35 Monde ouvrier Monde oublié ?
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
recueil Les
Châtiments ,
parle d’un« morne enfer »etcite Dante.
L’allusion s’impose, eneffet.
Le
mouvement ouvrier Bien
sûr,peu àpeu destransformations s’opèrent,desprogrès vontapparaître.
Ilsaideront àdonner unrien
d’humanité àun univers quienest àce point dépourvu.
Quilesapermis ? C’estunedesgrandes questions quise
posent encore àpropos decette histoire.
Pourleséconomistes qu’onappelle aujourd’hui libéraux ,
le
capitalisme porteenlui-même cetteévolution : lesystème, enrecherche perpétuelle denouveaux marchéspour
écouler saproduction, atout intérêt àsortir lesprolétaires deleur misère, neserait-ce quepour enfaire des
consommateurs.
Ainsilemonde occidental, quiaexpérimenté lepremier larévolution industrielle, estaussi celui
où leniveau devie global despopulations estleplus élevé.
C’estbienlapreuve del’efficacité ducapitalisme pour
dégager lesmasses delapauvreté.
Quel raisonnement bancal !,répondlagauche.
Rienn’aurait jamaischangé siles prolétaires eux-mêmes, et
quelques penseursquis’en sentaient proches,n’avaient engagéunbras defer avec lesexploiteurs pourles
contraindre àamender unsystème écrasant parnature.
Cecombat estcelui du« mouvement ouvrier ».En
général, onraconte cettehistoire-là ensuivant sonévolution.
Ilest bien légitime delefaire.
La lutte estd’autant plushéroïque qu’ellepartd’une véritable tablerase,cellequiaété faite après 1789.
Ona
évoqué déjàceparadoxe delagrande Révolution française.Ellefutobsédée parlesidées deliberté etd’égalité
entre touslescitoyens.
Pourleprolétariat naissant,sonaction sesolde parunaccroissement delaservitude etde
l’inégalité.
Sousl’Ancien Régime, lemot même d’ ouvrier n’a
pas lesens quenous luiconnaissons : ildésigne
celui quiafini son apprentissage ettravaille auservice d’unartisan.
Sonétat estdifficile, sansdoute, maisilest
aussi protégé parlesrites, lestraditions, lesprivilèges enusage danssacorporation.
Danssafougue defaire sauter
le corset quiétouffait lepays, laRévolution abrogetout :laloi LeChapelier de1791 supprime lescorporations et,
de fait, interdit auxsalariés des’unir oudes’organiser poursedéfendre.
Ellel’interdit aussiauxindustriels, c’est
vrai, mais leproblème sepose moins poureux,surtout sil’on songe aupetit monde ferméqueforment lesgrands
patrons auxixe
siècle.
Pourquoi auraient-ils besoind’unsyndicat pours’entendre avecleurs pairs ? Ilsles voient
tous lessoirs dans lessalons etdans lescercles.
Napoléon I er
aajouté aupied dutravailleur unechaîne supplémentaire : lelivret ouvrier –un document quele
travailleur doitconstamment avoirsurlui,qui fiche toussesdéplacements ettoutes sesembauches etgarde note
de toutes lesappréciations qu’ellesluiont valu.
LeCode pénal de1810 afait pencher encoreunpeu plus la
balance danscesens : encas deprocès opposant unouvrier àson patron, lepremier doitapporter despreuves
tandis quelesecond estcru surparole.
Avec çarègne lapensée libérale quivient d’être théorisée auxviii e
siècle.
« Laisser-faire, laissez-passer » enaété
le slogan.
Ilvise àbannir touteintervention del’État dansledomaine del’économie, etàlaisser fonctionner le
marché dansledomaine desbiens comme dansceluidutravail : enclair, lepatron peutfairecequ’il veut, baisser
les salaires siles commandes nerentrent plus,augmenter lescadences sielles sefont plusnombreuses, ou
licencier lorsdescrises –l’ouvrier n’aqu’à aller sevendre ailleurs s’iln’est passatisfait.
Ilest libre, n’est-ce pas ?
Le xixe
siècle ouvrier, c’estdonc aussi celuiducombat quiapermis peuàpeu d’humaniser unmonde inhumain.
La lutte ad’abord étéerratique etsouvent trèsviolente.
Audébut duxixe
siècle, enAngleterre, lesouvriers du
textile, enragés parlesort quileur estfait, seretournent contrecequ’ils croient êtrelaseule source deleur
malheur : ilsbrisent lesmachines.
Onappelle cemouvement le« luddisme » parcequelesémeutiers seréfèrent à
un certain général Lud,unpersonnage dontonn’est plustrèssûrqu’il aitjamais existé.
Lyonconnaît, dansles
années 1830,lesrévoltes descanuts, matées parundéploiement deforce gigantesque, etqui restent unmoment
mythique : lescanuts ontmontré, écritJean-Pierre Rioux,« lavaleur del’opposition declasse, forcecontre
force »…
Précisément, cetteclasse apprend àse former etàprendre conscience d’elle-même.
Ellelefait dans dessociétés
secrètes d’abord–puisque touteunion estinterdite jusqu’en1884–et aussi dansl’ébullition denouvelles
théories politiques.
Lesiècle voitlanaissance du socialisme ,
ou, devrait-on écrire, des
socialismes, tant
les
courants ensont nombreux.
Ilsont tous encommun defonder l’espoir d’unesociété meilleure surl’émancipation
de cette partie delapopulation.
Saint-Simon, Fourier,Proudhon ensont lespères enFrance.
Touslespays quiont
vécu lamême industrialisation connaissentlephénomène.
ÀLondres, en1864, lessyndicats etles partis qui
représentent lesprolétaires danstouslespays d’Europe cherchent às’unir danslapremière « Internationale
ouvrière ».
Elleestouverte parlediscours d’uncertain KarlMarx, dontlapensée etles théories vontbientôt
réussir àécraser cellesdesautres, mêmesi,en France, lesautres courants ouvriéristes restentlongtemps
influents.
À la fin du
xixe
siècle, dansnotre pays,leschoses s’accélèrent.
Napoléon IIIaaccordé en1864 ledroit degrève,.
»
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