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33 Trois rois, deux républiques, un empereur Un siècle d'histoire politique Les siècles des historiens ne correspondent jamais à ceux des mathématiques.

Publié le 06/01/2014

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histoire
33 Trois rois, deux républiques, un empereur Un siècle d'histoire politique Les siècles des historiens ne correspondent jamais à ceux des mathématiques. Pour eux, le xixe commence à la fin de l'Empire et se termine au début de la Première Guerre mondiale : 1814-1914. Au moins, en nombre d'années, le compte est-il rond. Politiquement, l'époque est plus tourmentée. Elle verra passer trois rois (Louis XVIII, Charles X puis Louis-Philippe), deux révolutions (celle de 1830 et celle de 1848), une république très éphémère (1848-1852), un nouvel empereur (Napoléon III), puis, après une guerre (la guerre franco-prussienne de 1870), le retour - définitif - de la république. Un vrai feuilleton à rebondissements. Tâchons d'en faire apparaître les lignes de force, elles nous aideront à mieux situer les grandes questions thématiques que nous traiterons ensuite. Ce survol intéressera aussi tous ceux qui ont l'esprit civique. Les noms des partis ont beaucoup changé depuis le xixe siècle, mais la vie démocratique prend peu à peu son essor à cette époque et c'est alors que se forment les grandes familles d'idées qui la structurent toujours aujourd'hui. Repères - 1814-1830 : la Restauration ; règne de Louis XVIII (mort en 1824) puis de son frère Charles X - 1830 (juillet) : les Trois Glorieuses, Louis-Philippe ier roi des Français, début de la monarchie de Juillet - 1848 (février) : révolution, début de la Seconde République - 1848 (décembre) : élection à la présidence de la République de Louis Napoléon Bonaparte - 1851 (2 décembre) : coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte - 1852 (2 décembre) : proclamation du Second Empire - 1870 (4 septembre) : déchéance de Napoléon III, proclamation de la république - 1871 (18 mars-28 mai) : la Commune - 1875 : vote des « lois constitutionnelles » qui établissent définitivement la Troisième République La Restauration Le retour des Bourbons commence donc par un faux départ. En avril 1814, juste après la première abdication de Napoléon, Louis XVIII, frère de Louis XVI, est monté sur le trône de France. En mars 1815, il en est déjà chassé par celui que les siens appellent « l'usurpateur », ce tenace petit Corse dont on n'arrive pas à se débarrasser, revenu de son île d'Elbe sous les vivats de ceux-là mêmes qui juraient deux mois plus tôt fidélité éternelle au nouveau roi. La parenthèse dure donc « cent jours », elle est close par Waterloo qui scelle la victoire définitive des Alliés. En juillet, le vieux Bourbon peut faire son deuxième retour. Le voici donc qui remonte sur le trône, auprès duquel reviennent à la hâte nombre de ceux qui l'avaient lâché quelques semaines plus tôt et acclamé un an avant. Un des best-sellers de l'époque s'appelle le Dictionnaire des girouettes - en ces temps où le vent avait tourné tant de fois, l'art du retournement tenait pour certains du génie. D'autres, trop éloignés des cercles du pouvoir, n'eurent pas la chance d'exercer le leur. Dans les provinces, et tout particulièrement dans celles du Sud, la « Seconde Restauration » commence, à l'été 1815, par une épuration horrible. Les royalistes extrémistes font régner la « Terreur blanche », ils massacrent tout ce qui de près ou de loin ressemble à un républicain ou à un bonapartiste. La suite est plus calme. Sous le sceptre bonasse de Louis XVIII, le régime se montre plus modéré qu'on aurait pu craindre. L'homme est sans charme et sans allure, obèse, rendu impotent par la goutte. Il ne peut monter à cheval. Bientôt ses jambes enflent tellement qu'il ne peut plus marcher du tout. On le dit en privé dur et égoïste, sauf pour son favori, le beau Decazes, qu'il fera ministre et à qui il cédera tout. Sa politique, elle, est prudente. Ses vingt-trois ans d'exil ne l'ont pas rendu aigri et revanchard, comme le sont devenus tant d'autres de ces émigrés dont il a partagé le sort. Au contraire, il est convaincu que son rôle, après tant d'années de