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Robert Maillart 1872-1940 L'ingénieur suisse Robert Maillart compte parmi les grands intuitifs qui sont les pères du béton armé.

Publié le 05/04/2015

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Robert Maillart 1872-1940 L'ingénieur suisse Robert Maillart compte parmi les grands intuitifs qui sont les pères du béton armé. Son idée fondamentale est celle de la continuité de la structure que permet, voire qu'exige la nature même du nouveau matériau. La fluidité du béton, la souplesse de l'armature, invitent à concevoir des structures " coulées ", monolithiques, à rejeter les assemblages de " pièces détachées " qu'on est contraint de maintenir lorsqu'on utilise le béton armé sous forme d'éléments linéaires, montants et poutres, inspirés de la charpente en bois ou en fer. Multipliant les points de rupture, les solutions de continuité, ne faisant travailler le matériau que dans une seule direction, ces combinaisons font en effet perdre le principal avantage qu'offre sa texture en nappe ; elles entraînent un coûteux gaspillage de matière, alourdissent les formes, limitent les possibilités d'articulation structurale. Les recherches de Maillart portent donc sur l'emploi d'éléments bi et tridimensionnels -- surfaces planes, voiles cintrés ou pliés -- comme éléments actifs de la structure. Elles aboutissent à l'amélioration de la dalle autoportante conçue par Hennebique : dans le système dit du plancher-champignon (1908), la dalle, par une disposition nouvelle de l'armature en nappes entrecroisées, est rendue solidaire de la colonne qui la porte. Pour la première fois dans l'histoire, un plancher est lié, sans l'intermédiaire d'aucun chapiteau ni sommier, aux montants linéaires sur lesquels il repose. Ce principe de la continuité et de la solidarité organiques des éléments de la structure,
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« Augmentation de la portée, réduction de la flèche, c'est-à-dire de la hauteur de l'ouvrage, économie de matière, donc légèreté de l'ensemble et en particulier des culées, fondations plus faciles — ces améliorations techniques ne se traduisent pas, sur le plan esthétique, par un simple affinement, mais par une véritable libération de la forme, qui apparaît désormais dégagée de toute réminiscence de la construction en pierre : constitué de deux corps en forme de flèches qui, projetés sur le vide, se touchent à peine à la clé et sont ancrés sur les culées par des articulations d'une incroyable finesse, le pont semble ne plus peser, mais tirer sur ces ancrages ; il ne prend plus appui sur les rives, mais unit celles-ci d'un mouvement sobre et vif ; “ phénomène structural ”, la forme qu'il inscrit dans le paysage s'y intègre avec la spontanéité d'un “ phénomène naturel ”. Vingt ans après Tavanasa, au pont du Val Tschiel, dans les Grisons (1925), Maillart crée un nouveau type d'ouvrage reposant également sur l'emploi des surfaces comme éléments actifs de la structure.

Dans ce système, dit des arcs raidis, l'arc est ramené à un voile d'une minceur extrême et dont la liaison avec le tablier est assurée par des plans raidisseurs disposés perpendiculairement à son axe.

C'est le tablier, dont la chaussée et les parapets forment une sorte d'auge ouverte vers le haut, qui supporte les moments fléchissants.

La poutre-caisson de Tavanasa a donc été profondément remaniée : les tympans raidisseurs ont pivoté de 90 degrés, la répartition des efforts entre arc et tablier a été inversée.

Pour l'établissement de ponts en terrain très accidenté, ce système présente d'énormes avantages, tant du point de vue économique et technique (il n'exige en particulier pour son exécution qu'un cintre très léger), que du point de vue fonctionnel, le fonctionnel rejoignant ici l'esthétique.

En effet, le système raidisseur : arc + tympans verticaux transverses, permet de donner à ces derniers une forme trapézoïdale, c'est-à-dire de lier à un arc rectiligne en projection horizontale un tablier incurvé.

Il est ainsi possible d'inscrire le pont dans n'importe quel profil de route, dans n'importe quel site.

Au pont sur le Schwandbach (1933), voisin de celui du Rossgraben et sans doute le plus achevé des arcs raidis construits par Maillart, le tablier épouse la courbe que décrit la route pour se dégager d'un vallon encaissé : l'établissement d'un pont rectiligne aurait posé ici d'insolubles problèmes de tracé.

Inintelligible à qui n'a pas été initié à sa signification statique, le jeu des lames verticales recoupant les deux surfaces de l'arc et du tablier, incurvées chacune dans une direction différente, exerce sur le spectateur une véritable fascination.

A la passerelle sur la Töss, près de Winterthur (1934), Maillart a été encore plus loin dans le développement des possibilités esthétiques de l'arc raidi.

N'ayant à tenir compte que de surcharges minimes, il a ramené la construction à l'envolée infiniment gracieuse des deux voiles incurvés de l'arc et du tablier qui se rapprochent jusqu'à se confondre à la clé, tandis que, de part et d'autre, ils sont rendus solidaires par des plans vifs, accents verticaux qui en font ressortir par contraste la souplesse.

Seuls Hennebique, au pont sur l'Ourthe à Liège (âge), et Freyssinet, au Veurdre et à Boutiron (1907-1911), avaient auparavant atteint à une finesse comparable. Après S.

Giedion, qui a “ découvert ” Maillart, nombreux sont ceux qui se sont attachés à dégager la signification plastique de ses constructions par surfaces et de leurs paradoxes statiques.

Sans aucun doute, elles resteront comme l'un des témoignages les plus attachants,. »

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