Devoir de Philosophie

63 Stephenson me confirma tout ce que Tess avait déjà pigé.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

63 Stephenson me confirma tout ce que Tess avait déjà pigé. Ce qu'il me raconta sur d'autres cas, ce qu'il m'apprit sur ses compétences dans un domaine qu'il connaissait sans doute mieux que personne... j'étais stupéfait, et profondément ébranlé. En dépit des irconstances, il s'exprimait avec calme, éloquence, et une cohérence qui exigeait l'attention. Le plus troublant tait que tous les détails que je lui donnais à propos de McKinnon, y compris sur sa mort, collaient avec ce qu'il vait appris par le récit d'Alex des expériences de sa vie antérieure, jusqu'au casque que je portais lors de cette nuit d'enfer. Je ne voyais pas comment cela pouvait être autre chose que ce qui me semblait pourtant toujours totalement impossible. Je gardai longtemps le silence, afin de digérer tout ce que je venais d'entendre. -- Mais comment se fait-il que les gens n'en parlent pas ? Pourquoi votre travail n'est-il pas mieux connu ? Il ricana. -- Ne me dites pas que cela vous étonne. Je compris qu'il s'agissait pour lui d'une frustration de longue date. -- Je peux vous montrer toutes sortes de sondages montrant qu'un Américain sur quatre croit à la réincarnation, mais ce n'est qu'une réponse facile à une question rhétorique. Si vous creusez un peu, vous verrez que ceux qui disent y croire sont mal à l'aise. C'est réellement pour cette raison que l'on considère que es travaux sont à la limite de la science. Personne ne veut y réfléchir. Pas sérieusement. Nos élites politiques, niversitaires, religieuses... elles montrent toutes une résistance innée par rapport à ça. Cela va contre les ondements de trop de doctrines sacrées. Les chercheurs en médecine ne veulent pas en entendre parler à ause de leur certitude fondamentale, non négociable, que la conscience ne peut exister hors du cerveau. uant aux gens de foi, leur éducation ne peut s'accommoder de choses si différentes de ce qu'on leur a nseigné toute leur vie, et cette idée qu'il existerait un monde après la vie qui n'a rien à voir avec le ciel ou l'enfer relève du blasphème pur et simple. Mais on ne pense pas ainsi dans le monde entier. Les bouddhistes et es hindous, par exemple, ont toujours cru à la réincarnation. Et ils représentent presque un quart de la opulation de cette planète. Nous parlons ici d'un nouveau paradigme. Cela met beaucoup de gens mal à l'aise. Surtout chez mes pairs - ce qui m'a toujours surpris. Les intellectuels sont censés avoir un désir insatiable d'explorer de nouveaux domaines et de mettre au jour les secrets de l'univers dans lequel nous vivons. Mais en dépit de toutes nos références, et de tout le soin que nous apportons à nos recherches, la plupart de mes confrères préféreraient mourir que de s'avouer publiquement d'accord avec moi. Le problème, c'est que même si nous avons une montagne d'indices démontrant que cela existe, nous n'en avons pas la moindre preuve, et nous n'avons aucun moyen d'expliquer comment cela se passe. Il n'existe aucune explication biologique, pas même une théorie tangible de ce que nous appelons « l'enracinement de l'âme » - le moment où une âme s'implante dans un foetus, ou un embryon, voire plus tôt. Il secoua la tête, avec un sourire peiné. -- Mais ça, c'est un autre problème. Je repensai à toutes les séances de fécondation in vitro auxquelles j'avais participé avec Tess, et me remémorai tout ce qu'on nous avait expliqué. -- Nous savons que cela ne peut se passer pendant les quatorze jours qui suivent la conception, n'est-ce pas ? Pendant cette période, l'oeuf n'est qu'un amas de cellules qui peut encore se scinder en deux pour concevoir des jumeaux. S'il y avait déjà une âme, avant cela, comment cette scission pourrait-elle avoir lieu ? Stephenson sembla impressionné. -- D'un point de vue scientifique, vous avez raison, bien sûr. Mais des tas de gens pensent autrement, je suis sûr que vous le savez. Il reste que la question de savoir comment, quand et où une âme prend ses quartiers dans cet amas de cellules, comme vous dites, a déconcerté les plus grands esprits de l'histoire. Et la réponse est simple : personne n'en sait rien. Les Japonais croient que le siège de l'âme est l'estomac. C'est pourquoi ils s'ouvrent le ventre quand ils se suicident par seppuku. Descartes et la plupart des scientifiques qui ui ont succédé pensaient que l'âme se trouve dans le cerveau. Ce serait pour cette raison que certaines lessures à la tête entraînent des altérations de la personnalité. Mais où exactement, et qu'est-ce que ça veut ire ? Nous ne le savons pas vraiment. Des expériences qu'il a menées sur des grenouilles, Léonard de Vinci a conclu que l'âme réside précisément à la jonction de la colonne vertébrale et du cerveau. Certains chercheurs ont même essayé d'enregistrer le poids de patients agonisants, affirmant qu'on observe à l'instant de la mort ne perte de poids - infinitésimale mais quantifiable. Il s'agirait selon eux du poids de l'âme qui quitte le corps e son hôte défunt... -- Vingt et un grammes ? fis-je avec un grognement, citant le cliché que j'avais maintes fois entendu. -- Plutôt vingt et un nanogrammes, fit Stephenson en haussant les épaules. Mais la vraie question, c'est elle-ci : une âme peut-elle vivre hors du corps ? La conscience peut-elle survivre hors du cerveau ? Certaines xpériences extracorporelles - avérées par de nombreuses preuves - suggèrent une réponse affirmative. Nous onnaissons de très nombreux cas de patients ayant bénéficié de greffes d'organes et qui s'approprient des raits de caractère et des souvenirs de leurs donneurs. Comment est-ce possible ? Et qu'est-ce que la conscience, sinon la mémoire et des traits de caractère ? Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire vant de pouvoir le prouver... pour autant que ce soit possible. Et c'est d'autant plus difficile que dans notre pays, intellectuellement, c'est un sujet tabou. On pense que c'est réservé aux scénarios de films d'horreur et aux émissions de télévision. Mais dans de nombreuses cultures, la réincarnation n'est pas un tabou. Elle fait partie de la culture, de la religion. Le problème, il n'existe que chez nous. Ici... je veux dire, aux Etats-Unis, corrigea-t-il, l'air sombre, les gens ne sont pas enclins à prendre au sérieux ce genre d'affirmations, ou à creuser le sujet. Si un gosse se met à tenir des propos bizarres, la première réaction des parents consiste à se dire que ça vient de son imagination, qu'il l'a vu à la télévision ou ailleurs - ou bien ils pensent que leur enfant est anormal et tentent de le dissuader de répéter ce genre de « non-sens ». Dans d'autres cultures, le réflexe des parents serait d'encourager l'enfant à leur en dire un peu plus sur ce qu'il sait, et ils se demanderaient s'il s'agit de signaux envoyés par une âme réincarnée. C'est dans cette direction qu'ils chercheraient. Et c'est un autre problème que j'ai essayé de soulever dans mon travail. Est-ce que cet appétit culturel pour le concept de réincarnation signifie que ces gens créent des liens et des explications qui corroborent leur théorie, ou sont-ils vraiment en train de résoudre quelque chose qui a besoin d'être résolu ? -- Il est étonnant que vous vous soyez accroché si longtemps, lui dis-je. Vu tous les problèmes que vous avez dû affronter. Il poussa un long soupir, l'air lugubre. -- C'est dommage, vraiment. Que nous puissions avoir tant de préjugés, être si bornés vis-à-vis de ce que je crois être la plus grande question que nous nous posons. Mais ça a toujours été le cas, en particulier pour ce qui touche au monde non physique. C'est pourquoi nous en savons si peu. Mais, encore une fois, nous en savions très peu, récemment, sur le monde subatomique. Imaginez, juste un instant... si nous pouvions le prouver. Si nous avions des preuves que la réincarnation est une réalité, sans le moindre doute. Cela changerait tout. Des tas de gens la combattraient, bien sûr. Avec amertume. Avec colère. Mais quand ça rentrerait dans les moeurs, cela nous rendrait meilleurs. Toutes les grandes révolutions de la pensée ont abouti à cela. Elles nous ont rendus plus humbles, plus humains, en nous permettant de mieux comprendre ce que nous sommes, où est notre place dans l'univers. Copernic nous a guéris de l'illusion que nous étions au centre de l'univers. Darwin nous a montré que nous étions un tout petit fragment d'un système global fondé sur l'évolution. Freud a démontré qu'il y a en nous plus que l'ego, que nous subissons des influences inconscientes, et que cela nous incite à essayer de mieux nous comprendre. Ce serait donc un pas énorme dans ce sens. La ort est le plus grand mystère que nous connaissions. Et si l'on parvenait à prouver que la réincarnation existe raiment, cela pourrait ouvrir la porte à une nouvelle exploration de... de tout. Je ricanai. -- Mais ça n'arrivera pas, hein ? Quelles que soient les preuves que vous apporterez, les gens trouveront oujours un moyen de les démolir et d'affirmer que vous vous trompez. Il haussa les épaules. -- Ça ne veut pas dire que je cesserai d'essayer. Il regarda les murs autour de nous. -- En admettant que nous sortions un jour d'ici. Je décidai de laisser ce problème en suspens, et revins à une question plus pressante à mes yeux : -- omment Michelle a-t-elle réagi quand vous lui avez dit ? -- Elle était troublée. C'est toujours le cas, quand ça ne fait pas partie de notre culture. Mais elle n'a pas ardé à l'accepter. Elle avait l'esprit très large. Cela ne m'étonnait pas. -- Et vous pensez que le cas d'Alex est probant... Stephenson n'hésita pas : -- Oui. Pour moi, c'est un cas particulièrement intéressant. Il s'agit d'une renaissance plus ou moins mmédiate... une âme qui trouve son nouveau refuge peu de temps après avoir perdu son ancien hôte. Il est é... un peu moins d'un an après le meurtre de McKinnon, non ? Cela n'arrive pas souvent. Généralement, il y un trou, ce qui soulève d'ailleurs un autre problème. -- Où vont les âmes pendant ce laps de temps ? -- Exactement. Nous appelons cela « l'entre-deux », à défaut de mieux. Debout près de la porte, il la fixait des yeux. Puis il se tourna vers moi. -- Vous croyez que nous sortirons d'ici vivants ? -- Je l'ignore. En fait, non. Il dut lire dans mes pensées, car il eut l'air découragé. Il se mit à respirer à fond pour retrouver son calme, t il se passa nerveusement les mains dans les cheveux. -- Mais quelle est cette drogue que ce psychopathe recherche ? Pourquoi a-t-il tellement envie de mettre a main dessus ? J'entendis un froissement de l'autre côté de la porte, puis le bruit d'une clé dans la serrure. La porte s'ouvrit n grinçant. -- On ne va pas tarder à le savoir.

