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Une grande figure mythique, Prométhée

Publié le 22/02/2012

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Prométhée dérobe les semences du feu au char du Soleil et les ramène sur terre. Pour le punir, Zeus demande à Héphaïstos de forger une autre créature : ce sera Pandore, la femme qui épouse Epiméthée et qui ouvre la boîte contenant tous les maux... A la suite de ces ruses, Zeus, exaspéré, condamne le titan à être enchaîné sur le Caucase où un aigle lui dévore le foie — un foie qui repousse au fur et à mesure, cela pendant mille ans. Une légende raconte qu'Héraklès le libère. D'après une autre légende, rapportée, notamment, par le poète latin Ovide (Métamorphoses, livre I), le géant Prométhée considère tous les êtres vivants et juge qu'il faut combler un manque : personne ne sait inventer, créer, par soi-même ; nul n'est capable d'utiliser la nature et de commander aux autres créatures afin d'établir une harmonie globale. Prométhée décide donc de former l'homme à partir du limon de la terre (cf. le dieu potier égyptien, Ptah; la version de la Genèse où Dieu pétrit l'homme avec de la glaise).

« 2.

Le technicienProméthée apporte le feu et donc la civilisation ; à Athènes, il est, dans l'Antiquité, considéré comme le patron despotiers métallurgie et céramique.

Tous les ans, sa fête donne lieu à une course aux flambeaux, comme pour le culted'Athéna et I léphaïstos.

Après coup, les Grecs expliquèrent ce rite en l'intégrant à ceux qui, dans l'Antiquité,contribuaient à alimenter le feu divin, à le renouveler.

Donc, comme le dit Hésiode, le plus ancien dramaturge grecde l'Antiquité connu, Prométhée finit par réintégrer l'harmonie olympienne, qu'il avait troublée. 3.

Le voleur de feuLa légende de Prométhée explique les sacrifices divins ; elle revêt un caractère sacré car elle rend compte d'unepratique reposant sur une ruse mais demeurant toujours en vigueur.

Donc elle souligne le caractère complexe de larelation nouée entre les hommes et les dieux.

Le sacrifice apparaît, en effet, comme une preuve de soumission dansla désobéissance même.

Le mythe de Prométhée explique le rapport des hommes et des dieux mais aussi la perted'une forme d'immédiateté — la figure de Pandore anticipe celle d'Eve.Porté sur la scène par Hésiode en un temps où le théâtre était un lieu d'échanges sacrés en même temps quepédagogiques, Prométhée devient la figure de celui qui possède un savoir alors que Zeus doit légitimer l'exercice deson pouvoir.Très présent chez Balzac, romancier de l'énergie active, Prométhée incarne, en lui-même, la force créatrice, le feudu génie — qui fait penser à la formule de Hegel, un peu galvaudée aujourd'hui mais intéressante : rien de grandsans passion.

Cette figure internationale est, entre autres, exploitée par l'Allemand Goethe, Prométhée, l'AnglaisShelley, Prométhée délivré, le Français Gide, Prométhée mal enchaîné, etc.

Il symbolise l'idée que la création est liéeà un potentiel énergétique mais aussi à la volonté d'aller au-delà de ses limites. Transition Le mythe de Prométhée semble suggérer à l'homme qu'il doit domestiquer ses instincts pour en exploiter la forcedans un sens positif...

Voleur de feu, incarnation de l'énergie vitale, il serait le père de la sublimation des pulsionscréatrices. III.

La valeur idéologique du mythe de Prométhée 1.

La portée philosophique du mythe : le concept de perfectibilitéDans le livre II de la République, Platon distingue le logos — verbe philosophique — du muthos — discours indirect,allégorie trahissant l'incapacité à rationaliser l'explication des causes premières.

Dans le Protagoras (320c - 322a), ilreprend le mythe de Prométhée et critique la parole mythique, qui lui semble insuffisante pour fonder le discours envérité.

Cependant, il se réfère à la légende ancienne qui fait de Prométhée un voleur de feu : le philosophe évoque,en effet, le caractère inachevé, incomplet, de la nature humaine ; le frère de Prométhée, Epiméthée, n'a pas pourvul'homme des mêmes moyens de survie que les animaux.

Par mesure de compensation, Prométhée rend l'être humainperfectible en dérobant l'habileté et le feu.

« C'est ainsi que l'homme fut mis en possession des arts utiles à la viemais la politique lui échappa : celle-ci était en effet auprès de Zeus : or Prométhée n'avait plus le temps depénétrer dans l'Acropole [..1.» Dans Le Gai savoir, Nietzsche, lui aussi, procède à peu près de la même manière.Donc, les philosophes tendent à interpréter le mythe de Prométhée en référence à la perfectibilité, qui définirait laspécificité de l'homme par rapport aux animaux — cf.

tous les philosophes des Lumières et, bien évidemment,Rousseau, qui, dans ses Discours, montre bien le caractère très ambigu de la perfectibilité si elle n'est pas guidéepar la morale.

Alors que, mus par leur instinct, les animaux se bornent à reproduire des schémas, l'homme transformele réel ; il développe son habileté par nécessité, pour assurer sa survie.

Mais ces progrès le transforment eux aussi.Ainsi, l'homme doit, au cours du temps, réaliser sa nature en se « fabriquant » lui-même grâce au développement deses progrès techniques : il se crée en travaillant, à condition qu'il accomplisse une oeuvre et ne se borne pas às'aliéner à une tâche répétitive (cf.

notre chapitre sur le progrès et la technique).Sur ces sujets, « Instinct et intelligence », voir Bergson, L 'Evolution créatrice (1907) et « Travail et oeuvre »,Marx, Le Capital (1867 pour la partie rédigée par Marx).

Se rappeler aussi que Pascal définit l'homme comme le «roseau pensant », en fait comme un être fragile qui se distingue des autres créatures par sa conscience de soi... 2.

La dimension ethnologique du mythe : les ambiguïtés du progrèsLe mythe de Prométhée fait partie de l'histoire des idées.

Il intéresse donc l'ethnologue et notamment Lévi-Strauss,qui prend appui sur les mythes pour dégager les principes de son anthropologie structurale.

Son histoire symbolise lecaractère ambigu du progrès technique — à double tranchant, pourrait-on dire — car il induit une évolutionfavorisant l'humain dans l'homme à condition d'être vraiment maîtrisé, sinon nous voyons apparaître un nouveaumythe, moderne cette fois : celui de la créature inventée par l'homme et se retournant contre lui (= Docteur Jeckilland Mr Hyde ; Frankenstein, création de Mary Shelley dont le mari écrit une version de Prométhée).

Divinitéprimordiale, Prométhée met en garde l'homme contre ses propres inclinations à la destruction. 3.

L'interprétation psychanalytique : la révolte du fils contre le père. »

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