guerres civile ou étrangère, est de réconciliation et d'apaisement. À l'instar de ses prédécesseurs, il se pense toujours un monarque de droit divin, mais, dès 1814, il a fait un petit pas en direction d'une monarchie constitutionnelle : il a « octroyé » aux Français une « charte » qui garantit certaines libertés - comme celle de la presse - et ouvre la voie à un début de vie électorale et parlementaire. On ne peut, bien sûr, parler de démocratie. Le vote est censitaire : seuls ceux qui paient un certain montant d'impôt y ont accès. Cela fait moins de 100 000 électeurs pour représenter un pays de 30 millions d'habitants. Les ministres ne sont responsables que devant le roi. Le pouvoir de la Chambre est limité, mais le goût du débat et de la contradiction s'y fait jour, et une partie de l'opinion se passionne pour les joutes qui y opposent deux des grandes tendances du moment : les libéraux - en qui nous verrions la gauche modérée - et les « ultras » - c'est-à-dire les ultrasroyalistes, en qui nous verrions la droite la plus radicale. Les premières élections favorisent plutôt les premiers. Les seconds l'emportent à partir des années 1820. Leur heure semble sonner en 1824. À la mort de Louis XVIII, son frère, le comte d'Artois, qui est le chef de leur coterie, devient roi sous le nom de Charles X. Politiquement, le personnage est assez fascinant. Il représente le type le plus achevé du réactionnaire, c'est-à-dire celui qui, littéralement, pense qu'on peut faire avancer l'histoire en revenant en arrière. Toutes les premières mesures qu'il prend ne visent qu'un but : effacer les trente-cinq ans d'horreur que son pauvre royaume vient de subir et lui faire reprendre le cours du temps dont il n'aurait jamais dû dévier, celui d'avant 1789. Pour montrer que Dieu l'a choisi, il renoue avec la pratique du sacre à Reims dans sa forme la plus traditionnelle, aucun rite n'est oublié, pas même l'onction par l'huile de la « sainte ampoule » apportée à Clovis par une colombe divine. Les révolutionnaires avaient pourtant tenu à la détruire, mais un « miracle » a permis d'en retrouver quelques gouttes. Le nouveau monarque fait voter des indemnités faramineuses aux émigrés qui avaient perdu leurs biens sous la Révolution. Il impose la « loi sur le sacrilège » qui punit de mort quiconque aurait profané des hosties consacrées. Il finit par tant exaspérer la Chambre, où la majorité a tourné, qu'il porte la tension avec elle à son comble. En 1830, il prend de force quatre ordonnances qui restreignent les libertés et dissolvent le Parlement. Ce sont les quatre gouttes qui font déborder la patience de l'opposition. On se met à manifester à Paris. Les polytechniciens, la jeunesse est dans la rue, le peuple dresse des barricades. Nous sommes les 27, 28 et 29 juillet, ce sont les « Trois Glorieuses », les trois journées de la révolution de juillet 1830, immortalisées par une toile fameuse de Delacroix (La Liberté guidant le peuple) et une colonne qui orne la place de la Bastille, à Paris. Charles X essaie de résister, il sent vite qu'il ne tient plus rien, il abdique et reprend le chemin de l'exil - une vieille habitude. Mais par qui le remplacer ? Parmi le peuple, beaucoup ont dressé les barricades en espérant la république. Nombreux, chez les bourgeois, sont ceux qui la redoutent : le cauchemar, les exactions, la guillotine vont donc recommencer ? Un petit groupe d'influents, parmi lesquels un jeune avocat marseillais ambitieux et plein d'avenir nommé Adolphe Thiers, en profite pour placer son candidat : le duc d'Orléans. L'homme paraît l'incarnation même du consensus du moment. Son père, du temps de la Révolution, était le rebelle des sang-bleu, on l'appelait Philippe Égalité, il avait voté la décapitation de son cousin Louis XVI. Son fils, le présent duc, alors jeune homme, a été lui-même soldat à Jemmapes, une des grandes victoires de la République de 1792, avant de passer à l'émigration, puis de revenir en France pour faire figure d'opposant convenable - et discret - à Charles X. Le 31 juillet, il apparaît au balcon de l'hôtel de ville de Paris à côté du vieux La Fayette, dans son dernier grand rôle. Tous deux se sont entourés dans les plis d'un immense