« conscience, sinonlamémoire etdes traits decaractère ?Mais nous avons encore beaucoup detravail àfaire avant depouvoir leprouver… pourautant quecesoit possible.

Etc’est d’autant plusdifficile quedans notre pays, intellectuellement, c’estunsujet tabou.

Onpense quec’est réservé auxscénarios defilms d’horreur et aux émissions detélévision.

Maisdans denombreuses cultures,laréincarnation n’estpasuntabou.

Ellefait partie delaculture, delareligion.

Leproblème, iln’existe quechez nous.

Ici…jeveux dire,auxEtats-Unis, corrigea-t-il, l’airsombre, lesgens nesont pasenclins àprendre ausérieux cegenre d’affirmations, ouà creuser lesujet.

Siun gosse semet àtenir despropos bizarres, lapremière réactiondesparents consiste àse dire que çavient deson imagination, qu’ill’avu àla télévision ouailleurs –ou bien ilspensent queleurenfant est anormal ettentent deledissuader derépéter cegenre de«non-sens ».Dans d’autres cultures, leréflexe des parents seraitd’encourager l’enfantàleur endire unpeu plus surcequ’il sait, etils se demanderaient s’il s’agit designaux envoyés parune âme réincarnée.

C’estdanscettedirection qu’ilschercheraient.

