29 Auprès de Marion, dont les pas résonnaient, Yvan gravissait l'escalier qui conduisait à son appartement.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
— Je
pensais êtrelaseule àavoir faim !
Il allongea lebras pour atteindre sonMP3, etfitdéfiler destitres dechansons avantdepresser la
touche « lecture ».
It
Could Happen toYou, de
Diana Krall.Yvan reposa leboîtier ets’adossa au
canapé, leverre àla main.
Enface delui, Marion rencontrait desdifficultés avecsagarniture depizza.
Elle renonça àdécouper uneportion defromage fonduetl’avala stoïquement, enveillant àne pas le
laisser filersurson menton.
Puisellerepoussa l’assietteencarton etadopta lamême position qu’Yvan,
jambes allongées, nuqueinclinée contrel’assise ducanapé.
DianaKrallfaisait sonshow.
Yvan
ronronnait presque.Toutallait pourlemieux danslemeilleur desmondes.
— Tu croisqu’on yarrivera ? ditsoudain Marion.
— Tu endoutes ?
Elle fitnon delatête avant dedéclarer :
— Et sion met lamain suruntrésor, destoiles demaîtres oujene sais quoi d’autre, onengardera
un peu pour nous…
Une enfant.
— On negarde paspour soides découvertes pareilles,Marion.Çaintéresse d’abordla
communauté scientifique,etforcément lesautorités.
Etpuis, ceserait tropdangereux.
— Dangereux ? — Tu n’aspasidée desconvoitises quesuscitent certaines œuvresd’art.Jesuis bien placé, hélas,
pour savoir lesdrames qu’elles peuvent engendrer.
Etce après quoinous courons s’annonce trop
sérieux pourquenous agissions sansprécautions.
Une expression àla fois triste etdésabusée apparutsurson visage.
MaisMarion n’eutpasletemps
de s’y arrêter.
Lespremières notesde Isn’t
This aLovely Day ? la
frôlaient deleurs ailes.
Elle
frissonna.
Yvans’était relevé pourdébarrasser latable.
L’heure étaitvenue deseremettre autravail.
Marion pritses affaires.
Elledisposa chacundescroquis, plansetfeuilles qu’ilsavaient crayonnés dans
la journée.
Ilspassèrent enrevue l’ensemble deshypothèses etdes analyses formulées depuisledébut.
Marion fitune pause pourconsulter unouvrage danslabibliothèque.
Effleurantdesdoigts lestranches
dorées deslivres lesplus anciens, elles’émerveilla devantcertains volumes raresetse demanda d’où
Yvan lestenait.
— Fais attention àcelui-ci, ilne m’appartient pas.Unami conservateur aeu lagentillesse dele
sortir deses archives pourmesbesoins personnels, maisc’estcontraire àson règlement.
— Voilà lesecret devos savants commentaires, monsieurSauvage, luisouffla-t-elle àl’oreille.
Diane Krallavait enchaîné sur Come
Dance WithMe.
Yvan
traçadenouvelles lignessurune carte deFrance qu’ilvenait d’imprimer, puisduttravailler sur
plusieurs autres,toujours plusdétaillées, entrelarégion parisienne etlaville deReims.
Marioncreusait
de son côté, explorant dessites webetles ouvrages àsa disposition.
Labouteille devin aux trois quarts
vide netrouvait plusd’amateur.
Lesyeux deMarion commençaient àpapillonner.
Elleregarda l’heure :
une heure dix-sept.
DianaKralls’était tuedepuis longtemps, sansquepersonne n’yaitprêté attention.
Marion seleva etrangea sonsac.
— Je croisquej’enaiassez faitpour aujourd’hui.
Yvan pointa dubout desarègle uneville qu’il avait entourée sursadernière carte.Marion pencha
la tête.
— C’est àmi-chemin entreReims etParis, sije ne m’abuse, dit-elle.
— Précisément, toujourscettenotion demilieu.
Il la raccompagna jusqu’àlaporte.
Cefutelle quiprit l’initiative.
Elleeffleura sajoue delamain et
déposa unpremier baisersurses lèvres, avantdeles goûter avidement, puis,sansunmot, elles’éclipsa
dans l’escalier.
Yvanreferma laporte, sedemandant s’ilsavaient réellement échangécebaiser ousi
l’alcool etlafatigue avaient trompésessens.
Ilflottait littéralement.
Soulagé,peut-être.
Déconcerté,
sûrement.
Ils’approcha delafenêtre.
Lacarrosserie sombredelaBMW s’engageait aumilieu delarue.
C’est àpeine s’ilremarqua qu’uneautrevoiture avaitprisson sillage.
Marion sesentait légèrement grisemaiscalme, etpour lapremière foisdesavie enpaix avec elle-
même.
Cebaiser l’avaitdélivrée d’unsort.
Labelle endormie.
Ellesourit.
Yvann’était pasleprince des
contes, maisilétait charmant, etpresque malgrélui.Elle enclenchait lesvitesses avecdouceur etroulait
dans Paris lavéparlapluie.
Ellefranchit laSeine, remonta l’avenue Winston-Churchill, jetantunœil sur
les ombres duPetit Palais, sanss’inquiéter desphares quiscintillaient danssonrétroviseur.
Ellealluma
la radio ettomba surunconcerto deChopin.
Voilàquedeslarmes luivenaient.
Elleessuya ses
paupières.
C’étaitidiot.Unfeu passa aurouge.
Ellesemit aupoint mort.
Soudain, l’émotion la
submergea.
Cettefois,d’irrépressibles sanglotsl’emportèrent.
Derrièreelle,onseretint deklaxonner.
Elle démarra lentement etprit des rues étroites, laissantcouriralternativement surson visage lalueur
orangée deslampadaires etde furtives ténèbres.
Uninstant, ellecrut toucher aufond d’elle-même, làoù
se tenaient tapissesfantômes.
Mais,cesoir-là, ellen’yrencontra qu’unsoupir quiavait leparfum du
bonheur.
Portéeparlamusique deChopin, sonâme s’était miseàdanser..
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