drapeau tricolore, la scène fait sensation. Avec ça, on habille l'entourloupe d'un peu de modernité : notre duc ne sera pas « roi de France », il sera « roi des Français », il ne s'appellera ni Louis XIX ni Philippe VII, mais Louis-Philippe Ier, et promet de moderniser la charte pour transformer le pays en une royauté constitutionnelle. À cause de la révolution qui l'a fait naître, la séquence qui s'ouvre s'appelle « la monarchie de Juillet ». Les tenants de l'ordre soupirent. Les républicains ont perdu la manche, ils resteront longtemps à espérer la belle. La monarchie de Juillet De près étudié, le régime n'est pas si tranquille. Les légitimistes - ainsi qu'on appelle désormais ceux qui ne jurent que par le retour des rois légitimes (à leurs yeux), c'est-à-dire les Bourbons - ne pardonnent pas au cousin félon d'avoir ravi le trône. La gauche lui en veut de perpétuer la monarchie. Et de nombreux républicains, faute de pouvoir faire entendre leur voix publiquement, entrent dans des sociétés secrètes. On voit se multiplier les conspirations, les complots et les attentats, souvent très violents, ourdis par toutes les tendances. Avec ça, la dureté abominable des conditions de travail dans les ateliers et les usines conduit à quelques terribles explosions sociales. Les plus célèbres sont les deux révoltes des canuts de Lyon, les artisans de la soie. En 1831, puis en 1834, ils investissent Lyon pour protester contre la baisse de leurs salaires, et le roi, pour toute réponse, fait envoyer la troupe. Pour autant, malgré son goût de la répression la plus musclée, le régime se vit comme celui du raisonnable, du ni trop ni pas assez. On parlerait aujourd'hui de centrisme, on disait à l'époque « le juste milieu ». On a pu dire d'hommes d'État du xxe siècle comme le président Giscard d'Estaing, ou l'ancien Premier ministre Édouard Balladur qu'ils perpétuèrent cette tradition de l'orléanisme : un peu de modernité dans la manière, aucun changement dans l'ordre social, et une confiance absolue dans les vertus de la prospérité économique - mais uniquement celle des possédants, cela s'entend. Louis-Philippe se veut le « roi bourgeois » ; il dédaigne le cérémonial ; on le voit promener dans Paris sa fameuse silhouette en forme de poire, portant au bras son légendaire parapluie et soulevant son chapeau de l'autre main pour saluer les commerçants. En fait, il n'aime rien tant que les comptes et les banquiers. L'austère Guizot, son plus célèbre ministre, n'est pas fermé au peuple, il a favorisé l'instruction primaire en imposant à chaque commune de posséder au moins une école. Il a aussi donné le ton en lançant un jour sa plus célèbre formule : « Enrichissez-vous ! » Amasser du bien, donner au pays un destin d'épicier, tel est tout l'horizon. L'époque est gaie comme un conseil d'administration un jour de dividendes. Ceux qui n'y ont pas accès n'ont qu'à ronger leur frein. « La France s'ennuie ! », s'écrie bientôt Lamartine, le grand poète, et le plus célèbre leader de gauche de cette époque. À la fin des années 1840, le pays fait plus que se morfondre, il étouffe. L'opposition est muselée, le droit de réunion bafoué. Les républicains organisent des banquets, c'est le seul moyen qu'ils ont trouvé pour s'exprimer. Le gouvernement enrage. En février 1848, un de ces banquets est interdit à Paris. Le 22, les étudiants, bientôt joints par une foule immense, manifestent leur colère. Ils obtiennent un premier succès : le départ de Guizot. Le 23, une seconde manifestation dégénère ; la troupe tire, il y a des morts. Le 24, on promène les cadavres dans une charrette. Le 24, Louis-Philippe abdique, Lamartine proclame la république. Elle succède à celle de 1792. On pense qu'elle sera définitive et qu'il n'y en aura pas d'autre après, on l'appelle donc la Seconde République. La Seconde République Au départ, elle est généreuse. La révolution de 1789 ne jurait que par l'égalité et la liberté. Celle de 1848 adjoint la dernière carte du brelan : la fraternité. On veut cette fois changer le monde sans effusion de sang. Deux jours après la fin de la monarchie, la peine de mort en matière politique est abolie, puis bientôt l'esclavage. Dans les villages, les prêtres bénissent les