William Pitt Ier 1708-1778 William Pitt, plus tard comte de Chatham fut l'homme d'État anglais le plus original, le plus théâtral et le plus perspicace du XVIIIe siècle.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
un moment quelconque, étaient les ennemis de la France.
Il prêcha cette doctrine avec une
énergie déchaînée.
Mais Pitt ne se contentait pas de parler.
Il travaillait dur.
Il en savait
plus long sur la puissance navale française que n'importe quel autre homme politique
anglais.
Il établit des liens étroits avec les marchands britanniques en Amérique, en
Afrique, aux Indes et aux Antilles, acquérant ainsi une connaissance détaillée, non
seulement de la nature et de la valeur du commerce qui pouvait être conquis, mais aussi
des situations tactiques et stratégiques qu'il était possible d'exploiter.
A la fin, George II, qui détestait Pitt à cause de ses attaques contre le Hanovre, fut contraint
de lui donner un poste.
Comme trésorier général des Armées, poste qui avait été
délibérément mis à profit auparavant par tous les politiciens pour se créer une fortune
personnelle, Pitt mena une existence d'une austérité ostentatoire, refusant tous profits et
bénéfices, faisant passer son patriotisme avant tout, ce qui lui valut le soutien presque
idolâtre du public.
Cependant, la grande chance de Pitt ne vint pas avant de nombreuses années.
La plupart
des hommes politiques n'aimaient pas sa soif du pouvoir.
Il manquait à Pitt la facile
bonhomie des politiciens.
Il était distant, dédaigneux, exagérément poli, à l'aise seulement
avec sa femme, Hester Stanhope, qui lui apportait le concours d'un groupe d'aristocrates,
peu nombreux, mais influents, les Grenville, connus pour leur tempérament violent et
pour leurs antagonismes personnels.
Ce fut ainsi que Pitt se trouva éloigné des postes
éminents jusqu'en 1757, date à laquelle il devint, en fait, ministre de la Guerre.
Immédiatement, il mit en œ uvre la stratégie qu'il avait longtemps mûrie.
La conquête du
Canada commença en octobre 1757, quand Pitt envoya son plan d'attaque.
Tout au long de
la campagne, il soutint James Wolfe, l'un des plus jeunes officiers, qui enleva les hauteurs
d'Abraham et battit Montcalm aux portes de Québec.
Mais le Canada ne représentait
qu'une partie des projets de Pitt ; il prit Gorce, à l'ouest de l'Afrique, et monta des attaques
contre la Martinique et la Guadeloupe.
Il renforça les forces britanniques en Inde et aussi
en Europe.
Les victoires succédaient aux victoires et les ambitions de Pitt augmentaient :
non seulement l'Inde, mais l'Extrême-Orient, lui aussi, devait devenir anglais.
Il repoussa
avec mépris les craintes et les critiques de ses collègues du ministère soutenant que cette
ambition impériale ne pourrait qu'unir l'Europe contre l'Angleterre.
Le vieux roi mourut
en 1760 et le nouveau, George III, écouta les sceptiques, car il détestait cordialement Pitt.
Trop hautain, trop arrogant pour s'occuper de politique au jour le jour, aveuglé par sa
constante préoccupation de guerre et de gloire, Pitt fut vaincu et contraint de
démissionner.
Le traité de 1763 ramena la paix, mais ses termes furent critiqués dans un
majestueux discours par Pitt.
En termes amers, il déclara aux Communes que la
Grande-Bretagne avait combattu en pure perte et que le seul résultat du traité serait la
reprise de la lutte contre la France, prophétie que le temps devait justifier.
Les citoyens et
les marchands de Londres, aussi conscients que Pitt de ce que perdrait leur commerce, se
pressèrent autour de sa voiture lorsqu'il sortit des Communes et l'acclamèrent, comme
aucun autre homme d'État anglais ne l'avait été jusque-là.
Ce fut l'apogée de la carrière de Pitt.
Les quinze années suivantes présentent un curieux
mélange de folie et de magnificence.
Pitt se nommait lui-même “ un épouvantail de
violence ”, ce qui était exact.
Il souffrait d'une dépression voisine de la folie et, pendant de
longues périodes, il ne put souffrir la vue de personne, ni parler à quiconque.
Bien qu'il.
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