Virgile par Pierre Guéguen Ce n'est pas en tant que poète "
Publié le 05/04/2015
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Virgile par Pierre Guéguen Ce n'est pas en tant que poète " engagé " (comme nous dirions aujourd'hui) que Virgile est un grand poète ; mais le fait est là, qu'il a mis de très bonne heure son génie au service de la propagande romaine, noblement, avec le scrupule d'être peut-être inférieur à sa tâche de poète national. L'épitaphe, qui à cause de sa simplicité ne peut avoir été composée que par lui, offre la meilleure définition de sa vie : Je dors, fils de Mantoue qu'ont ravi les Calabres, à Naples. J'ai chanté les prés, les champs, les chefs. Pour Virgile, prés et champs sont choses bien distinctes : les uns représentant l'âge pastoral, les autres les travaux agraires. Il n'en reste pas moins que, des trois points de son " programme ", deux sont consacrés à la terre. C'est que le poète était un terrien. On commence à faire quelque cas des poésies probables de sa jeunesse. Leur réalisme rustique et respirant permettra plus tard à Virgile de soulager l'allégorie par la sensation vive, de compenser quelque académisme, de descendre au détail technique dans ses machines didactiques. Voici la servante (la Coppa) qui roule de la hanche, se trémousse dans l'auberge et qu'aucun client ne boude (La Madelon pour nous n'est pas sévère !) Elle sert la jarre de vin clairet sous la tonnelle, près de la claie de jonc où sèche le fromage. La mûre, le raisin, le concombre azuré sont là avec le pain blanc. Pour fabriquer l'ailloli (le moretum), Simyle ranime l'âtre, prend une mesure de blé dans le cellier, s'assied à son moulin. Catau, une Africaine au " ventre en oeuf " lui fait chauffer de l'eau et confectionne l'ailloli matinal : Il sale à la volée, ajoute du fromage durci au sel, puis les herbes ; de sa main gauche il tasse sa tunique au creux velu des cuisses... Souvent une âcre odeur poignarde ses narines ; il fait alors la moue et maudit son repas ou du dos de la main torche l'oeil qui lui pleure... Nous avons, dans ces vers, la meilleure peinture de l'atmosphère où naquit Virgile. Il y vécut jusqu'à quinze ans, et y revint souvent jusqu'à sa trentième année. Fils d'un petit propriétaire terrien près de Mantoue, il fit ses classes à Crémone, à Milan, puis à Rome, mais ne se désintéressa jamais de la vie rustique. Les chansons à boire ne sont pas écrites par des buveurs, ni les poèmes bucoliques par des bouviers, ni les géorgiques par des laboureurs. Il faut à l'art une matière plus subtile que la matière. Le poète doit avoir en réserve de hautes et belles jarres, ou de flexibles outres de sons. La musique est l'humus des mots. Telle va être la tâche de Virgile, de qui vingt mille vers attendent de lui la naissance ! Vers la trentaine, le Mantouan commence de chanter, pour le bonheur de chanter, à la manière de Théocrite, les amours des bergers. Qu'elle est belle, dans le Chant Alterné, l'invocation de Corydon : Nerine Galatea, thymo mihi dulcior<...
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