arbres de la liberté. En ville, où le droit de réunion est redevenu total, la société est prise d'une inextinguible envie de paroles. On débat à n'en plus finir. Quelques pages magnifiques de L'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert rendent compte de ce joyeux bordel. Il n'est pas sans rappeler celui qui saisira la France cent vingt ans plus tard, en mai 1968. Il ne dure pas, hélas. Depuis son accouchement, le régime est boiteux. Au moment même de la révolution, deux gouvernements concurrents s'étaient formés dans Paris. Ils avaient vite décidé de s'unir pour n'en former qu'un seul, mais il était bien mal assorti. Depuis fin février, le pouvoir est donc partagé entre une tendance qu'on pourrait dire républicaine - avec des gens comme Lamartine, Arago, ou, à leur gauche, Ledru-Rollin - et une autre, plus franchement socialiste - représentée par des personnalités comme Louis Blanc ou son ami, le journaliste et fils du peuple qu'on appelle « l'ouvrier Albert ». Les seconds, au nom de leurs idéaux, ont poussé à proclamer un « droit au travail ». En a découlé l'idée de démarrer de vastes chantiers publics appelés à donner de l'ouvrage aux nombreux chômeurs que compte la ville : les « ateliers nationaux ». Leur mise en oeuvre est-elle sabotée par le haut, par ceux à qui le gouvernement demande de s'en occuper, et qui, comme par hasard, sont ceux qui en étaient les opposants de principe ? C'est ce que pensera plus tard la gauche. Sont-ils au contraire une utopie stupide, une chimère détachée de toute faisabilité économique et vouée par essence à l'échec, comme l'a pensé dès le départ la droite ? Le fait est que très vite, quelle que soit la cause du dysfonctionnement, ces ateliers se révèlent un gouffre financier ingérable. En juin, le gouvernement, poussé par l'assemblée conservatrice sortie des élections en avril, décide de leur fermeture. Émeutes de protestation de la part des ouvriers que la perte de ce maigre emploi rejette dans la misère. L'homme fort du gouvernement, le général Cavaignac, ne s'embarrasse guère de considérations philanthropiques : il envoie l'armée. La répression sera d'une férocité inouïe. En quelques jours, elle fera des milliers de victimes. Une haute muraille de cadavres et de sang qui crée une rupture totale entre les prolétaires et la jeune république. Les possédants soupirent de soulagement. Toujours cette même hantise, toujours cette « peur du rouge », un leitmotiv politique que l'on commence à entendre. Le « parti de l'ordre », conglomérat de monarchistes déguisés en républicains modérés, règne. En décembre 1848, comme la nouvelle Constitution l'a prévu, on organise une élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Moins de 1 % des voix pour Raspail, le socialiste ; à peine 5 % pour Ledru-Rollin, l'homme de gauche ; 19,5 % pour Cavaignac, le républicain autoritaire. La mise est raflée par un outsider surgi de nulle part : Louis Napoléon Bonaparte (1808-1873), 75 % des votes ! Un an auparavant, personne n'aurait parié cent sous sur cet obscur aventurier. Neveu de l'Empereur (il est fils de son frère Louis), il était, depuis la mort de l'Aiglon en 1832, le chef de la famille impériale. Qui croyait en son destin, sinon lui-même ? Par deux fois, il avait tenté de s'emparer du pouvoir grâce à des conspirations de vaudeville qui l'avaient conduit en prison. Depuis la révolution de Février, certains lui avaient concédé un rôle, celui d'utilité. « C'est un dindon qui se croit un aigle, c'est un crétin que l'on mènera », aurait dit Thiers, en le poussant dans le dos. Devenu le « prince-président » à quarante ans tout juste, le volatile se révèle futé. Il joue sur la corde du souvenir impérial qu'il teinte de vagues promesses sociales pour se gagner les coeurs cocardiers et les suffrages des couches populaires. Il se montre homme d'ordre et d'autorité pour rassurer les puissants. Partout, il tisse ses réseaux et place ses amis.
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« moment : leslibéraux –en qui nous verrions lagauche modérée –et les « ultras » –c’est-à-dire lesultrasroyalistes, en qui nous verrions ladroite laplus radicale. Les premières électionsfavorisent plutôtlespremiers.

