33 Trois rois, deux républiques, un empereur Un siècle d'histoire politique Les siècles des historiens ne correspondent jamais à ceux des mathématiques.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
moment :
leslibéraux –en qui nous verrions lagauche modérée –et les « ultras » –c’est-à-dire lesultrasroyalistes,
en qui nous verrions ladroite laplus radicale.
Les premières électionsfavorisent plutôtlespremiers.
Lesseconds l’emportent àpartir desannées 1820.Leur
heure semble sonneren1824.
Àla mort deLouis XVIII, sonfrère, lecomte d’Artois, quiestlechef deleur coterie,
devient roisous lenom deCharles X. Politiquement, lepersonnage estassez fascinant.
Ilreprésente letype leplus
achevé du réactionnaire ,
c’est-à-dire celuiqui,littéralement, pensequ’onpeutfaireavancer l’histoire en
revenant enarrière.
Touteslespremières mesuresqu’ilprend nevisent qu’unbut :effacer lestrente-cinq ans
d’horreur quesonpauvre royaume vientdesubir etlui faire reprendre lecours dutemps dontiln’aurait jamaisdû
dévier, celuid’avant 1789.Pourmontrer queDieu l’achoisi, ilrenoue aveclapratique dusacre àReims danssa
forme laplus traditionnelle, aucunriten’est oublié, pasmême l’onction parl’huile dela« sainte ampoule »
apportée àClovis parune colombe divine.Lesrévolutionnaires avaientpourtant tenuàla détruire, maisun
« miracle » apermis d’enretrouver quelquesgouttes.
Le nouveau monarque faitvoter desindemnités faramineuses auxémigrés quiavaient perduleursbiens sousla
Révolution.
Ilimpose la« loi surlesacrilège » quipunit demort quiconque auraitprofané deshosties consacrées.
Il finit partant exaspérer laChambre, oùlamajorité atourné, qu’ilporte latension avecelleàson comble.
En
1830, ilprend deforce quatre ordonnances quirestreignent leslibertés etdissolvent leParlement.
Cesont les
quatre gouttes quifont déborder lapatience del’opposition.
On semet àmanifester àParis.
Lespolytechniciens, lajeunesse estdans larue, lepeuple dressedesbarricades.
Nous sommes les27, 28et29 juillet, cesont les« Trois Glorieuses », lestrois journées delarévolution de
juillet 1830, immortalisées parune toile fameuse deDelacroix (La
Liberté guidant lepeuple) et
une colonne
qui orne laplace delaBastille, àParis.
Charles X essaiederésister, ilsent vitequ’il netient plusrien, ilabdique et
reprend lechemin del’exil –une vieille habitude.
Maisparquileremplacer ? Parmilepeuple, beaucoup ont
dressé lesbarricades enespérant larépublique.
Nombreux,chezlesbourgeois, sontceux quilaredoutent : le
cauchemar, lesexactions, laguillotine vontdonc recommencer ? Unpetit groupe d’influents, parmilesquels un
jeune avocat marseillais ambitieuxetplein d’avenir nomméAdolphe Thiers,enprofite pourplacer soncandidat :
le duc d’Orléans.
L’hommeparaîtl’incarnation mêmeduconsensus dumoment.
Sonpère, dutemps dela
Révolution, étaitlerebelle dessang-bleu, onl’appelait PhilippeÉgalité,ilavait votéladécapitation deson cousin
Louis XVI.
Sonfils,leprésent duc,alors jeune homme, aété lui-même soldatàJemmapes, unedesgrandes
victoires delaRépublique de1792, avantdepasser àl’émigration, puisderevenir enFrance pourfairefigure
d’opposant convenable –et discret –àCharles X.
Le 31 juillet, ilapparaît aubalcon del’hôtel deville deParis àcôté duvieux LaFayette, danssondernier grandrôle.
Tous deux sesont entourés danslesplis d’un immense drapeautricolore, lascène faitsensation.
Avecça,on
habille l’entourloupe d’unpeudemodernité : notreducnesera pas« roi deFrance », ilsera « roi desFrançais », il
ne s’appellera niLouis XIX niPhilippe VII, maisLouis-Philippe I er
, et promet demoderniser lacharte pour
transformer lepays enune royauté constitutionnelle.
Àcause delarévolution quil’afait naître, laséquence qui
s’ouvre s’appelle « lamonarchie deJuillet ».
Lestenants del’ordre soupirent.
Lesrépublicains ontperdu la
manche, ilsresteront longtemps àespérer labelle.
La
monarchie deJuillet De
près étudié, lerégime n’estpassitranquille.
Leslégitimistes –ainsi qu’on appelle désormais ceuxquinejurent
que parleretour desrois légitimes (à
leurs yeux), c’est-à-dire lesBourbons –ne pardonnent pasaucousin félon
d’avoir raviletrône.
Lagauche luien veut deperpétuer lamonarchie.
Etde nombreux républicains, fautede
pouvoir faireentendre leurvoix publiquement, entrentdansdessociétés secrètes.
Onvoit semultiplier les
conspirations, lescomplots etles attentats, souventtrèsviolents, ourdispartoutes lestendances.
Avecça,la
dureté abominable desconditions detravail danslesateliers etles usines conduit àquelques terriblesexplosions
sociales.
Lesplus célèbres sontlesdeux révoltes descanuts deLyon, lesartisans delasoie.
En1831, puisen1834,
ils investissent Lyonpour protester contrelabaisse deleurs salaires, etleroi, pour toute réponse, faitenvoyer la
troupe.
Pour autant, malgrésongoût delarépression laplus musclée, lerégime sevit comme celuiduraisonnable, duni
trop nipas assez.
Onparlerait aujourd’hui decentrisme, ondisait àl’époque « lejuste milieu ».
Onapu dire
d’hommes d’Étatduxxe
siècle comme leprésident Giscardd’Estaing, oul’ancien Premier ministre Édouard
Balladur qu’ilsperpétuèrent cettetradition del’ orléanisme :
un peu demodernité danslamanière, aucun
changement dansl’ordre social,etune confiance absoluedanslesvertus delaprospérité économique –mais
uniquement celledespossédants, celas’entend.
Louis-Philippe seveut le« roi bourgeois » ; ildédaigne le
cérémonial ; onlevoit promener dansParis safameuse silhouette enforme depoire, portant aubras son.
»
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