Pierre Savorgnan de Brazza par Antoine Savorgnan de Brazza " Restez tranquilles, mes garçons, ne me dérangez pas.

Pierre Savorgnan de Brazza par Antoine Savorgnan de Brazza " Restez tranquilles, mes garçons, ne me dérangez pas. - Mais nous voudrions voir aussi. - Je vous dis d'être sages, je suis en train d'observer Saturne et vous le ferai voir, mais pour l'instant, laissez-moi en paix. Nous nous tenions accroupis aux côtés du Père Secchi, dont nous scrutions la physionomie à la fois austère et bonne. Ceci se passait dans la coupole du Collège romain au sommet de l'église Saint-Ignace ; nous faisions souvent des incursions dans le couvent des jésuites sans souci d'ennuyer le grand astronome. Il aimait à entendre nos questions ingénues, et tout en bavardant nous donnait à notre insu les premières leçons d'astronomie. Si je parle du Père Secchi, ajoute un des frères de mon père dans ses Mémoires de famille, c'est intentionnellement ; en effet, il eut l'intuition que le garçonnet de douze ans à peine avait l'étoffe d'un homme de génie. Pierre lui confiait ses projets d'avenir, et ce fut lui qui persuada mon père et ma mère de l'envoyer terminer ses études à Paris. " Ce n'était pas un simple jeu d'enfant qui attirait la curiosité de Pierre vers les espaces stellaires, ainsi qu'en témoigne l'anecdote suivante : retournant à Rome, après avoir passé ses vacances dans le nord de l'Italie où la famille Brazza possédait de vastes domaines, lors d'une traversée de Gênes à Civitavecchia, le jeune Pierre demanda à rester sur le pont avec le capitaine avec qui il bavarda presque toute la nuit au clair de lune. Celui-ci, frappé de son intelligence, ne peut s'empêcher de dire au père du jeune garçon : " Laissez-le s'engager dans la marine, il y fera quelque chose, il connaît déjà l'histoire des grandes découvertes. " Pierre Savorgnan de Brazza avait hérité de ses ancêtres sa vocation de marin et d'explorateur. Son père, le comte Ascanio, trois ans avant son mariage avec Giacinta Simonetti, grande dame romaine, avait séjourné en Egypte. Un grand-oncle d'Ascanio, quittant son pays pendant trente ans, avait été jusqu'en Chine et au Japon. Pierre Savorgnan de Brazza naquit à Rome le 25 janvier 1850 dans le palais familial. Il était le sixième garçon d'une nombreuse famille. Dès son jeune âge il manifesta son courage, son sang-froid, son mépris du danger, ainsi que ses hautes qualités morales : bienveillance sans faiblesse, patience sans limites ; de plus, il était doué d'une grande force physique. De sa personne émanait déjà le fluide magnétique qui lui fit plus tard apprivoiser les bêtes et dominer les hommes. Il fut élevé jusqu'à dix ans par un précepteur, puis il continua ses études au Collège romain. Il se passionnait pour les récits de voyages et d'exploration. Souvent il rêvait, une carte d'Afrique sous les yeux, se demandant : " Qu'y a-t-il derrière Laghouat ?... plus loin encore ?... que se passe-t-il dans cette Afrique mystérieuse ? " C'est à l'âge de douze ans qu'il se présente à un amiral français de passage à Rome, l'amiral de Montaignac, et lui déclare qu'il veut entrer dans la marine. Sur les instances de ce dernier, ses parents se décident à se séparer de lui et l'envoient en France. Quelques temps après, il était reçu au Borda. Il lit par hasard le récit de l'exploration de l'Ogoou&...