Soliman Le Magnifique par Dominique Chevallier Docteur ès lettres Profitant de l'incertitude provoquée par l'avènement de Soliman, le mamelouk Jânbirdi al-Rhazali se souleva à Damas et s'y fit proclamer sultan.

Soliman Le Magnifique par Dominique Chevallier Docteur ès lettres Profitant de l'incertitude provoquée par l'avènement de Soliman, le mamelouk Jânbirdi al-Rhazali se souleva à Damas et s'y fit proclamer sultan. Les troupes ottomanes le défirent. " Les Turcs poursuivirent les fuyards jusqu'à Salhiyé (faubourg de Damas) et dans les environs de Damas. La population de Damas fut saisie de panique. Une cinquantaine d'hommes furent massacrés à Salhiyé ; dans chaque quartier, on comptait une centaine de victimes et autant dans chaque village. On comptait, disait-on, sept mille soixante-dix victimes. Les soldats anatoliens s'étaient répandus dans Salhiyé, dans les quartiers de la ville et dans les villages jusqu'à une distance de vingt-quatre heures de Damas. Ils brisaient les portes, pillaient les greniers, les maisons et les boutiques ; seuls avaient la vie sauve les gens qu'ils ne découvraient pas. La soldatesque n'hésitait pas à déshabiller les femmes et n'avait pas plus de respect pour la vertu des hommes ; ni soufi, ni jurisconsulte, ni notable ne trouvaient grâce devant elle. Des femmes s'étaient réfugiées dans la mosquée des Hanbalites, dans la madrasa Omarîya et dans quelques autres lieux ; les soldats anatoliens les attaquèrent, les déshabillèrent et en emmenèrent quelques unes, ainsi que des servantes, des esclaves et des enfants. " Ce récit du chroniqueur Ibn Jum'a décrit de quelle manière s'exerçait la rigueur ottomane. Cependant, la force conquérante éloignait de ces populations les limites de l'Empire, donc les ravages des guerres, et établissait un ordre sur un territoire immense. Cet ordre, Soliman le Magnifique l'inscrivit dans les lois. Les Turcs l'ont appelé le Législateur. Le premier surnom, celui que lui ont donné les Européens, évoque la gloire et sa fragilité humaine, le second l'accomplissement et la durée d'une souveraineté. Si les Européens ont su percevoir le moment, ce sont les Turcs qui ont exprimé la grandeur véritable de leur sultan. Sa puissance et sa majesté se sont confondues avec l'apogée d'un empire où l'État s'imposait quand la vigueur nomade s'essoufflait. Des expéditions guerrières à la splendeur des mosquées qui s'élevaient pour célébrer Dieu et les Ottomans, des moeurs turques à la vie du sérail, des corans copiés de sa main à la codification des règlements fiscaux, les traits de Soliman Ier s'esquissent dans ses propres actes et dans le comportement de son entourage. Lorsqu'il accéda au pouvoir en 1520, il trouva autour de lui le vide créé par son père et il n'eut à se débarrasser, en 1522, que de son neveu et de ses deux petits-neveux ; ce ne fut que plus tard, de nouveaux problèmes de succession surgissant, qu'il fit périr deux de ses fils et les fils de ceux-ci. D'abord conquérant, il poursuivit l'oeuvre de ses grands prédécesseurs. Il distribua aux janissaires le don d'avènement, et dès sa première campagne, en 1521, il s'empara de Belgrade ; en 1522, il enleva Rhodes aux chevaliers de Saint-Jean qui se replièrent à Malte, désormais leur bastion. La victoire remportée sur les Hongrois à Mohacs, en 1526, lui livra la plus grande partie de leur royaume, et en 1529, contre les prétentions de Ferdinand d'Autriche, il installa roi de Hongrie à Bude le voïvode de Transylvanie Jean Zapolyai. Mais, la même année, l'armée turque fut arrêtée devant Vienne. Sur mer, il se heurta encore aux Habsbourg ; le Génois Andrea Doria, grand amiral d'Espagne, reprit les avant-postes turcs de Coron, Patras et Lépante. La campagne de 1532 fut plus marquée par le siège d'une petite place forte et par le ravage de la Styrie que par une avance décisive. Les expéditions à travers les riches plaines danubiennes, parmi les infidèles, que réclamaient les ja...