Søren Kierkegaard par Jean Wahl Professeur à la Sorbonne Kierkegaard dit de lui-même : " Hélas !
Publié le 05/04/2015
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Søren Kierkegaard par Jean Wahl Professeur à la Sorbonne Kierkegaard dit de lui-même : " Hélas ! je n'ai jamais été jeune ; adolescent, j'étais de mille ans plus âgé qu'un vieillard. " Il est un esprit, il n'a aucune immédiateté, il a toujours été dans la réflexion, dans le dédoublement, jamais dans l'unité spontanée. Dans cet élément s'introduit très tôt l'élément religieux proprement dit. Ce que son père place au centre de la pensée de Kierkegaard, c'est l'image du Christ en croix, du Christ ensanglanté. " Dieu miséricordieux, dira Kierkegaard, comme mon père m'a fait du tort ; il m'a fait un tort terrible dans sa mélancolie. Un vieillard qui décharge toute sa mélancolie sur un pauvre enfant... et pourtant le meilleur des pères. " Kierkegaard vivait dans une atmosphère de terreur ; son père lui disait que " il y a des crimes contre lesquels on ne peut combattre que par le secours de Dieu ". Mais le christianisme tel qu'il le voyait autour de lui était loin de le satisfaire. Kierkegaard regarde les grandes figures par lesquelles l'humanité a dépeint la vie en dehors du christianisme : le juif errant, Faust, Don Juan. Il voit en elles le désir de connaissance et d'amour. Il cherche quelque chose qui soit " relié aux plus profondes racines de son existence ". Vivre réellement, exister, c'est vivre si intensément à l'intérieur d'un postulat que celui-ci cesse d'être un postulat. C'est cela qu'il n'arrive pas à faire immédiatement. Il est un homme déchiré ; il se compare au sapin solitaire qui ne jette autour de lui aucune ombre, au galérien enchaîné avec un mort, à l'alouette dans la solitude indescriptible de la lande, à une figure du jeu d'échec quand tout mouvement lui est interdit. " Chaque fleur dans mon coeur devient une fleur de glace. " Son père lui révèle que, dans la lande, un jour, il a maudit Dieu ; et Kierkegaard se rend compte alors que le grand âge de son père, loin d'être une bénédiction, est une malédiction divine. " Il devait y avoir un péché qui pesait sur la famille et une punition de Dieu qui était sur elle. Elle devait disparaître, être rayée par la main toute-puissante de Dieu, et anéantie comme un essai malheureux. " A cette faute de son père qu'était la malédiction jetée vers Dieu, s'en ajoutait une autre qui n'eut pas moins de retentissement dans la vie de Kierkegaard ; le vieillard épousa sa servante. Celui qui, pour l'enfant et le jeune homme, était l'incarnation de l'esprit commit deux fautes contre l'esprit. La mort de son père (1838) eut sur l'âme de Kierkegaard un grand retentissement. " Il ne s'est pas par sa mort éloigné de moi ; non, il est mort pour moi, afin que, si possible, quelque chose puisse être fait de moi. " " De lui j'ai appris ce qu'est l'amour paternel, et par là ce qu'est l'amour paternel de Dieu, le seul élément inébranlable dans ma vie, le vrai point archimédique. " Kierkegaard vit dans le désespoir et dans l'angoisse ; si aux autres, il apparaît jeune et insouciant, c'est qu'il essaye de faire naître l'illusion qu'il jouissait de la vie. On a voulu voir dans un passage du Concept d'angoisse une confidence : " Le secret peut être si terrible que celui qui l'enferme en lui ne peut en parler ni aux autres ni à lui-même ; car ce serait alors comme s'il commettait à nouveau le péché. L'individu, quand il commit la chose terrible, ne se possédait plus lui-même ". C'est pour échapper à cette angoisse qu'il se fiance avec Régine Olsen (1840). En même temps, il prépare la dissertation qui lui permettrait de devenir pasteur. Et, en effet, tout l'effort de Kierkegaard va con...
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