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Wols 1913-1951 Un peu plus de dix ans après sa mort prématurée à Paris (le 1er septembre 1951), Wols apparaît dans la plénitude de sa gloire.

Publié le 05/04/2015

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Wols 1913-1951 Un peu plus de dix ans après sa mort prématurée à Paris (le 1er septembre 1951), Wols apparaît dans la plénitude de sa gloire. La rétrospective de la XXIXe Biennale de Venise (1958) consacra son triomphe posthume en présentant au public international les oeuvres de la grande période de maturité, de 1946 à 1951. Ces quelques années ont suffi à asseoir sa renommée et à en faire le protagoniste européen de l'abstraction lyrique. Il y a désormais un mythe Wols qui répond outre-Atlantique au mythe Pollock : ces deux pionniers de notre art moderne ont été d'ailleurs presque exactement contemporains dans leurs culminances (la période de maturité de Pollock, avant l'amorce de la brève déchéance finale, s'étendant de1946 à 1953). Celui qui -- pour employer la terminologie de Michel Tapié -- devait être " le catalyseur d'une non-figuration lyrique, explosive, antigéométrique, informelle ", s'appelait selon l'état civil Otto Alfred Wolfgang Schultze. Des trois premières lettres de son prénom jointes à l'initiale de son nom il devait composer un étrange monosyllabe, pseudonyme sous lequel il est passé à la postérité. Né à Berlin mais élevé à Dresde, ville natale de son père, chef de Chancellerie de l'État de Saxe, il suivra de près les mouvements qui sillonnent l'Allemagne de l'entre-deux-guerres. De cette formation allemande naîtra le germe de sa personnalité originale, en proie au drame de l'homme trop doué, qui s'intéresse à tout, qui réussit trop aisément dans tous...

« notations fouillées, précises, d'un expressionnisme anecdotique et caricatural.

Ensuite le ton change : le moment est venu pour Wols d'expliciter la leçon d'une dure expérience et son précieux fruit, la conscience aiguë d'une sauvegarde possible de l'humain dans le dépassement apparent de la contingence. Certaines œ uvres exécutées pendant les dernières années de la guerre témoignent bien de cette redécouverte de la même nature essentielle et de ses rythmes profonds.

Les intentions s'affirment : c'est à son maître Klee que Wols empruntera la sûreté du trait, le goût de la notation vermiculaire au service d'une imagination synthétique.

Les paysages imaginaires, graphies minutieuses et ébouriffées de villes de rêve, surgissent à une cadence croissante, en alternance avec les schèmes érotiques ou insolites caractéristiques de sa période expressionniste. Retourné à Paris à la Libération, Wols ne pouvait qu'assumer par son constant témoignage les conséquences métaphysiques de sa conception de la condition humaine.

Là se situe sa rencontre avec l'existentialisme sartrien.

Pour Wols la théorie rejoignait les faits.

Il y trouvait une justification supplémentaire de son refus de la contingence, une analyse du règne de l'en soi, la projection existentielle de l'être dans le cosmos.

La vision de Wols diffère par ailleurs du sens primaire de l'absurde kafkaïen.

Toute culpabilité diffuse en est absente ; au contraire le souci constant de l'artiste est de préserver au sein de sa création, au niveau de la liberté d'indifférence, les éléments de transcendance nécessaires à toute poésie.

Le peintre sauvegarde la possibilité dernière d'un cri triomphant, acte d'amour et d'universelle communion, très proche de la mystique taoïste dont il s'imprègne.

Cette disponibilité affective débouche aussi sur un réalisme fantastique du quotidien, ce qui devait le rapprocher de René de Spolier dont il illustra en 1949 le recueil Nourritures .

Sur un plan de clivage parallèle mais voisin, la disponibilité wolsienne rejoint les ontologies de comportement d'un Artaud et d'un Bryen. La deuxième exposition de Wols chez Drouin en 1947 (dont le catalogue était assorti d'un texte remarquable de René Guilly) a marqué l'un des points culminants de cette démarche, l'acquisition de sa maturité picturale.

Dès lors on peut parler d'un style qui se développera jusqu'à la fin, en pleine exaltation et dans le sens d'un enrichissement toujours renouvelé. Situé à la jonction de l'expressionnisme et du surréalisme, le grand apport de Wols réside dans la synthèse personnelle qu'il a opérée, entre des éléments plastiques aussi foncièrement disparates.

D'abord inaboutie, la tentative de fusion engageait instinctivement l'auteur sur la voie de l'anecdote insolite, à mi-chemin de George Grosz et de Max Ernst.

Le peintre s'est servi de la leçon de Klee pour réaliser progressivement l'intégration de la matière au-delà de l'écriture et de la notation de détail. Ce qui importe chez Wols c'est le problème de la spatialité lié à l'engagement existentiel. Les éléments de détail, les notations particulières ne sont que d'infimes moyens utilisés par l'auteur pour arriver à ses fins, parvenir à réaliser cette cohérence unitaire, cette intégration spatiale.

L'espace est enfin traité en soi : au cours de cette exploration qualitative, l'être s'y diffuse sans s'y perdre.

Tous les moyens sont bons pour arriver à cette fin.

Wols ne s'embarrasse d'aucune technique limitative, d'aucune “ figuration abstraite ”.

Traits, taches, bavures s'accumulent en nombre incalculable, chaque élément, particule organique du Tout, vient y sacrifier son individualité.. »

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