Tomás de Torquemada par Es.

Tomás de Torquemada par Es. Révah Professeur au Collège de France Le nom de Torquemada a pris valeur de symbole : il évoque immédiatement les cachots, les salles de torture et les bûchers de l'Inquisition. Mais, comme on sait relativement peu de chose du personnage lui-même, une étude sur Thomas de Torquemada retrace, en fait, l'instauration et le fonctionnement de l'Inquisition espagnole jusqu'au 16 septembre 1498, date à laquelle le Grand Inquisiteur mourut à Avila. Récemment, un auteur (M. Américo Castro) a monté en épingle les origines juives attribuées à Torquemada et a rangé ce dernier parmi les convertis (conversos) qui se sont faits les plus atroces ennemis des israélites et des chrétiens issus du judaïsme eux-mêmes. Cet auteur croit trouver dans les origines juives de Torquemada un argument de poids en faveur de sa théorie : " Les ex-rabbins qui, au XVe siècle, ont tracé le plan du Saint-Office (espagnol) l'ont conçu comme un Bet Din (un tribunal rabbinique), plein de ruses cruelles et minutieuses de délations et de secrets. " L'existence des communautés judéo-espagnoles commença à être sérieusement menacée, au XIVe siècle, par une agitation antisémitique qui obtint, par moments, d'importants résultats : en particulier, des Juifs, assez nombreux, effrayés par les persécutions et la propagande antijudaïque, se convertirent au christianisme. Ce n'étaient là que les signes avant-coureurs de la catastrophe qui devait s'abattre, à partir de 1391, sur le judaïsme espagnol. D'innombrables Juifs furent massacrés, mais des milliers d'autres, cédant à la contrainte physique des émeutiers ou à la contrainte morale des prédicateurs, durent accepter le baptême. De ce fait, le problème juif prit de nouveaux aspects. Les communautés judéo-espagnoles continuèrent, certes, à subir les assauts de l'antisémitisme. Mais les convertis et leurs descendants (qualifiés de " néo-chrétiens ", par opposition à leurs convertisseurs " vieux-chrétiens ") ne s'inté...