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23 Les Aigles de Babylone.

Publié le 06/01/2014

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babylone
23 Les Aigles de Babylone. C'était le nom que ces salauds se donnaient. Gloire aux gars de l'ATF : il leur avait fallu moins de dix minutes pour obtenir l'info, après que Villaverde eur eut transmis la photo du tatouage. Ils avaient également une adresse pour le local des Aigles à San Diego, a section mère de la bande. Le club-house jouxtait un garage leur servant de façade dans une petite rue errière El Cajon Boulevard, à La Mesa. Cette adresse ne me disait rien mais je l'entrai sur mon GPS et je me is en route. Villaverde me retrouverait là-bas avec des renforts : Brigade d'intervention de chez nous, ATF et olice locale. De retour sur l'autoroute, je fonçai vers le nord, un chargeur plein dans mon Browning, un gyrophare bleu ur le toit de ma voiture et le pied au plancher. En espérant que j'arriverais là-bas avant tout le monde. 24 Walker fut pris d'un vertige qu'il n'avait jamais connu auparavant. Bâti comme un ours, il avait été blessé au combat, des années plus tôt. La chair meurtrie par des balles et es éclats d'obus, il était revenu dans l'armée et était retourné au feu. Depuis qu'il était rentré du Golfe et qu'il vait fondé les Aigles, il avait connu son lot de situations risquées. Il avait affronté toutes sortes de lames, outes sortes de bastons, du coup-de-poing américain à la batte de base-ball. Il savait encaisser. On ne le urnommait pas Wook uniquement à cause de son épaisse tignasse rebelle et de son bouc. Ce qu'il ressentait cette fois était différent. Il tombait en tournoyant, il se vidait de son sang. Il le savait. Mais cela ne s'accompagnait d'aucune douleur ormale. C'était une sensation bien plus pénible, une souffrance étrange, interne. Navarro lui avait expliqué que 'était une douleur viscérale qui provenait de l'organe même et ne se transmettait pas par la moelle épinière. Une douleur qui vous rongeait de l'intérieur. Il n'avait pas tenu le coup, il avait dit à Navarro ce qu'il voulait savoir. Et maintenant, il était prêt à mourir. Il n'avait plus envie de vivre. Pas comme ça. -- C'est quoi, fi... finalement, ce bordel ? balbutia-t-il, presque incapable d'articuler. Qu'est-ce que tu cherches ? Navarro baissa les yeux vers lui en s'essuyant les mains à un chiffon. -- Tu ne le sauras jamais, amigo. Mais qui sait ? Peut-être dans une autre vie... Il lança le chiffon à l'un de ses gorilles et quand sa main réapparut elle tenait un pistolet. -- Vaya con dios, cabrón. Sans la moindre hésitation, il pressa l'extrémité du silencieux entre les yeux de Walker et appuya sur la détente.   Navarro se redressa, tira sur sa veste et la lissa de la main, remit l'arme au sicario le plus proche. -- Allez chercher notre invité, ordonna-t-il en espagnol. Ensuite, on va récupérer le dénommé « Scrape ». 25 Je n'arrivai pas le premier. Et à en juger par le nombre de rampes lumineuses et de gyrophares qui m'accueillirent quand je quittai El Cajon pour tourner dans la rue, nous étions tous arrivés trop tard. Deux voitures-radio et plusieurs véhicules banalisés étaient déjà disséminés devant le garage, sans compter une autre voiture blanc et noir et une ambulance. Deux agents s'efforçaient d'entourer les lieux d'un ruban jaune tout en repoussant une foule croissante de curieux. Je garai ma LaCrosse aussi près que je pus et fis le reste à pied, montrai ma carte à l'un des policiers qui s'approchaient pour me bloquer le passage. Je trouvai Villaverde de l'autre côté de la cour du garage, devant ce qui devait être l'entrée du club-house, discutant avec des gars du shérif et deux mécanos en combinaison bleue. Il se détacha du groupe et se dirigea vers moi. -- Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je. -- Viens, répondit-il simplement en passant devant moi. Désignant du pouce un des mécaniciens, il ajouta : -- Un des aspirants les a découverts et a appelé. C'est pas joli à voir. Les « aspirants » étaient des gars qui, à force de traîner autour du club, en étaient devenus membres potentiels. Ils étaient en période d'essai et n'avaient pas encore gagné leur insigne. David me fit franchir une porte latérale pour pénétrer dans le club-house. L'abattoir, plutôt. Je dénombrai six cadavres gisant çà et là dans la grande salle. Cinq d'entre eux figés dans une mise en scène grotesque de la mort. Du travail de pro : une ou deux balles dans la poitrine, une de plus entre les yeux pour les achever. Le sixième, c'était autre chose. Un colosse avec de longs cheveux gras et un bouc broussailleux, allongé sur le dos au milieu de la pièce. Comme les autres, il portait une veste en denim aux manches coupées et avait pris une balle dans la tête. Mais on lui avait tranché plusieurs doigts que je repérai, éparpillés sur le sol, comme des mégots de cigarette. Ce qui attirait l'attention, cependant, c'était son entrejambe. On lui avait baissé son slip et coupé le sexe. Il ne restait qu'une plaie innommable au-dessus d'une flaque de sang qui avait coulé entre ses jambes, jusqu'à ses pieds. Mes entrailles se tordirent et je ne cherchai pas des yeux où se trouvait maintenant la partie manquante du corps. Je me tournai vers Villaverde. Il me rendit un regard qui reflétait mes pensées. Un nouveau joueur était entré dans la partie. Et il fallait requalifier l'affaire à un tout autre niveau. Après avoir laissé une seconde à mes tripes pour se remettre, je demandai : -- Les gars du garage ont vu quelque chose ? David haussa les épaules. -- Le type qui a prévenu la police a vu une voiture s'éloigner. Un 4 × 4 noir aux vitres teintées. Un gros engin, comme un Escalade, mais il ne pense pas que c'était un Cadillac. Il marqua une pause et reprit : -- Il y a autre chose qu'il faut que tu voies... Mes yeux inspectèrent la salle pendant qu'il me la faisait traverser. Sur le mur de gauche, derrière un canapé en cuir, j'avisai un poster de l'insigne du club, celui qui était tatoué sur l'épaule de la Torche. Il y avait un bar, un piano droit et, plus loin, une sorte de salle de réunion avec, curieusement, une rangée de battes de base-ball accrochées à côté de l'encadrement de la porte. Quelque chose attira mon oeil. Sur le mur du fond, derrière un billard. Une série de photos encadrées. -- Attends, dis-je. Je m'approchai pour les examiner. C'était le genre de photos de guerre qui ne m'étaient que trop familières, des gars marqués par les combats souriant à l'objectif en faisant un V avec leurs doigts sur la toile de fond d'un désert intemporel. Sur l'une d'elles, le motard mutilé se tenait fièrement avec deux autres troufions devant un arrière-plan apocalyptique fait de chars éventrés par des obus à uranium appauvri et de puits de pétrole en flammes. Manifestement l'Irak, soit au début des années 1990, soit deux ans après le 11 Septembre. A côté de la galerie des anciens combattants, une douzaine de portraits de mêmes dimensions étaient disposés sur deux rangées. Des photos anthropométriques en noir et blanc, format 20 × 12, de ce que je supposai être les membres à part entière du club. Je reconnus immédiatement plusieurs d'entre eux : celui qui venait d'être émasculé ; le type qui avait descendu Michelle et que j'avais plié en deux ; la Torche ; la Mouche, également, arborant une expression de défi. Comme les autres, il tenait devant lui une tablette noire portant le numéro qu'on lui avait attribué au moment de son arrestation et l'endroit où cela s'était fait, en l'occurrence dans les locaux de la police de La Mesa. Il s'agissait d'une affaire locale, et s'il ne figurait pas déjà dans le dossier de l'ATF que Villaverde avait dans son portable, nous n'aurions pas de problème à trouver son vrai nom.
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« 24 Walker futpris d’un vertige qu’iln’avait jamaisconnuauparavant. Bâti comme unours, ilavait étéblessé aucombat, desannées plustôt.Lachair meurtrie pardes balles et des éclats d’obus, ilétait revenu dansl’armée etétait retourné aufeu.

