Roald Amundsen par André Leroi-Gourhan Professeur à la Sorbonne, Paris L'exploration aux pôles ne manque pas de grands hommes ; pour ces voyages sans indulgence, celui qui marque une route est toujours un géant.
Publié le 05/04/2015
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Roald Amundsen par André Leroi-Gourhan Professeur à la Sorbonne, Paris L'exploration aux pôles ne manque pas de grands hommes ; pour ces voyages sans indulgence, celui qui marque une route est toujours un géant. On peut traverser un continent par hasard, forcer une barrière religieuse par diplomatie, découvrir une île par erreur et l'exploration des régions normalement supportables exige qu'on sélectionne et qu'on distingue des types qui vont de l'apôtre au simple repris de justice. L'explorateur polaire échappe toujours aux proportions moyennes ; même attiré par l'or, il doit payer un tel prix sa victoire que presque tous entrent en ligne avec les plus grands du reste du monde. Mais, parmi eux, quelle place peut tenir l'homme qui franchit le premier le passage du Nord-Est, qui le premier atteignit le pôle Sud, qui survola le premier le pôle Nord en dirigeable et qui disparut en avion en se portant au secours d'un compagnon en détresse ? C'était une volonté lucide, servie par l'intelligence du savant et l'instinct du marin. Il avait aussi la plus belle qualité des grands explorateurs : il était humain, il savait choisir ses hommes et les garder. On sait combien d'expéditions ont pu échouer dans la discorde ; on a vu, dans d'autres régions, des compagnons brouillés réussir séparément leurs prouesses mais dans les régions polaires, où seul l'esprit d'équipe peut assurer le triomphe, l'équipe divisée est perdue. Il était né à Börje, au sud-est de la Norvège, le 16 juillet 1872. Après avoir été tenté par la médecine, il aborda la marine à vingt-deux ans et à trente et un ans, son rêve mûri, il partait pour forcer le passage du Nord-Ouest. Les détails de sa vie intime importent peu, il vécut vingt-cinq ans dans la gloire des découvertes et s'effaça dans le ciel polaire le 19 juin 1928, à cinquante six ans. L'histoire de ses voyages est simple et unie, il n'a jamais poussé sa destinée jusqu'au tragique, le hasard a dû le favoriser souvent mais il ne lui a jamais laissé que la part inévitable. Il a résumé lui-même le projet déposé en 1901 à la Société géographique norvégienne : " Pénétrer, avec un petit bâtiment et quelques compagnons, dans les régions autour du pôle nord magnétique et, par une série d'observations précises, s'étendant sur une période de deux ans, relocaliser le pôle observé par sir James Ross en 1831 et faire également des investigations dans son voisinage immédiat. " C'était là le principal objectif de l'expédition. " La condition de la glace plus loin vers l'ouest le permettant, j'avais en outre, dit-il, l'intention de naviguer à travers le passage du Nord-Ouest dans toute son étendue, problème qui, depuis des siècles, avait défié les efforts les plus tenaces. " Le Gjöa était un sloop de pêche aux harengs, de quarante-sept tonneaux, pourvu d'un moteur auxiliaire de trente-neuf chevaux. Son second était Godfred Hansen, de la marine norvégienne astronome, géologue, chirurgien, photographe, électricien et artificier de l'expédition. Gustav Wiik, qui mourut en route, était observateur m&eacut...
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