50 Je n'ai pas beaucoup dormi.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
51
Ricky
Torres nesavait foutrement pascequi luiarrivait.
On l’avait couvert depansements, commeunemomie, etdétenu ilne savait oùpendant uneéternité.
On
avait soigné etrecousu sablessure, quiluifaisait toujours unmal dechien.
Unpeu plus tôt,ilavait sentiune
piqûre aubras (sans doute unesorte d’antibiotique) puisonl’avait détaché, levédeforce etembarqué dansune
voiture.
Etmaintenant, ça.
Ses gardiens l’avaientbalancéhorsdelavoiture, surl’asphalte, avantdedisparaître dansunhurlement de
pneus.
Après quelques hésitations, ils’était relevé etavait arraché sonbandeau.
Lesoleil l’avait agressé, etillui
avait falluunmoment pouraccommoder sonregard.
Il réalisa qu’onl’avait largué àMission Valley,prèsduparking ducentre commercial deWestfield.
Ilse
sentait somnolent, désorienté.
Ilconstata qu’ilfixait avec curiosité leHooters, del’autre côtédelarue.
Un
sourire étrange luidéforma levisage, carune pensée bizarreluiétait venue.
Dansl’immédiat, quelquesbières
en compagnie defilles àpoil l’aideraient àoublier cequi luiétait arrivé récemment… Combiendetemps ça
avait duré, d’ailleurs ?Quarante-huit heures?Plus ?
Il n’en savait rien.
Il resta unmoment surplace, ignorant toujourspourquoi cessalauds l’avaient relâché.Pendant letrajet, il
avait biencruqu’ils leconduisaient dansunendroit isolépourletuer etylarguer soncadavre.
Manifestement,
ce n’était paslecas.
Mais ilne sesentait vraiment pasbien.
Ilavait unterrible maldecrâne, sesyeux ne
parvenaient pasàfaire lepoint, etladouleur àl’épaule (quis’était calmée aprèsqu’ilseurent recousu) sefaisait
sentir deplus belle.
Ilsavait qu’onavaitextrait laballe, maisilse demandait sila plaie nes’était pasinfectée.
Depuis sonséjour enIrak, ilsavait quelesinfections duesàun projectile sontplussouvent mortelles quela
balle elle-même.
Il fallait qu’ils’en assure auplus vite.
Dans l’immédiat, unebonne bièreluiferait leplus grand bien.
Il fit quelques pashésitants versl’autre trottoir, lorsqu’un violentcoupdetrompe lefits’arrêter surplace.
Il
se retourna, croisaleregard duchauffeur ducamion quivenait defreiner aprèsl’avoir évitédejustesse.
Letype
gesticulait enjurant dansunelangue quiressemblait àl’espagnol, maisTorres n’enétaitpassûr.
Leson qui
parvenait àses oreilles étaitdéformé etilsemblait yavoir undécalage entrecequ’il entendait etles
mouvements deslèvres duroutier.
Cetype avait d’ailleurs quelquechosede bizarre .
Torres loucha pour
accommoder sonregard contrelesoleil.
Puisilcomprit.
L’homme avaitlesyeux jaunes.
Torres clignadesyeux.
Ilsecoua latête, regarda denouveau.
Lesyeux étaient toujours jaunes.Enoutre,
des crocs venaient d’apparaître souslalèvre supérieure del’homme, dontlapeau scintillait commecelled’un
serpent.
Qu’est-ce que…?
Torres remonta enchancelant surletrottoir, secouant latête, incapable dedétourner lesyeux decette
vision ignoble.
Lechauffeur luiadressa unjuron etsiffla entre sescrocs pointus, tandisquelecamion démarrait
en grondant.
Torreslesuivit desyeux, totalement perdu,etse demanda cequi s’était passé.
Ilavait trèspeu
dormi depuis qu’onl’avait cueilli, etilétait évident qu’ilcommençait àhalluciner.
Maisildevait resterconcentré
et garder l’espritclairs’ilvoulait avoirunechance d’échapper auxflics.
Ildécida qu’iln’avait pasbesoin de
perdre untemps précieux àboire delagnôle etde labière, ouàessayer desefourrer danslaculotte d’une
hôtesse bienroulée.
Il se retourna del’autre côté.C’est alorsqu’illesentit.
Unobjet pesant quitirait sursaceinture.
Torres
souleva lebas ducoupe-vent qu’onluiavait donné.
Unpistolet automatique étaitglissé danssaceinture.
Stupéfait, ilrajusta lecoupe-vent par-dessusetregarda nerveusement autourdelui, espérant que
personne nel’avait repéré.
Ilvit qu’un magasin CVSoccupait lerez-de-chaussée del’immeuble leplus proche.
Il lui fallait unantidouleur puissant.Pourfairedisparaître ladouleur lancinante deson épaule, avantd’aller se
planquer quelquepartpour réfléchir àla suite.
Ouais, c’étaitlebon plan.
Biensûr.
Il s’avança surleparking, endirection delapharmacie.
Toutàcoup, enlongeant larangée devoitures en
stationnement, ilentendit lebruit caractéristique duchargeur qu’oninsère dansuneKalachnikov AK-47.
Il pivota, englissant machinalement lamain soussaceinture poursesaisir deson arme.
Unefemme
chargeait sescourses danslecoffre desavoiture, flanquée d’ungamin quihurlait qu’ilnevoulait pasrentrer à
la maison.
Quandellesepencha souslehayon ouvert delavoiture, Torrescomprit qu’elleavaitcaché sa
Kalachnikov danslavoiture, pourqu’ilnelavoie pas.
Ilenvisagea d’allerverslafemme etd’exiger qu’ellelui
donne sonarme, maisleshurlements del’enfant montèrent danslesuraigu etpercèrent lecrâne deTorres
comme unedouzaine debaïonnettes.
Il se couvrit lesoreilles, fitdemi-tour etentra entitubant danslecentre commercial.
Les gens semblaient l’éviter.Enpassant devantMacy’s, ilbaissa lesyeux etremarqua quesachemise.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Olivier avait dormi ; mais il paraissait plus mal, et sa fièvre avait redoublé.
- -- C'est arrivé tard et je n'ai pas bien dormi.
- également de Descartes qu'il a beaucoup dormi.
- Qui aurait dormi quarante ans penserait voir non la France, mais un cadavre de la France.
- « Un soldat qui a bien dormi en vaut deux. » LE DUC DE VENDÔME, vers 1700-1710. Commentez.