Depuis qu’ilétait rentré duGolfe etqu’il avait fondé lesAigles, ilavait connu sonlotde situations risquées.Ilavait affronté toutessortesdelames, toutes sortesdebastons, ducoup-de-poing américainàla batte debase-ball.

Ilsavait encaisser.

Onnele surnommait pasWook uniquement àcause deson épaisse tignasse rebelleetde son bouc. Ce qu’il ressentait cettefoisétait différent. Il tombait entournoyant, ilse vidait deson sang.

Ille savait.

Maiscelanes’accompagnait d’aucunedouleur normale.

C’étaitunesensation bienpluspénible, unesouffrance étrange,interne.Navarro luiavait expliqué que c’était unedouleur viscérale quiprovenait del’organe mêmeetne setransmettait pasparlamoelle épinière. Une douleur quivous rongeait del’intérieur. Il n’avait pastenu lecoup, ilavait ditàNavarro cequ’il voulait savoir.

Etmaintenant, ilétait prêtàmourir.

Il n’avait plusenvie devivre. Pas comme ça. — C’est quoi,fi…finalement, cebordel ?balbutia-t-il, presqueincapable d’articuler.

Qu’est-cequetu cherches ? Navarro baissalesyeux versluien s’essuyant lesmains àun chiffon. — Tu nelesauras jamais, amigo . Mais quisait ?Peut-être dansuneautre vie… Il lança lechiffon àl’un deses gorilles etquand samain réapparut elletenait unpistolet. — Vaya condios, cabrón . Sans lamoindre hésitation, ilpressa l’extrémité dusilencieux entrelesyeux deWalker etappuya surla détente.

  Navarro seredressa, tirasursaveste etlalissa delamain, remitl’arme au sicario le plus proche. — Allez chercher notreinvité, ordonna-t-il enespagnol.

Ensuite,onvarécupérer ledénommé «Scrape ».. »

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