Samuel Hearne 1745-1792 Samuel Hearne, dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ouvrit à l'exploration de la race blanche les territoires stériles qui terminent le continent américain sur les rives de l'océan Glacial.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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possibilités alimentaires étaient en grande partie subordonnées aux déplacements des
caribous arctiques.
Lorsque Samuel Hearne quitta le Fort Churchill, en novembre 1769,
l'hiver était trop avancé déjà, et les animaux avaient déserté les Barren Grounds.
Les
Indiens (Chipewyan) qui devaient guider l'expédition se découragèrent rapidement et
faussèrent compagnie à l'explorateur, ne lui laissant d'autre alternative que de renoncer
momentanément à son projet.
En février 1770, il en tenta de nouveau la réalisation.
Escorté
de Chipewyan et de Cree, franchit la vallée de la Seal river, aborda les Barren Grounds et
dépassa la rivière Kazan.
Mais la progression, toujours retardée par l'incertitude des
moyens de subsistance, était d'une extrême lenteur.
Peu après, d'ailleurs, Hearne, ayant
perdu par accident le quadrant qui lui permettait de s'orienter, se résigna de nouveau à
retourner au Fort Churchill.
C'est alors qu'il rencontra un Indien d'ascendance cree et déné,
Matonabbee, qui s'intéressa à ses projets.
Une sympathie personnelle unit bientôt les deux
hommes.
L'amitié de Matonabbee explique le succès de la troisième tentative.
Il accepta d'assumer lui-même le rôle de guide.
Mais il eut soin de se faire escorter de ses
sept vigoureuses épouses, afin de laisser aux hommes la liberté de chasser en cours de
route.
Doué d'une grande autorité sur ses compagnons en raison de ses qualités de
chasseur, il abandonnait aux femmes, suivant les conceptions de ces sociétés nomades, le
transport des bagages et de la viande.
Alors commença le voyage décisif qui conduisit
Samuel Hearne jusqu'à la rivière Coppermine.
Matonabbee évita d'abord les Barren
Grounds.
Pendant plusieurs mois il longea, jusqu'à la rivière Thelon, la lisière de la zone
boisée où les risques de disette étaient moins graves (décembre 1771-avril 1772).
Puis,
avant d'obliquer vers le nord et de s'enfoncer dans les solitudes du désert pierreux, il
réunit d'importantes provisions de viande, l'écorce de bouleau nécessaire à la construction
des canots, les perches destinées à l'édification des tentes et à la confection des raquettes
qui seraient utilisées lorsque la neige recouvrirait le sol.
Pour prévenir enfin les défections
éventuelles de ses hommes, il exploita la haine qui unissait les Indiens de ces latitudes
extrêmes contre les Esquimaux, et leur représenta l'expédition comme une entreprise
guerrière dirigée contre ces derniers.
Lorsqu'il atteignit la vallée de la rivière Coppermine,
ses compagnons surprirent en effet un groupe d'Esquimaux et les massacrèrent sous les
yeux de Samuel Hearne.
Celui-ci parvint jusqu'à l'embouchure de la rivière dans l'océan
Arctique.
Mais le mirage de la mine de cuivre se déroba à ses recherches.
Hearne se dirigea
alors vers les parages producteurs de fourrures du grand lac des Esclaves.
Il franchit le lac
gelé, remonta la vallée de la rivière des Esclaves au sud du site de Fort Smith, et, reprenant
la direction de l'est, il parvint au Fort Churchill le 30 juin 1772.
Si le périple qu'il venait
d'effectuer n'avait pas abouti à la découverte de gisements de cuivre, il avait du moins
révélé l'existence d'un important courant commercial entre le Fort Churchill et la zone du
grand lac des Esclaves et de l'Athabaska.
Les fourrures que les Cree réunissaient dans ce
secteur étaient transportées au Fort par les Chipewyan qui jouaient avec âpreté le rôle
d'intermédiaires.
Hearne s'efforça aussitôt de perfectionner ce courant d'échanges afin
d'accroître les bénéfices du Fort Churchill et de compenser les pertes que les Canadiens
faisaient subir aux autres postes de la Baie d'Hudson.
Son entreprise prélude ainsi à la
contre-offensive que la Compagnie anglaise allait bientôt déclencher dans l'arrière-pays de
ses comptoirs littoraux..
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