René Caillié 1799-1838 René Caillé est le fils d'un bagnard.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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De Kakondy à Djenné, c'est une longue marche à pied de plus de 1 500 kilomètres et de
près d'un an à travers le pays noir.
Que de fatigue déjà ! Les marches l'épuisent, la fièvre,
une plaie au pied, le scorbut enfin, le terrassent et l'obligent à faire, en cours de route, un
séjour prolongé à Timé.
A Djenné, il monte dans une pirogue : un mois de navigation
inconfortable sur le Niger et, le 20 avril 1828, il entre à Tombouctou.
Le voilà au but, mais
non au terme de son voyage.
Quelle satisfaction, mais quelle déception ! Tombouctou, où
le major Laing vient de le précéder et dont il sait déjà la fin tragique, bien déchue, étouffée
par les Touaregs, moins importante assurément que Djenné, n'a rien de la prestigieuse cité
que l'on imaginait.
Aussi ne s'attarde-t-il pas.
Quinze jours après son arrivée, il repart : non
par le chemin de l'aller, solution trop peu probante et inconciliable avec la fable qui l'a si
bien servi jusqu'ici, mais par le nord, vers le Maroc.
Et c'est la dure traversée du Sahara entreprise à la plus mauvaise saison ou presque.
Par
Araouan, le puits de Télig, près de Taodeni, suivant la route des esclaves, il gagne le
Tafilelt.
La caravane est imposante : plus de quatre cents hommes, de mille quatre cents
chameaux, mais l'eau est chichement mesurée.
Il connaît le vent de sable, il éprouve la soif
et, pour bien lui rappeler le danger qui sans cesse plane spécialement sur sa tête, il passe à
l'endroit même où Laing a été assassiné.
Voyage pénible où Caillié souffre de son
inaccoutumance au pays et au chameau, plus encore, peut-être, dans sa sensibilité à fleur
de peau, de la rudesse de ses compagnons, d'une incompréhension mutuelle, mais voyage
sans incident et sans à-coup.
Et le voilà en juillet au Maroc.
Il troque son chameau pour un
âne, seule monture que ses maigres ressources lui permettent de s'offrir.
Il traverse Fès,
Meknès, Rabat, plus misérable que jamais ; mais aussi, perdu dans la foule, il passe, fort
heureusement, inaperçu et, le 7 septembre, il atteint Tanger.
Reste alors le pas le plus
difficile à franchir peut-être : abandonner son personnage d'emprunt.
Grâce au vice-consul
de France, Delaporte, il est hébergé secrètement au consulat et, déguisé en matelot,
embarqué sur la goélette de la marine royale La Légère venue tout exprès le chercher.
Caillié rentre en France.
Ses justifications sont telles que les milieux savants n'hésitent pas
à reconnaître et à proclamer l'authenticité du voyage et du séjour à Tombouctou.
La
Société de géographie le reçoit solennellement en une séance où se pressent les célébrités,
elle lui remet le prix promis au “ vainqueur de Tombouctou ”, elle lui décerne sa médaille
d'or, sans omettre, délicatement, d'associer la mémoire de Laing à cet hommage.
Les
pouvoirs publics ne sont pas en reste et, nonobstant les éternelles difficultés
administratives et budgétaires que Caillié ressent parfois amèrement, lui assurent une
pension.
Que de contrastes dans cette apothéose : la brusque célébrité, la considération qui
s'attache à l'humble fils de bagnard, la médiocrité des moyens et la grandeur de l'exploit,
l'échec des expéditions avouées et le succès de la tentative privée, l'attente du monde
savant et l'imprévu de la réalisation ! Mais quel feu de paille aussi ! A trente ans, Caillié est
un homme fini : sa santé est si ébranlée que c'en est fait d'un retour en Afrique et des
nouveaux voyages que son imagination se plaît parfois à envisager.
Marié, il va se terrer à
la campagne, traîne les dernières années de sa vie à Mauzé, puis à Beurlay, puis à la
Baderre et meurt le 17 mai 1838, entre sa femme et ses quatre enfants, propriétaire agricole
et maire de son village..
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