Stendhal par Henri Martineau Stendhal, dans l'histoire des lettres françaises, a longtemps fait figure d'isolé sinon de méconnu.
Publié le 05/04/2015
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Stendhal par Henri Martineau Stendhal, dans l'histoire des lettres françaises, a longtemps fait figure d'isolé sinon de méconnu. Aujourd'hui, un siècle et demi après sa mort, la gloire ne lui est plus marchandée. Essayiste et critique, il apparaît comme un dispensateur d'idées excitantes et neuves ; analyste du coeur, il forme un trait d'union entre Jean Racine et Marcel Proust. Toutefois, en dépit de sa grandeur et de son rayonnement posthume, il s'est constamment appliqué, de son vivant, à se tenir à l'écart. A l'écart de sa famille d'abord. Né à la fin du XVIIIe siècle chez des bourgeois de Grenoble, Henri Beyle - tel était son nom - leur emprunta tout jeune leurs idées politiques et religieuses, mais en prenant avec obstination le contre-pied de ce qu'ils pensaient. La mort d'une mère tendrement chérie, qu'il perdit alors qu'il n'avait pas dépassé sa septième année, lui fit haïr un Dieu qu'on voulait lui apprendre à aimer et qui dans sa cruauté permettait qu'aux enfants soit enlevée leur mère. De même s'il devint jacobin, c'est pour avoir vu son père qu'il exécrait verser des pleurs en apprenant l'exécution de Louis XVI. Tout enfant, réfléchi, obstiné et secret, jamais en contact ni pour son travail ni pour ses jeux avec des camarades de son âge, il s'est replié sur lui-même et a trempé dans la solitude et des lectures désordonnées une âme ardente. Avant d'avoir rien vu du monde il a jugé son entourage et ne déteste rien tant que la convention, le conformisme et le manque de naturel. Toute sa vie la sensibilité froissée aura chez lui le pas sur la raison. Sa mobilité d'impressions et de jugements n'est le plus souvent que la volonté de contredire l'opinion. Toujours il affecte avec délices de s'opposer à son interlocuteur. Il se plaît aux plus effarants paradoxes de crainte que le lecteur ne s'endorme. On conçoit qu'il ait irrité bien des gens, mais sur leur résistance il appuie sa force et, des idées qui se choquent, fait jaillir la lumière. De quatorze à seize ans, il fréquente une de ces écoles centrales récemment ouvertes en chaque département avec l'unique souci de s'évader de sa ville natale. De celle-ci il n'aperçoit que la petitesse. Il se plonge par-dessus tête dans l'étude des mathématiques qui, après un brillant premier prix, le conduit à Paris le lendemain du 18 Brumaire. Il comptait entrer à l'École polytechnique, il néglige de s'y présenter. Déjà il rêve de vivre en écrivant, dans l'enivrement d'un grand amour partagé, des pièces comme Molière. Cependant Paris, boueux, encombré, sans un horizon de montagnes, le déçoit. Il s'y trouve abandonné. Si fort que fût le romanesque de son imagination, romanesque effréné auquel il ne renoncera jamais, il avait néanmoins trop le sens des réalités pour n'avoir pas compris de bonne heure qu'il ne se livrerait bien à son penchant pour les lettres que son existe...
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