Lesseconds l’emportent àpartir desannées 1820.Leur heure semble sonneren1824.

Àla mort deLouis XVIII, sonfrère, lecomte d’Artois, quiestlechef deleur coterie, devient roisous lenom deCharles X. Politiquement, lepersonnage estassez fascinant.

Ilreprésente letype leplus achevé du réactionnaire , c’est-à-dire celuiqui,littéralement, pensequ’onpeutfaireavancer l’histoire en revenant enarrière.

Touteslespremières mesuresqu’ilprend nevisent qu’unbut :effacer lestrente-cinq ans d’horreur quesonpauvre royaume vientdesubir etlui faire reprendre lecours dutemps dontiln’aurait jamaisdû dévier, celuid’avant 1789.Pourmontrer queDieu l’achoisi, ilrenoue aveclapratique dusacre àReims danssa forme laplus traditionnelle, aucunriten’est oublié, pasmême l’onction parl’huile dela« sainte ampoule » apportée àClovis parune colombe divine.Lesrévolutionnaires avaientpourtant tenuàla détruire, maisun « miracle » apermis d’enretrouver quelquesgouttes. Le nouveau monarque faitvoter desindemnités faramineuses auxémigrés quiavaient perduleursbiens sousla Révolution.

Ilimpose la« loi surlesacrilège » quipunit demort quiconque auraitprofané deshosties consacrées. Il finit partant exaspérer laChambre, oùlamajorité atourné, qu’ilporte latension avecelleàson comble.

En 1830, ilprend deforce quatre ordonnances quirestreignent leslibertés etdissolvent leParlement.

Cesont les quatre gouttes quifont déborder lapatience del’opposition. On semet àmanifester àParis.

Lespolytechniciens, lajeunesse estdans larue, lepeuple dressedesbarricades. Nous sommes les27, 28et29 juillet, cesont les« Trois Glorieuses », lestrois journées delarévolution de juillet 1830, immortalisées parune toile fameuse deDelacroix (La Liberté guidant lepeuple) et une colonne qui orne laplace delaBastille, àParis.

Charles X essaiederésister, ilsent vitequ’il netient plusrien, ilabdique et reprend lechemin del’exil –une vieille habitude.

Maisparquileremplacer ? Parmilepeuple, beaucoup ont dressé lesbarricades enespérant larépublique.

Nombreux,chezlesbourgeois, sontceux quilaredoutent : le cauchemar, lesexactions, laguillotine vontdonc recommencer ? Unpetit groupe d’influents, parmilesquels un jeune avocat marseillais ambitieuxetplein d’avenir nomméAdolphe Thiers,enprofite pourplacer soncandidat : le duc d’Orléans.

L’hommeparaîtl’incarnation mêmeduconsensus dumoment.

Sonpère, dutemps dela Révolution, étaitlerebelle dessang-bleu, onl’appelait PhilippeÉgalité,ilavait votéladécapitation deson cousin Louis XVI.

Sonfils,leprésent duc,alors jeune homme, aété lui-même soldatàJemmapes, unedesgrandes victoires delaRépublique de1792, avantdepasser àl’émigration, puisderevenir enFrance pourfairefigure d’opposant convenable –et discret –àCharles X. Le 31 juillet, ilapparaît aubalcon del’hôtel deville deParis àcôté duvieux LaFayette, danssondernier grandrôle. Tous deux sesont entourés danslesplis d’un immense drapeautricolore, lascène faitsensation.

Avecça,on habille l’entourloupe d’unpeudemodernité : notreducnesera pas« roi deFrance », ilsera « roi desFrançais », il ne s’appellera niLouis XIX niPhilippe VII, maisLouis-Philippe I er , et promet demoderniser lacharte pour transformer lepays enune royauté constitutionnelle.

Àcause delarévolution quil’afait naître, laséquence qui s’ouvre s’appelle « lamonarchie deJuillet ».

Lestenants del’ordre soupirent.

Lesrépublicains ontperdu la manche, ilsresteront longtemps àespérer labelle.

La monarchie deJuillet De près étudié, lerégime n’estpassitranquille.

Leslégitimistes –ainsi qu’on appelle désormais ceuxquinejurent que parleretour desrois légitimes (à leurs yeux), c’est-à-dire lesBourbons –ne pardonnent pasaucousin félon d’avoir raviletrône.

Lagauche luien veut deperpétuer lamonarchie.

Etde nombreux républicains, fautede pouvoir faireentendre leurvoix publiquement, entrentdansdessociétés secrètes.

Onvoit semultiplier les conspirations, lescomplots etles attentats, souventtrèsviolents, ourdispartoutes lestendances.

Avecça,la dureté abominable desconditions detravail danslesateliers etles usines conduit àquelques terriblesexplosions sociales.

Lesplus célèbres sontlesdeux révoltes descanuts deLyon, lesartisans delasoie.

En1831, puisen1834, ils investissent Lyonpour protester contrelabaisse deleurs salaires, etleroi, pour toute réponse, faitenvoyer la troupe. Pour autant, malgrésongoût delarépression laplus musclée, lerégime sevit comme celuiduraisonnable, duni trop nipas assez.

Onparlerait aujourd’hui decentrisme, ondisait àl’époque « lejuste milieu ».

Onapu dire d’hommes d’Étatduxxe  siècle comme leprésident Giscardd’Estaing, oul’ancien Premier ministre Édouard Balladur qu’ilsperpétuèrent cettetradition del’ orléanisme  : un peu demodernité danslamanière, aucun changement dansl’ordre social,etune confiance absoluedanslesvertus delaprospérité économique –mais uniquement celledespossédants, celas’entend.

Louis-Philippe seveut le« roi bourgeois » ; ildédaigne le cérémonial ; onlevoit promener dansParis safameuse silhouette enforme depoire, portant aubras son. »

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