Polycrate ?
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Il inaugure une politique de grands travaux, qui procurent du travail à tous et font de Samos
l'une des plus belles cités du monde archaïque.
Hérodote s'enthousiasme pour ces
réalisations.
La plus spectaculaire est une adduction d'eau due à l'ingénieur Eupalinos de
Mégare qui perce dans une colline voisine de la ville un tunnel de 350 m, haut et large de
2,30 m, doublé d'un canal profond de 8 m et large de 1 m.
: ouvrage gigantesque qui n'est
rendu possible que grâce aux prisonniers de guerre faits sur les Lesbiens, lorsque ceux-ci
avaient prêté assistance aux Milésiens contre Samos.
Le port est protégé par un môle de
360 m.
Polycrate achève également le temple d'Héra, commencé sur les plans de Rhoicos,
grandiose et somptueux édifice de style ionique.
S'il faut en croire Hérodote (3, 125) “ hormis les tyrans qui régnèrent à Syracuse, aucun autre
tyran grec ne mérite d'être comparé à Polycrate au point de vue de la magnificence ”.
Il porte
au doigt une émeraude gravée, œ uvre de Théodoros, dont il essaye en vain de se défaire,
pour apaiser les dieux envieux de son bonheur excessif, en la jetant dans la mer.
Son palais
renferme un mobilier très précieux, qui sera consacré après sa mort dans le sanctuaire d'Héra.
Il s'assure à prix d'or les services du plus fameux médecin du temps, Démocédès de Crotone,
l'arrachant pour deux talents annuels à Égine et à Athènes.
De très grands lyriques ajoutent à l'éclat de sa cour.
Ibycos, originaire de Rhégion (en
Grande-Grèce), s'était réfugié à Samos pour échapper à ses concitoyens qui le voulaient faire
tyran.
Il compose de vastes compositions épiques, mais en y introduisant des récits
amoureux.
De fait, le peu que nous avons conservé de ses vers n'évoque que rossignols, fleurs
rares, pampres, décor tout fait de joliesse où de beaux jeunes gens en vêtements brodés
meurent d'amour parmi les roses.
Dans son Ode à Polycrate le tyran est paradoxalement loué
surtout pour sa beauté.
L'atmosphère n'est guère différente dans les chansons de table ou
d'amour d'Anacréon natif de Téos en Ionie, lui aussi commensal de Polycrate dont le nom,
nous rapporte-t-on, revenait sans cesse dans ses poèmes.
Il est le chantre de l'amour, d'un
amour sensuel, parfois passionné, plus volontiers badin, spirituel et précieux, qu'il sait
peindre avec une extraordinaire délicatesse de touche, dans des vers aux mètres savants et
variés.
Son seul dieu est “ le charmant Éros aux couronnes verdoyantes et fleuries, le maître
des dieux, le dompteur des hommes ”.
Cette soif de plaisirs, ce culte de la beauté, ce raffinement spécifiquement ionien ne sont qu'un
des aspects de la personnalité chatoyante de Polycrate.
Le tyran ne consacre que ses loisirs à
ces délicats poètes, au flûtiste Bathyllos ou au jeune Thrace Smerdiès à l'ondoyante chevelure.
Sa vraie passion est la puissance et Hérodote peut noter (3, 122) qu'il fut “ le premier des
Grecs qui songea à l'empire des mers...
et eut bon espoir de régner sur l'Ionie et sur les îles ”.
Fort de ses mercenaires, de ses mille archers, de ses cent pentécontores filant à bonne vitesse,
il triomphe de Milet et de Lesbos, soumet Rhénée dont il fait don à l'Apollon de Délos,
s'empare “ de beaucoup d'îles et aussi de beaucoup de villes du continent ”, aux dires de
l'historien d'Harlicarnasse, qui mentionne aussi ses innombrables pillages et razzias où il
n'épargne pas plus les alliés que les ennemis, proclamant avec cynisme qu'“ on est plus
agréable à un ami en lui rendant ce qu'on lui a pris qu'en ne lui prenant rien du tout ”..
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