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Sseu-ma Ts'ien 145-86 av.

Publié le 05/04/2015

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Sseu-ma Ts'ien 145-86 av. J.-C. C'est avec raison que l'historien Sseu-ma Ts'ien ( 145-86) a été appelé l'Hérodote de l'extrême-Orient. Il avait d'ailleurs de qui tenir. Son père, Sseu-ma T'an, avait eu le premier l'idée d'écrire une histoire générale de la Chine, et même avait commencé à en rassembler les matériaux. Sseu-ma Ts'ien était originaire de Long-men, près de Lo-yang, au Ho-nan, région qui était le coeur de la vieille Chine. Dès sa jeunesse, il voulut agrandir ses horizons. Comme chez Hérodote, l'historien, en lui, s'appuiera sur le géographe, le géographe sur l'expérience du voyageur. Ce fut au cours de ses voyages qu'il dut copier (et donc sauver pour nous) le texte des inscriptions rupestres que le " César chinois " Ts'in Che-houang-ti avait, cent ans plus tôt, fait graver aux quatre coins de l'Empire. En 111 av. J.-C., le maître de Sseu-ma Ts'ien, l'empereur Han Wou-ti -- un des plus grands souverains et conquérants qu'ait comptés la Chine -- venait de subjuguer les tribus barbares des confins du Sseu-tch'ouan et du Yun-nan. Sseu-ma Ts'ien fut chargé d'aller inspecter l'établissement de l'administration impériale dans ces régions. Nous savons qu'il poussa jusqu'à Kouon-ming, au Yun-nan. Il visita de même une autre province-frontière, le Kan-sou, tout récemment enlevée aux Huns par l'empereur Han Wou-ti. Dans ces marches extrêmes de la civilisation, Sseu-ma Ts'ien (nouveau trait de ressemblance avec Hérodote) faisait figure d'explorateur. Par-delà la " marche " du Kan-sou conquise, du vivant même de notre...

« suspendu au-dessus du reste de la Chine et peut, avec vingt mille hommes, tenir tête à un million d'ennemis : la disposition de son territoire est si avantageuse que, quand il déverse ses soldats sur les autres seigneuries, il est comme un homme qui lancerait des seaux d'eau du haut d'une maison élevée.

” Nous trouvons donc tour à tour chez Sseu-ma Ts'ien les annales officielles antérieures compilant, parfois fort sèchement, sur les dynasties légendaires ou protohistoriques, les données traditionnelles, mais aussi, plus souvent qu'on ne s'y attendrait, des épisodes colorés, où se révèle la forte personnalité de l'écrivain (par exemple le dramatique récit de la chute du dernier tyran des Chang, sorte de Néron chinois, décapité par le vengeur envoyé par le Ciel, par le premier roi Tcheou).

Suit, pour la féodalité archaïque, un tableau remarquablement précis des diverses principautés régionales, tableau où notre historien a forcément profité des textes antérieurs, mais époque pour laquelle il a, comme pour tout le reste, le mérite de nous avoir donné, le premier, un récit géographiquement complet et chronologiquement continu. Les Royaumes combattants aboutissent, nous l'avons annoncé, à l'histoire du Royaume de Ts'in, et celui-ci à l'extraordinaire personnalité du César d'Extrême-Orient, Ts'in Che-houang-ti, fondateur de l'unité chinoise et de l'empire chinois.

Visiblement, Sseu-ma Ts'ien s'est épris de ce “ destin hors série ” sur les inscriptions duquel, on l'a vu, il paraît avoir fait sur place une enquête personnelle.

Avec le même goût des héros et de l'héroïque dans l'histoire, mais ici non sans pittoresque et non sans humour, il nous a dépeint l'extraordinaire aventure du fondateur des Han, ce soldat de fortune, ancêtre d'une dynastie destinée à durer quatre siècles, et source de toute légitimité.

Il arrive enfin à son propre contemporain, l'empereur Han Wou-ti, le maître au service duquel s'est écoulée toute sa carrière. Il est souvent plus agréable de rencontrer les surhommes dans l'histoire du passé que dans la vie courante.

Certes, Han Wou-ti, en subjuguant les provinces encore dissidentes ou les réduits allogènes, a achevé, à l'intérieur, la conquête de la Chine par les Chinois.

C'est également lui qui, en obtenant le ralliement de la classe des lettrés au césarisme impérial, a établi pour quelque vingt siècles l'immuable administration chinoise et fondé le mandarinat.

C'est lui encore qui, en commençant la conquête de la Corée, du Vietnam, et du futur Turkestan chinois, en battant les Huns dans le Gobi, en les relançant jusqu'en Mongolie, a fondé en Asie la Paix chinoise et l'impérialisme chinois.

Mais autour de lui, cet Imperator fit trop souvent figure de despote.

Quiconque dans son entourage osait élever la voix risquait son courroux.

Comme, en l'an 99, un capitaine chinois, jusque-là chargé de gloire, Li Ling, avait été encerclé dans le Gobi par les Huns, Sseu-ma Ts'ien essaya de plaider la cause du soldat malheureux ; l'empereur, furieux, faillit mettre à mort le malencontreux avocat et finalement infligea à celui-ci le supplice de la castration. Ce fut après ce drame que Sseu-ma Ts'ien rédigea son histoire.

Son objectivité apparente nous dissimule-t-elle entièrement sa haine secrète contre ses bourreaux ? A diverses reprises, à propos d'autres personnages historiques, nous discernons, semble-t-il, chez lui, des allusions voilées à la tyrannie de Han Wou-ti.

Ainsi Procope nous ouvrant son c œ ur sur Justinien...

Plus encore, après cette expérience de la vie de cour, on croit deviner chez Sseu-ma Ts'ien un fond d'amertume sur la lâcheté des hommes et l'hypocrisie des. »

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