Etc’est un autre problème quej’aiessayé desoulever dansmontravail.

Est-cequecetappétit culturel pourleconcept de réincarnation signifiequecesgens créent desliens etdes explications quicorroborent leurthéorie, ousont-ils vraiment entrain derésoudre quelquechosequiabesoin d’êtrerésolu ? — Ilest étonnant quevous voussoyez accroché silongtemps, luidis-je.

Vutous lesproblèmes quevous avez dûaffronter. Il poussa unlong soupir, l’airlugubre. — C’est dommage, vraiment.Quenous puissions avoirtantdepréjugés, êtresibornés vis-à-vis deceque je crois êtrelaplus grande question quenous nousposons.

Maisçaatoujours étélecas, enparticulier pource qui touche aumonde nonphysique.

C’estpourquoi nousensavons sipeu.

Mais, encore unefois, nous en savions trèspeu, récemment, surlemonde subatomique.

Imaginez,justeuninstant… sinous pouvions le prouver.

Sinous avions despreuves quelaréincarnation estune réalité, sanslemoindre doute.Cela changerait tout.Destasdegens lacombattraient, biensûr.Avec amertume.

Aveccolère.

Maisquand ça rentrerait danslesmœurs, celanous rendrait meilleurs.

Touteslesgrandes révolutions delapensée ontabouti à cela.

Elles nous ontrendus plushumbles, plushumains, ennous permettant demieux comprendre ceque nous sommes, oùest notre place dansl’univers.

Copernic nousaguéris del’illusion quenous étions aucentre de l’univers.

Darwinnousamontré quenous étions untout petit fragment d’unsystème globalfondésur l’évolution.

Freudadémontré qu’ilya en nous plusquel’ego, quenous subissons desinfluences inconscientes, et que cela nous incite àessayer demieux nouscomprendre.

Ceserait doncunpas énorme danscesens.

La mort estleplus grand mystère quenous connaissions.

Etsil’on parvenait àprouver quelaréincarnation existe vraiment, celapourrait ouvrirlaporte àune nouvelle exploration de…detout. Je ricanai. — Mais çan’arrivera pas,hein ?Quelles quesoient lespreuves quevous apporterez, lesgens trouveront toujours unmoyen deles démolir etd’affirmer quevous voustrompez. Il haussa lesépaules. — Ça neveut pasdire que jecesserai d’essayer. Il regarda lesmurs autour denous. — En admettant quenous sortions unjour d’ici. Je décidai delaisser ceproblème ensuspens, etrevins àune question pluspressante àmes yeux :— Comment Michellea-t-elleréagiquand vousluiavez dit? — Elle était troublée.

C’esttoujours lecas, quand çane fait pas partie denotre culture.

Maisellen’apas tardé àl’accepter.

Elleavait l’esprit trèslarge. Cela nem’étonnait pas. — Etvous pensez quelecas d’Alex estprobant… Stephenson n’hésitapas: — Oui.

Pour moi,c’est uncas particulièrement intéressant.Ils’agit d’une renaissance plusoumoins immédiate… uneâme quitrouve sonnouveau refugepeudetemps aprèsavoirperdu sonancien hôte.Ilest né… unpeu moins d’unanaprès lemeurtre deMcKinnon, non?Cela n’arrive passouvent.

Généralement, ily a un trou, cequi soulève d’ailleurs unautre problème. — Où vont lesâmes pendant celaps detemps ? — Exactement.

Nousappelons cela«l’entre-deux »,àdéfaut demieux. Debout prèsdelaporte, illa fixait desyeux.

Puisilse tourna versmoi. — Vous croyez quenous sortirons d’icivivants ? — Je l’ignore. En fait, non. Il dut liredans mespensées, carileut l’air découragé.

Ilse mit àrespirer àfond pour retrouver soncalme, et ilse passa nerveusement lesmains danslescheveux. — Mais quelle estcette drogue quecepsychopathe recherche?Pourquoi a-t-iltellement enviedemettre la main dessus ? J’entendis unfroissement del’autre côtédelaporte, puislebruit d’une clédans laserrure.

Laporte s’ouvrit en grinçant.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles