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Pierre Bonnard par Georges Salles Directeur des Musées de France Comme une rivière

Publié le 05/04/2015

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Pierre Bonnard par Georges Salles Directeur des Musées de France Comme une rivière à travers ses méandres montre de sa source à son embouchure une croissance continue, ainsi la coulée lumineuse sortie du pinceau d'un maître ne cesse parfois de s'élargir à mesure qu'elle s'éloigne de ses débuts et s'en va vers son achèvement. En suivant tableau par tableau le cours uni de la production du peintre Bonnard, on peut mieux qu'ailleurs noter cette progression depuis sa première manière, mince et sinueuse, lustrée, puis teintée de mousse et de glaise humide, jusqu'aux oeuvres de la fin où les formes s'absorbent dans un estuaire de clartés. Dès les toiles de 1890, on distingue en effet ce qui s'épanouira durant cinquante-sept ans de transformations successives, tantôt changeant l'arabesque en un aplomb rectiligne, pour revenir ensuite à un découpage en feston, tantôt allant vers un approfondissement réaliste des formes pour retrouver, au delà, la seule magie des nappes multicolores. L'univers que Bonnard ouvre à notre vision et dans lequel passent la rue de Paris et les campagnes, la mer de Provence et les scènes intimes d'une société bourgeoise, est un monde irisé où transparaissent la toilette et la salle à manger, le nu devant le miroir, le cheval de fiacre, la famille au jardin, le chien, le chat, le mimosa, tout un monde proche qui, fournissant des thèmes souvent analogues, change néanmoins d'année en année pour briller de feux plus ardents, et n'être, sur le tard, que matière en fusion. Comme l'enfant, Bonnard n'a cessé de découvrir l'inédit dans le quotidien, car il avait reçu le don de perpétuelle enfance. A une récente exposition des moins de quatorze ans, on aurait pu se croire devant les ouvrages d'une école Bonnard, tant les coloriages par taches vives, la composition par registres superposés, les figures même, innocemment stylisées, étaient apparentés au métier du maître. Rencontre qui n'est pas fortuite, et qui livre, sans doute, un des secrets de l'art de ce peintre, qui sut, avec une persistance singulière à notre époque de hauts débats plastiques, se refuser aux théories pour se laisser modestement aller aux seules perceptions d'une rétine toujours étonnée. S'il ne partagea donc pas l'ardeur systématique de ses contemporains, il ne laissa pourtant pas d'en subir parfois le contrecoup. Parmi les stimulants qui permirent à ses dons de percer plus librement, nous avons noté les leçons des Nabis et de l'estampe japonaise. Le tour ornemental de ses premiers ouvrages porte la marque de cette époque, ou tout au moins de ceux qui l'ont typée, et qui - entre 1890 et 1900 - sans doute en réaction contre l'impressionnisme - donnent leur préférence aux valeurs décoratives sur celles du tableau de chevalet. Bonnard compose alors volontiers des affiches et des illustrations. L'affiche pour France-Champagne f...
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