Simon de Montfort par Yves Dossat Maître de Recherche au C.

Simon de Montfort par Yves Dossat Maître de Recherche au C.N.R.S. Au début du XIIIe siècle, les progrès de l'hérésie albigeoise dans le Midi de la France constituaient une menace pour l'Église, d'autant plus que le roi Philippe Auguste avait refusé d'intervenir. Or le 14 janvier 1208, le légat pontifical Pierre de Castelnau fut assassiné par un écuyer du comte Raimond VI de Toulouse. Le pape Innocent III se décida alors à prendre des mesures extrêmes. Les seigneurs complices des hérétiques étaient déchus de leurs fiefs, leurs terres considérées comme vacantes étaient offertes au premier occupant, sous la seule réserve des droits du suzerain, selon le principe de l'" exposition en proie ". Ainsi la papauté prenait la décision de prêcher la guerre sainte en terre chrétienne, d'organiser une croisade, comme s'il s'agissait de combattre les infidèles. Les participants devaient bénéficier de tous les avantages spirituels accordés à ceux qui se croisaient pour la défense du Saint-Sépulcre. Parmi les chevaliers qui répondirent à l'appel du pontife et se réunirent à Lyon en juin 1209, il ne faut pas s'étonner de compter le seigneur de Montfort-l'Amaury, Simon. Fils de Simon III, Simon IV avait succédé, en 1181, à son père dans les seigneuries de Montfort et d'Épernon et ses autres possessions de l'Ile-de-France. En 1204, à la mort de son oncle Robert, il devint titulaire du comté de Leicester en pays anglais, mais, comme il était impossible de servir à la fois le roi de France et le roi d'Angleterre, il ne recueillit rien de plus qu'un titre. Aussi, bien qu'il eût épousé Alice de Montmorency, issue d'une grande famille de l'Ile-de-France, le seigneur de Montfort n'appartenait pas à la haute noblesse. Simon avait déjà fourni la preuve de son goût de l'aventure et de