Sadi Carnot par Georges-Albert Boutry Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris Lazare Carnot était, en 1796, au sommet de sa carrière.
Publié le 05/04/2015
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Sadi Carnot par Georges-Albert Boutry Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris Lazare Carnot était, en 1796, au sommet de sa carrière. Seul, il avait géré pendant près de quatre années les finances de la France en guerre, organisé son armée, fourni des plans de campagne, choisi et poussé des généraux vainqueurs. Silencieux, sans amis, il avait survécu aux pires attaques. Pendant les mauvais soirs de la Terreur et de Thermidor il avait, par délassement, commencé d'écrire ses Réflexions sur la Métaphysique du Calcul Infinitésimal. Le livre venait de s'imprimer à Paris. Lazare Carnot était Directeur, coiffé de plumes, habillé de velours et d'or. Il vivait au Luxembourg ; c'est là, le 1er juin, que naquit Nicolas-Léonard-Sadi. Lazare, déiste convaincu, n'accepta les deux premiers prénoms que sur les instances de sa femme. Le troisième est de lui ; c'est un hommage au vieux Persan lyrique et élégiaque (nous orthographions aujourd'hui son nom Saadi), que le Directeur admirait dans ses moments d'effusion cachée. L'enfant ne connut point le cadre somptueux du Petit-Luxembourg : il n'avait que treize mois quand le coup d'État de Fructidor en chassa sa famille. Lazare partit seul pour l'Allemagne ; l'enfant et sa mère revinrent à Saint-Omer, où les parents de Mme Carnot vivaient encore, ils y attendirent la fin du temps de disgrâce : il ne dura pas trop. Ayant affermi son pouvoir, le Premier Consul put accepter la présence en France du plus pur des républicains. Joséphine de Beauharnais qui aimait l'enfance et les enfants eut Sadi à la Malmaison. L'enfant était vif, audacieux, curieux. La tradition conserve ses remontrances à Napoléon, ses questions adressées un jour au meunier voisin sur le fonctionnement de son moulin. Lazare Carnot, privé de vie publique, entreprit l'éducation minutieuse de son fils. Il en fit ce qu'il aurait voulu être lui-même, avec amour, avec minutie, avec patience. A quel point il réussit, la suite de ce conte le montrera peut-être. A quinze ans, Sadi se rend pour la première fois au lycée Charlemagne où il prépare le concours d'entrée à l'École Polytechnique ; à la fin de l'année scolaire il est reçu avec le n° 24 ; à dix-sept ans et demi il sort avec le n° 1... Quelques mois après c'était l'invasion : Sadi défendait Paris ; il fut l'un des " Marie-Louise ". Le père, devant le danger français, avait, pour la première fois explicitement, reconnu Bonaparte comme chef. Il commandait Anvers et ne se rendit pas. C'est là que, la campagne terminée, Sadi vint le rejoindre. C'est de là qu'ils rentrèrent en France après la paix signée. L'accueil fait par la monarchie au Conventionnel et à sa famille fut ce qu'on pouvait attendre. Après les Cent-Jours, l'organisateur de la Victoire est oublié : on ne connaît plus que le régicide et on le proscrit, on le proscrit définitivement. Lazare Carnot terminera sa vie à Magdebourg, éduquant son second fils Hippolyte comme il a naguère éduqué le premier. Quand le gouverne...
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