22 Louis XIV en majesté Mazarin meurt dans la nuit du 9 mars 1661.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document


«
beaucoup
àHenri III.
Ledroit divin, enfin, leprécède.
Ilest supposé, danslamythologie miseenplace parles
Capétiens, remonteraubaptême deClovis.
Ila, en réalité, étélentement élaboréaucours duMoyen Âge.Cesont
les juristes deCharles V quil’ont théorisé : enpleine guerre deCent Ans,alors queletrône étaitconstamment
menacé parlecousin anglais, ilétait prudent demettre Dieudeson côté.
Depuis bienpluslongtemps (c’estattesté
depuis SaintLouis), onreconnaît auxsouverains, dèslelendemain dusacre, lespouvoirs quasimiraculeux que
cette onction duCiel leur aconférés : celuideguérir lesécrouelles, uneforme detuberculose donnantd’affreux
ganglions aucou.
Tous lesrois, quecepouvoir faitappeler desrois thaumaturges (littéralement :
opérateurs
de miracles), seplient, lorsdesgrandes fêtesreligieuses, àde longues cérémonies durantlesquelles ilsimposent
les mains surdes centaines, parfoisdesmilliers demalades enprononçant laformule consacrée : « Leroite
touche, Dieuteguérit. »
Louis XIV concentre, cristallisetoutcelad’une façonextraordinaire.
Leshistoriens affirmentqu’iln’ajamais
prononcé laphrase qu’onluiprête : « L’État, c’estmoi. » Quelle importance ? Toutesapolitique l’incarne.
Toutes
ses actions sontconduites aunom delaraison d’État, etlui seul enconnaît lesmystères.
Iln’est secondé par
personne danscette tâche etdans aucun dossier.
Ilaccepte, pargrandeur d’âme,d’« être aidédesconseils » de
ceux àqui illes demande, nuance.Etqui oserait s’opposer àses volontés ? Ellessontcelles deDieu lui-même, dont
il est lelieutenant surTerre.
Bossuet (1627-1704), évêquedeMeaux, précepteur dudauphin etidéologue enchef
du régime, secharge dedonner sasainte bénédiction àtoutes cesconceptions : « Dieuamis dans lesprinces
quelque chosededivin », écrit-ildansundes livres qu’ilpublie pourbénir encore etencore cemaître donton
oserait écrirequ’ill’idolâtre, sil’idolâtrie n’étaitunhorrible péchédepaïens.
Que direaussi del’incroyable longévitédecerègne ! Louisestroien1643, prend lepouvoir effectifen1661 etne
le cède qu’àsamort, en1715.
Imaginons lamême choseauxxxe
et xxie
siècles.
Celasignifierait unenfant arrivé
sur letrône sousPétain, gouvernant àl’époque deDe Gaulle etréglant toujours lemoindre dossier,lamoindre
directive, aprèsSarkozy.
Il ya de laprouesse danstoutcelaeton peut comprendre qu’elleentraîne unecertaine fascination.
Commentne
pas voir aussi combien cettefascination aveugle ?Ilse publie chaque annéedesquantités delivres surle« Grand
Siècle », commeonl’appelle.
Cesont presque toujours deslivres de fans .
À les parcourir, onale sentiment que,
trois siècles aprèssamort, onnes’autorise toujoursàparler deLouis XIV quecomme onenparlait deson vivant,
pour entisser dedélirantes louanges.Onforce unpeu letrait, biensûr.Lesgrands historiens tranchent.
L’excellent
Pierre Goubert, parexemple, dontonnesaurait tropconseiller lelivre leplus célèbre 1
, remarquable d’intelligence
et d’érudition.
Saqualité première estprécisément detenir toujours, vis-à-visdeson sujet, unesaine distance
critique.
N’ose-t-il pas,dèslapréface qu’ilécrit pour unenouvelle publication deson ouvrage, cepetit crime de
lèse-majesté : « L’hommejeuneavaitdelaséduction […],levieillard infiniment dedignité […].L’homme mûr,ivre
d’encens, cassant,vaniteux, souventsot,m’a toujours paruassez insupportable. » Ilavait prévenu quelques lignes
auparavant : « Peut-êtreàtort, mais sincèrement, j’aitoujours penséqueletravail del’historien neseramenait
pas àl’exaltation desgloires nationales. » Queldommage quedans lalittérature historique, etsurtout danssa
variante populaire, tantd’autres nel’entendent pas !Quedeflatteries ! Qued’extases ! Aveceux,onale
sentiment qu’onnepeut visiter lerègne deLouis XIV quecomme onvisite Versailles, ensesentant obligéde
lancer desoh ! etdes ah ! admiratifs devantchaque marche, chaqueescalier, chaquestatue.Allons ! Nous
sommes enrépublique, non ?Onaquand même ledroit detrouver Versailles unpeu trop doré, unpeu trop
pompeux, etpour toutdiresouvent lourdingue sanssefaire traiter demauvais Français.
Essayons donclamême
chose avecleGrand Roiou, pour l’instant, aveclesystème politique qu’ilamis enplace.
(Nousétudierons les
aspects culturels oumilitaires dansleschapitres suivants.) Ilne s’agit pas,àce propos, desombrer dansundélire
de dénigrement.
Àquoi celaservirait-il ? L’absolutisme acoulé depuis silongtemps.
Ils’agit simplement dene pas
oublier quecette façon degouverner aaussi biendesdéfauts etquelques aspectsfranchement ridicules.
Reprenons enguise d’exemple troistraits déjàévoqués.
Les
grands serviteurs Louis XIV,
donc,neveut àson conseil niévêque niprince dusang mais defidèles etloyaux ministres issusd’enbas,
qu’il afait monter jusqu’àlui.Les historiens duxixe
siècle ontvoulu fairedeceux-là l’incarnation delanouvelle
classe montante, labourgeoisie, etlemodèle desbons serviteurs entièrement dévouésàleur roietàleur pays.
À
leur roi,c’est sûr.Quioserait, alors,nepas l’être ? Àleur pays, celamérite nuance.
Parmi cesnoms quetout lemonde connaît (quellevilleneles célèbre pasavec unerue, uneplace ouun
boulevard ?), certainssontdignes deleur postérité.
AinsiVauban (1633-1707), ingénieur,hommedeguerre.
Ilest
célèbre pourlesfortifications qu’ilafait construire toutlelong desfrontières duroyaume, cette« ceinture defer »
qui leprotège, depuisGravelines ouBergues, aunord, jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, danslesPyrénées, ou
Antibes, surlaCôte d’Azur.
L’homme étaitungrand bâtisseur, laplupart deces constructions, avecleurfameux
« plan enétoile » conçupourrésister auxboulets, sontencore là,trois cents ansplus tard, pourentémoigner.
On.
»
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