Winston Churchill par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève " Il n'y a pas de raison de perdre courage quant à la poursuite de la guerre.
Publié le 05/04/2015
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Winston Churchill par Jacques Freymond Directeur de l'Institut Universitaire de Hautes Études Internationales, Genève " Il n'y a pas de raison de perdre courage quant à la poursuite de la guerre. Nous traversons actuellement une sombre période et il est probable que la situation s'assombrira avant de s'améliorer ; mais qu'elle doive devenir meilleure, si seulement nous savons tenir et persévérer, je n'en doute en aucune façon. Autrefois, le sort des guerres dépendait plus des vicissitudes militaires que de l'orientation générale des événements. Dans cette guerre, l'orientation générale est infiniment plus importante que tel ou tel succès ou revers particuliers. Sans remporter de victoire sensationnelle, nous pouvons gagner cette guerre. " L'homme qui parle ainsi, le 15 novembre 1915, vient de démissionner du gouvernement pour aller servir sur le front. La bataille politique qui a suivi la crise des Dardanelles l'a chassé de son poste de Premier Lord de l'Amirauté qu'il occupait depuis 1911. Il ne saurait se contenter d'une sinécure. Puisqu'il ne peut pas participer à la conduite de la guerre, il reprendra le métier militaire qu'il a quitté quinze ans plus tôt pour la politique. Le ministre devient à quarante et un ans commandant de bataillon. Il préfère le front à la vie des états-majors parce qu'il est homme d'action, qu'il y est plus indépendant. Mais bientôt ses amis politiques rappellent Winston Churchill à Londres. Lloyd George, qui a remplacé Asquith, lui confie, en juillet 1917, le ministère des Munitions, dont il doit porter - et il le fera - la production au niveau exigé par l'accroissement des effectifs engagés sur le front et par l'arrivée des troupes américaines. Quinze mois plus tard commence la démobilisation : celle de l'industrie qu'il entame comme ministre des Munitions, celle des hommes qui lui incombe dès sa nomination à la tête du ministère de la Guerre, le 15 janvier 1919. Démobilisation délicate, bousculée par la hâte des soldats à retrouver un emploi, alors même que certains problèmes politiques ne sont pas réglés ; non pas seulement ceux que pose la réorganisation politique de l'Europe, mais les opérations encore en cours : en Russie, d'où il faut dégager des troupes, en Irlande qui s'achemine vers l'indépendance, sur les Détroits enfin, dans cette crise de Tchanak qui entraînera la chute du gouvernement de coalition. Deux années vont suivre où Churchill, pris entre les tendances contradictoires de partis à la recherche d'une nouvelle politique, va subir échecs sur échecs. En 1924, enfin, il retrouve un siège aux Communes, et même un ministère : Baldwin récompense son retour au bercail conservateur en faisant de lui son Chancelier de l'Échiquier. La mission est lourde, périlleuse même. Il s'agit de redresser l'économie d'un pays affecté par une guerre qui a entraîné une modification sensible des rapports de forces sur le plan mondial. Churchill qui, dans ses Mémoires, passe rapidement sur les cinq années de cette législature, estime " qu'elles furent marquées par une amélioration considérable de la situation intérieure " et que la défaite des Conservateurs aux élections de 1929 s'explique par " l'oscillation naturelle du pendule politique ". C'est là un jugement un peu désinvolte que les événements de l'Annus terribilis de 1931 démentiront, confirmant du même coup les prévisions faites en 1925 par Keynes dans ses Economic Consequences of Mr. Churchill, dont la grève générale de 1926 avait déjà vérifié l'exactitude. Quoi qu'il en soit, pendant les dix années où le peuple anglais, mal encadré par un personnel politique plus préoccupé de réparer les brèches qui s'ouvrent partout que d'innover, dérive vers la guerre, Winston Churchill est coupé du pouvoir. C'est...
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