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Révisionnisme et fascisme par Pierre Milza Institut d'Études Politiques, Paris Les dispositions prises

Publié le 05/04/2015

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Révisionnisme et fascisme par Pierre Milza Institut d'Études Politiques, Paris Les dispositions prises par les Alliés au lendemain du premier confit mondial résultent d'un compromis entre " l'idéalisme wilsonien " qui privilégie le " droit des peuples à disposer d'eux-mêmes " et les soucis de sécurité et d'hégémonie qui, à des degrés divers, caractérisent l'attitude des vainqueurs, principalement de la France. Le statu quo établi par les traités qui mettent fin à la guerre et la vague de libéralisation et de démocratisation qui suit immédiatement celle-ci (nombreux sont les pays qui se donnent alors des institutions politiques calquées sur le modèle occidental) fondent ainsi un ordre éminemment précaire, favorable aux puissances victorieuses. La Société des Nations, où domine l'influence franco-britannique, est, à bien des égards, le reflet et l'instrument du nouveau rapport des forces. Pacifisme, respect du statu quo de Versailles et démocratie se trouvent de cette manière étroitement associés pour constituer un bloc idéologique ayant à la fois des implications nationales et internationales, toute atteinte à l'un ou à l'autre de ses éléments débouchant sur une remise en question de l'ensemble. D'une certaine façon le " fascisme " des années 20 est né de cette remise en cause. Il s'inscrit dans une perspective révisionniste et correspond à une attitude de refus de l'ordre international fondé par les traités de 1919-1920. De fait, il trouve son terrain de prédilection dans les pays qui ont subi la défaite ou dont la victoire a été, comme l'affirment les nationalistes italiens, " mutilée " par les exigences des trois Grands, France, Royaume-Uni et États-Unis. Dans les deux cas il y a, incontestablement, une frustration collective qui alimente à la fois les revendications territoriales des gouvernants et la mystique chauvine des peuples. Que cette situation ait servi de point d'application aux classes dirigeantes de ces mêmes pays, pour renforcer leur pouvoir ou pour reconquérir leurs positions perdues, ne fait aucun doute. On ne peut cependant réduire le fascisme à cette seule dimension. Ce serait faire bon marché d'un autre phénomène, lui aussi lié à la guerre et aux difficultés socio-économiques qui s'y rattachent, à savoir la vague révolutionnaire qui déferle sur l'Europe à la suite de la révolution bolchevique. Le fascisme se rattache donc au grand flux contre-révolutionnaire qui caractérise les années de l'immédiat après-guerre. Mais il n'est qu'un cas particulier (exemplaire certes mais non unique) de la réaction européenne. Dans nombre de pays de l'Europe centrale, orientale et méditerranéenne, encore soumis à des modes de production archaïques, le court intermède démocratique-libéral qui fait suite à la guerre et qui est dû pour une bonne part à l'influence exercée par les grandes démocraties et au prestige qu'elles ont retiré de leur victoire, ne dure pas plus de quelques années, voire comme en Hongrie de quelques mois. En l'absence de traditions libérales et des bases socio-économiques qui, en Europe de l'Ouest, constituent le fondement et le soutien de la démocratie parlementaire, ils ne tardent pas à s'effondrer pour faire place à des régimes autoritaires de droite, généralement instaurés à la suite d'un coup d'État militaire et destinés, dans la plupart des cas, à écarter la menace révolutionnaire et à restaurer le pouvoir de la classe dirigeante traditionnelle. Le prototype de ces régimes de dictature militaire classique est celui qu'instaure en Hongrie, au lendemain de la défaite du communiste Béla

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