Robert Delaunay par Guy Habasque Si la disparition de Robert Delaunay, mort
Publié le 05/04/2015
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Robert Delaunay par Guy Habasque Si la disparition de Robert Delaunay, mort prématurément en 1941 à l'âge de cinquante-six ans, passa presque inaperçue dans un monde bouleversé par des événements tragiques, sa réputation n'a cessé de grandir depuis la guerre au point que la plupart des historiens le considèrent aujourd'hui - et à juste titre - comme l'un des principaux artistes du XXe siècle. Son aventure esthétique nui devait le mener de Cézanne au Cubisme, puis à l'Abstraction dont il fut l'un des pionniers, est d'ailleurs l'une des plus représentatives de l'évolution de l'art contemporain. Comme presque tous les peintres de sa génération, ses premiers débuts se ressentirent de l'Impressionnisme, puis en 1905, lors d'un séjour en Bretagne, il adopta pendant un temps un chromatisme sourd et saturé, inspiré de la période bretonne de Gauguin. L'année suivante, il subit une forte influence du Néo-Impressionnisme auquel il emprunta le principe de la touche divisée sans retenir toutefois celui du mélange optique, ce qui donne aux oeuvres de cette époque une facture en petits pavés caractéristique et déjà très personnelle. Mais c'est la leçon de Cézanne qui devait donner vers 1909 l'impulsion décisive à son esprit créateur. Cette influence fut loin, au demeurant, d'être littérale ; elle orienta et stimula sa recherche sans lui dicter son style. Dans les nombreuses études de fleurs ou de plantes qu'il exécute alors, l'accent est essentiellement mis sur la forme et la construction, cependant que l'Autoportrait de 1909 reprend, avec des moyens nouveaux, problème cézannien de la coïncidence entre le volume et la couleur, problème qui constitua justement l'un des principaux chevaux de bataille du Cubisme. Toutefois, malgré l'intérêt de cet Autoportrait qui reste parmi les pièces maîtresses du genre, c'est la série des Saint-Séverin qui présente la première solution vraiment originale. Dès 1906, Delaunay avait remarqué que la lumière affecte le contour apparent des objets et il avait traduit ce phénomène en entourant les plus éclairés par une sorte de halo lumineux. Dans les vues de Saint-Séverin, la lumière incurve les lignes des piliers et brise celles de la voûte et du sol. Ce processus de désintégration de la forme s'accentue encore dans les nombreuses Tours Eiffel que l'artiste peint entre 1909 et 1911. " (...) rien d'horizontal ni vertical, dira-t-il plus tard à leur sujet (cf. les Cahiers inédits de R. Delaunay, SEVPEN, Paris, 1957, p. 62). La lumière déforme tout, brise tout, plus de géométrie (...). " Le schéma constructif traditionnel du tablea est en effet définitivement désarticulé. Sous l'action dissolvante de la lumière qui fuse de partout, l'image descriptive éclate en fragments distincts, obéissant à des perspectives différentes. Aussi la composition ne consiste-t-elle plus désormais à agencer les divers éléments figuratifs de manière harmonieuse, mais à obtenir une synthèse d'éléments formels juxtaposés à laquelle l'indépendance relative des parties apporte un caractère de mobilité inconnu jusqu'alors. La tentative de Delaunay se rapproche sur plus d'un point de celle entreprise à la même époque par son ami Fernand Léger, mais elle est peut-être plus radicale encore. Léger " déboîtai...
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