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Saladin par Claude Cahen Professeur à la Sorbonne Salàh Ad-Dïn, le Saladin de l'historiographie européenne, fut l'un des souverains les plus illustres de l'Orient musulman médiéval.

Publié le 05/04/2015

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Saladin par Claude Cahen Professeur à la Sorbonne Salàh Ad-Dïn, le Saladin de l'historiographie européenne, fut l'un des souverains les plus illustres de l'Orient musulman médiéval. Au moment où il se formait à la vie, la situation, dans le Proche-Orient, était la suivante. Les Croisés de la Première Croisade avaient fondé, sur la côte syro-palestinienne, avec un arrière-pays plus ou moins profond, le Royaume de Jérusalem, le Comté de Tripoli, la Principauté d'Antioche, enfin le Comté d'Édesse, ensemble d'États que nous appelons usuellement l'Orient Latin, mais dont les Orientaux désignaient communément les occupants sous le nom global de Francs. Le Califat de Bagdad, de la dynastie abbasside, n'avait de pouvoir que local ; il avait reconnu au XIe siècle la réalité du pouvoir au Sultanat turc de la dynastie seldjouqide, qui avait occupé presque toute l'Asie musulmane, mais, au XIIe siècle, s'était à son tour morcelé et affaibli. L'Égypte, cependant, appartenait depuis la fin du Xe siècle au Califat rival des Fatimides, considéré par les musulmans d'obédience abbasside (les sunnites ) comme hérétique, non seulement en raison du schisme politique, mais parce qu'il reposait officiellement sur une doctrine spéciale, l'ismaïlisme. Le morcellement politique et les conflits religieux communs à tout le Proche-Orient expliquent pour une bonne part la relative facilité de l'établissement " franc ", réalisé par quelques milliers d'hommes seulement. Habitué aux attaques des Byzantins de Constantinople, habitué aussi à la cohabitation d'une mosaïque de peuples et de sectes, le Proche-Orient musulman n'avait pas attaché d'abord de gravité particulière à cette occupation. Cependant, lorsqu'il s'avéra que les Francs étaient moins faciles à assimiler que leurs prédécesseurs et que leur attitude reposait sur une intransigeance religieuse périodiquement renforcée par les apports occidentaux, une part croissante de l'opinion musulmane réclama une action énergique pour combattre l'adversaire chrétien. La dynastie fondée, à Mossoul et Alep à la fois, par Zenghi s'était déjà distinguée dans ce combat en détruisant le comté d'Édesse. Le fils de Zenghi, Noûr ad-dîn, maître d'Alep et pratiquement suzerain de ses parents de Mossoul, avait insisté sur la nécessité, pour la " Guerre Sainte ", de l'union des musulmans par la résorption du morcellement politique et la lutte contre l'hérésie. Il avait réalisé à son profit l'unité de toute la Syrie-Palestine musulmane, étendu son influence sur une partie de la Haute-Mésopotamie et de l'Asie Mineure centrale, et finalement, par suite des luttes intestines où sombrait la dynastie fatimide d'Égypte, envoyé là des troupes qui, victorieuses des Francs appelés par un parti, entamaient le rattachement de ce pays, par derrière l'Orient Latin, à l'ensemble politico-religieux du Proche Orient musulman sunnite. Noûr ad-dîn mourait en 1174. Comme presque toutes les dynasties de l'Asie musulmane en cette période, celle des Zenghides était turque et recrutait largement ses soldats, sinon ses cadres administratifs ou religieux, parmi les Turcs, immigrés depuis quelques générations ou recrutés comme esclaves en Asie Centrale et dans la steppe &...

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