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Wystan Hugh Auden 1907-1973 Né à York, fils d'un médecin et d'une mère très dévote, Auden apporta à la poésie anglaise une sensibilité aiguë, angoissée, une haute intelligence et un don de synthèse exceptionnel, qui auraient pu laisser leur marque dans bien d'autres domaines.

Publié le 05/04/2015

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Wystan Hugh Auden 1907-1973 Né à York, fils d'un médecin et d'une mère très dévote, Auden apporta à la poésie anglaise une sensibilité aiguë, angoissée, une haute intelligence et un don de synthèse exceptionnel, qui auraient pu laisser leur marque dans bien d'autres domaines. Issu de cette bourgeoisie aisée des Midlands, il reçoit l'éducation typique de l'intellectuel anglais ; pensionnat dans une de ces fameuses " public schools ", suivi d'études supérieures à Oxford et de divers voyages en Europe ; il en sort particulièrement marqué de l'influence de l'Allemagne et de l'Italie. Formation, en somme, qui rappelle celle des poètes de la Renaissance. Lettres et langues anciennes et modernes, philosophie, économie, beaux-arts, rien n'échappe à sa curiosité insatiable. Plus tard, sa forte tête prématurément grise évoquait, déjà à quarante ans, celle du Docteur Faust, avec ces beaux yeux brûlants et brûlés contemplant tristement le monde, et ces rides comme une écriture secrète sillonnant un visage anormalement fatigué, patient et puissant, désabusé mais tendre. Mais cette lassitude n'est qu'apparente : ce poète la porte comme une sorte de distinction que confère une existence bien remplie, généreusement abandonnée à l'expérience, à la lutte, à la soif de la vérité et de la justice, à la création d'une belle oeuvre. C'est ce profond regard de sage vulnérable, tout imprégné de souffrance et de joie, que nous retrouvons partout dans ses ouvrages.
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« On attendait donc dans l'impatience les nombreux ouvrages qui, pendant cette décennie, sortaient de sa plume ensorcelée.

Voici The Orators, journal héroïque, genre un peu Saint-Exupéry, mais légèrement décevant ; puis, Look, Stranger (1936), poèmes vibrants célébrant l'amour tout en esquissant un remarquable panorama de son pays.

Sa grande ode, Spain, l'un des poèmes les plus mémorables du siècle, interprétait sous une forme symphonique le drame espagnol qui a servi de catalyseur à sa génération.

Vint après son délicieux Trip to Iceland, pétillant d'esprit et d'humour : ici, il s'affuble du manteau de Byron pour se donner des allures de Childe Harold ; là, dans des vers cocasses, il emprunte le style de Villon pour léguer à ses amis d'Oxford des biens imaginaires.

Puis ce fut Journey to a War, description en prose et en vers de sa visite en Chine qui nous rappelle sa volonté de rapprocher la poésie du reportage. À la veille de la guerre, pour des raisons sans doute très personnelles mais où il entrait un certain dégoût de l'Europe pour avoir abandonné l'Espagne à l'assassin, Auden avait déjà élu domicile en Amérique.

Sur le coup, cet éloignement, cette évasion, ont frappé ses contemporains comme une trahison.

Nous avions trop compté sur lui pour faire front avec nous contre l'ennemi fasciste qu'il avait été le premier à dénoncer.

J'ai exprimé ailleurs à cette époque (dans Auden and Afler) cette déception (mal comprise des jeunes d'aujourd'hui), à laquelle venait s'ajouter un autre sujet d'inquiétude : ce poète qui avait de si profondes racines en Angleterre, comment pourrait-il écrire quelque chose de valable, là-bas ? Ces craintes étaient en partie bien justifiées.

Son exil a mis fin, par exemple, à son théâtre expérimental.

Il avait débuté avec The Dance of Death, allégorie de la mort d'une société méchamment capitaliste.

Vint ensuite The Dog beneath the Skin, allégorie politique prêchant une doctrine semblable mais que rachètent quelques scènes d'un comique ineffable. The Ascent of F6 (1936) est le drame psychologique de la jeunesse immolée aux fausses valeurs d'une société cruellement égarée.

Finalement, l'émouvant On the Frontier mettait en scène deux familles “ ennemies ”, partageant la même maison que traverse la frontière entre deux pays en état de guerre.

Toutes ces pièces, créées en collaboration avec Isherwood, sont marquées de l'influence de Lorca, Toller, Brecht, mais pourtant très originales.

Écrites en un mélange de vers et de prose, pathétiques et comiques à la fois et manifestant toujours une énorme vitalité lyrique, elles avaient toutes les qualités requises pour la création d'un théâtre populaire mais intelligent.

La mort de cette collaboration a été un désastre.

Depuis, il est vrai, Auden a fait pour Britten le libretto superbe du Rake's Progres ; il a traduit en anglais le Don Giovanni de Da Ponte. En 1940, Auden a sorti son meilleur recueil, Another Time, son adieu à l'Europe où il évoque l'essence de la civilisation occidentale. New Year Letter (1941), espèce de traité ou testament politique en vers, est peut-être moins réussi.

Désormais la manière et les préoccupations d'Auden devaient subir une transformation.

Depuis la mort de sa mère, en 1941, il est obsédé par le problème religieux. For the time being (1947) renferme un brillant commentaire de la condition humaine (sous forme d'une sorte d'épilogue à La Tempête de Shakespeare) et un bel ouvrage religieux, le “ mystère ” du Christmas Oratorio. Son scénario quasi dramatique The Age of Anxiety sonde les abîmes de la solitude de l'homme moderne et semble annoncer les Beatnik : les échos de divers philosophes de l'existence y sont peut-être trop apparents.

Depuis, ses divers recueils (Nones, 1951 ; The Shield of Achilles, 1955 ; Homage to Clio, 1960) offrent une poésie plutôt hermétique, bien que parfois légère : formes complexes, langage volontairement abstrait, syntaxe noueuse et touffue, strophes. »

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