles Péguy, et qui permet d'autre part d'obtenir une rime interne. 

2. Très rare.  [Le complément est une personne; il s'agit d'un retour au sens propre du verbe correspondant (confer abattre, sémantique I A 1 b)] :

Ø 2. Quand Eve engendra Caïn, elle avait dit : j'acquiers, ou je possède, ou j'envahis; et le nom de Caïn avait exprimé une force qui se manifeste, mais aveuglément et en détruisant tout ce qui s'oppose ou se présente à elle. Le nom du second fils avait été déterminé par celui du premier. La lutte fratricide a retenti au coeur de la mère, et l'a instruite. Aussi, cette fois, en enfantant son dernier né, elle tire le nom qu'elle lui donne de cette lutte même où un de ses fils a tué l'autre : « par l'abattement d'Abel, lorsque Caïn l'accabla, Dieu, dit-elle, a fondé (en hébreu, Shath) en moi une nouvelle postérité. » Ainsi, de la lutte de la sensation et du sentiment résulte la connaissance.

PIERRE LEROUX, De l'Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 580. 

B.—  Emplois techniques. 

1. DROIT.  Retranchement, réduction (d'une somme d'argent). 

a) DROIT FISCAL.  Confer l'expression abattement à la base, pour désigner la fraction de la matière imposable exemptée de l'impôt : 

Ø 3. Le budget de 1946 se trouvait en discussion. Pour le bon ordre, le gouvernement tenait à ce que le vote final eût lieu le 1er.  janvier. Mais, ce jour-là, tandis que les débats semblaient toucher à leur terme, les socialistes demandèrent, tout à coup, un abattement de 20 pour cent sur les crédits prévus pour la défense nationale.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959, page 279. 

b) LÉGISLATION SOCIALE.  Abattement de zone : 

Ø 4. [Les zones de salaires étant] des groupes de localités dans lesquelles un même abattement est effectué sur le salaire minimum interprofessionnel garanti applicable dans la région parisienne, afin de déterminer le salaire minimum interprofessionnel garanti local.

Grand Larousse encyclopédique en dix volumes au mot zone. 

—  ANCIENNE JURISPRUDENCE.  Prise de possession d'un héritage sur lequel on avait un titre apparent de propriété, lorsqu'on s'y introduisait sans violence, aussitôt après la mort du possesseur, et avant que son héritier l'eût occupé. (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). 

2. CHASSE.  Action de découpler des chiens courants. (Recherches sur la langue de la vénerie et l'influence de Du Fouilloux dans la littérature et la lexicographie (FRANÇOIS REMIGEREAU) 1963, au mot descoupler : \"enlever la couple aux chiens courants qu'elle attache deux à deux, ordinairement pour les faire chasser\") 

II.—  Diminution des forces physiques ou morales. 

A.—  Emploi au singulier.   MÉDECINE et.   usage général : 

Ø 5. J'ai été constamment dans un état maladif. Accès de fièvre catarrhale, sueurs, toux, insomnie, abattement et défaut d'excitabilité sensitive; idées lentes, conception difficile...

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1817, page 17. 

Ø 6. Le désespoir a des degrés remontants. De l'accablement on monte à l'abattement, de l'abattement à l'affliction, de l'affliction à la mélancolie.

VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer,  1866, page 400. 

Ø 7. J'eus aussi, à ce moment, quelques misères de santé. Rien de précis, de l'abattement si vous voulez, une sorte de difficulté à retrouver ma bonne humeur.

ALBERT CAMUS, La Chute,  1956, page 1495. 

B.—  Emploi au pluriel : 

Ø 8. Ainsi se passa pour moi cet été de solitude et de sécheresse d'âme. La compression de ma vie morale dans cette aridité et dans cet isolement, l'intensité de ma pensée creusant sans cesse en moi le vide de mon existence, les palpitations de mon coeur, brûlant sans aliment réel et se révoltant contre les dures privations d'air, de lumière et d'amour dont j'étais altéré, finirent par me mutiler, par me consumer jusque dans mon corps et par me donner des langueurs, des spasmes, des abattements, des dégoûts de vivre, des envies de mourir que je pris pour des maladies du corps et qui n'étaient que la maladie de mon âme.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Les Confidences, Graziella, 1849, page 373. 

Ø 9. Il faudrait qu'il eût à gagner votre pain, pauvre petite femme.

—  Il ne le gagnerait pas. Il nous laisserait tous mourir de faim, car je connais son peu d'énergie et elle décroît. Elle sera bientôt réduite à rien. Ses abattements sont de plus en plus fréquents et prolongés, et il remonte de moins en moins haut.

JULES RENARD, Journal,  1896, page 321 

Remarque : 1. Abattement au pluriel, n'est plus usité dans ce sens au XXe.  siècle 2. Abattement est fréquemment accompagné d'une série de paradigmes, pour préciser la compréhension du mot. On trouve ainsi : faiblesse, affaiblissement, fatigue, lassitude, langueur, épuisement, apathie, prostration, fébrilité, malaise, souffrances, etc. lorsqu'il s'agit d'une diminution des forces physiques; tristesse, mélancolie, découragement, amertume, accablement, affliction, nostalgie, dégoût, désespoir, spleen, etc. pour les forces morales. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 488. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 310, b) 952; XXe.  siècle : a) 325, b) 251. 

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