Walter Gropius par Giulio Carlo Argan Walter Gropius comme Thomas Mann, une des grandes consciences européennes de notre siècle.

Walter Gropius par Giulio Carlo Argan Walter Gropius comme Thomas Mann, une des grandes consciences européennes de notre siècle. Personne n'a cru, plus que lui, à la civilisation moderne, personne n'en a plus douloureusement senti la crise, n'a mieux scruté les causes historiques de cette crise, n'a fait davantage pour la résoudre. Son oeuvre d'architecte est inséparable de son oeuvre de théoricien, de créateur et de directeur de cette école d'art que fut la Bauhaus de Weimar et de Dessau. Son objectif final est une profonde réforme des structures sociales, une société sans opposition de classes, sans conflits, sans guerres, sans révolutions, mais se consacrant entièrement à une production organisée et rationnelle, à l'amélioration de toutes les conditions d'existence. Un des moyens - et le plus puissant - pour obtenir ce progrès ininterrompu, qui n'est, en somme, que le devenir historique de la société, c'est l'art. Aussi la réforme sociale doit-elle se réaliser, en grande mesure, par l'activité artistique. L'impulsion qu'éprouve la société à " se construire " s'exprime sous sa forme la plus pure, par cette " constructivité " qui est le propre de toute activité artistique et, plus spécialement, de l'architecture. Mais, à son tour, l'architecture se présente comme la structure de toute une communauté. L'activité spécifique de l'architecte est donc le planning. Il y a, dans le planning que propose Gropius, deux aspects fondamentaux : le plan conçu ne peut se limiter aux édifices publics ou privés ou bien il concerne toutes les formes de la production humaine, du plus pet...