Pierre Séguier 1588-1672 Parmi les grands commis qui durent à la monarchie française du XVIIe siècle l'illustration de leur nom et l'éclat de leur fortune, Pierre Séguier n'apparaît pas, avec le recul du temps, comme un homme de premier plan.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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Mais ce foyer était riche de traditions bien enracinées.
Une fidélité sans défaillance à la
maison royale : les Séguier n'attendirent pas la conversion d'Henri IV pour se ranger sous
sa bannière.
Une foi catholique sans ambiguïté ni irénisme.
Marie de Tudert prendra le
voile en 1614 au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques, où elle retrouvera sa
belle-s œ ur Louise Séguier, mère du futur cardinal de Bérulle.
C'est dans ce milieu tout
imprégné de la Réforme tridentine que grandit Pierre Séguier.
Nous le voyons apparaître, au hasard d'un texte de notaire, en 1609.
Il a alors vingt et un
ans et s'intitule “ Noble homme Maître Pierre Séguier, seigneur d'Autry, avocat au
Parlement ”.
Trois ans plus tard, il achète à l'un de ses cousins un office de conseiller au
Parlement, moyennant dix-huit mille écus que lui avancèrent sa mère et son oncle, Antoine
Séguier.
Ce fut toujours grâce à la protection de cet oncle qu'il devint, en 1618, maître des
requêtes de l'Hôtel.
On sait l'importance de cette fonction.
Non seulement c'était un office
qui comportait des gages recherchés, mais c'était dans les rangs des maîtres des requêtes
que le roi choisissait les commissaires qu'il envoyait, sous le nom d'intendants, dans ses
provinces.
Dès 1621, le duc d'Éperon lui fit obtenir des commissions d'intendant de justice
en Auvergne et d'intendant à son armée.
En 1624, Antoine Séguier résigna en sa faveur sa
charge de président à mortier au Parlement de Paris moyennant une somme très inférieure
à la valeur réelle de cet office.
Le pas décisif dans ce cursus honorum est franchi en 1633 :
après la disgrâce du garde des Sceaux Châteauneuf, Pierre Séguier lui est substitué.
Moins
de trois ans plus tard — en décembre 1635 — il remplaçait d'Aligre dans la plus haute
charge de la Couronne : l'office inamovible de chancelier de France.
A quarante-sept ans, il
accédait à la plus haute fonction de l'État.
Sa fortune et sa place dans le tissu complexe des “ dignités ” que connaissait la société
française avaient bénéficié du même bonheur.
Dans ces grandes familles de robe, le
mariage, on le sait, était déterminant.
Le choix que fit Pierre Séguier lorsqu'il épousa, en
1614, Madeleine Fabry surprit ses contemporains.
Appartenant à une famille d'officiers de
second rang, qui comptait dans son sein des procureurs et des marchands, l'épouse ne
contribuait pas à rehausser le prestige des Séguier.
On comprend les sarcasmes d'un
Tallemant des Réaux.
Mais les Fabry accordaient une dot de quatre-vingt mille livres et,
dans les années suivantes, avancèrent des sommes qui compensaient l'inégalité des
“ rangs ”.
Ce fut pourtant l'accès aux Sceaux qui marqua le véritable point de départ de sa
fortune : la monarchie rétribuait de mille façons ses grands serviteurs.
Le mariage de sa
fille aînée, Marie, nous permet de mesurer l'imbrication étroite des avantages matériels, du
prestige social et des liens de clientèle qu'impliquaient ses fonctions.
En faveur de son
gendre, le marquis de Coislin (neveu de Richelieu) Séguier acheta la charge de
colonel-général des Suisses et consentit à sa fille une dot de cinq cent mille livres.
La
protection de Richelieu et l'insertion dans la vieille noblesse d'épée compensaient
largement ce sacrifice.
Tant que vécut Richelieu, le chancelier se comporta en exécutant fidèle de la politique
inspirée par le cardinal.
Il serait fastidieux de le suivre, année par année, dans ses tâches
d'administrateur et de haut justicier.
Signalons cependant un épisode marquant : le rôle
actif qu'il joua en 1639-1640 en dirigeant la répression qui s'exerça en Normandie après la
révolte des Nu-Pieds.
Après la mort de Richelieu et celle de Louis XIII (1643), son rôle
grandit au Conseil : bien vu de la régente — qui affectionnait fort sa s œ ur, supérieure des.
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