Devoir de Philosophie

Phéniciens et Puniques par Gilbert-Charles Picard Professeur à la Sorbonne.

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

Phéniciens et Puniques par Gilbert-Charles Picard Professeur à la Sorbonne. Depuis l'époque néolithique, les habitants de la côte libanaise ont toujours dû faire grand usage d'une ingéniosité que le Créateur ne leur a heureusement pas ménagée pour préserver leur liberté menacée par les grandes puissances du moment, et tirer d'elles de substantiels profits. Il en était déjà ainsi au IIIe millénaire lorsque Byblos entretenait, non seulement avec l'Égypte, mais avec les princes d'Our et les rois d'Akkad, avec les Troyens et les insulaires de Syra, des relations on a retrouvé la trace matérielle dans des fouilles ; Ibdâdi, ensi de Byblos, nommé par une tablette d'Our contemporaine de la IIIe dynastie de cette ville, est le premier d'une longue liste de rois phéniciens dont la plupart ne sont hélas pour nous que des noms. Les chefs d'Ougarit, la plus septentrionale des villes phéniciennes, maintinrent aussi l'équilibre entre le Pharaon et le Minos de Cnossos, mais ne purent, dans la seconde moitié du IIe millénaire, échapper à l'hégémonie trop proche des Hittites. La bataille de Qadesh résolut pour un temps cette première " question d'Orient " en faveur du Pharaon, mais, dès la fin du XIIe siècle av.. JC, l'invasion des Peuples de la Mer réussit à forcer les portes du sanctuaire phénicien dont aucune ville n'échappa à la destruction. Cet orage allait être suivi d'une longue accalmie pendant laquelle les peuples de Syrie purent, pour une fois, régler leurs affaires à leur guise, et se donner même l'illusion de mener une grande politique. Alors apparaît le seul homme d'État phénicien dont la personnalité ne nous échappe pas entièrement, Hiram Ier, roi de Tyr, contemporain et ami de David et de Salomon (969-936 av. JC). Sur le plan économique, il s'arrange pour drainer vers son port à la fois le commerce de la Méditerranée, sans doute prolongé dès cette époque jusqu'aux Colonnes d'Hercule, et celui de la mer Rouge, l'alliance des Hébreux lui permettant d'échapper de ce côté au contrôle égyptien auquel le concurrent de Byblos ne peut se soustraire. A l'intérieur, Hiram s'efforce de stabiliser l'autorité royale en lui donnant une solide base religieuse ; à cette fin, il développe le culte de Melqart ; comme le Baal des théogonies d'Ougarit, c'est un dieu qui meurt et qui ressuscite, et l'on célèbre chaque année, en grande pompe, son réveil. Mais c'est aussi un patron des navigations lointaines, des luttes contre les barbares exotiques. C'est surtout, son nom l'indique, le " Roi de la Ville ", garant du pouvoir politique du roi humain. Mais la structure politique et économique des cités phéniciennes ne favorise pas la stabilité : Hiram mort, ses successeurs seront menacés par les ambitions de l'aristocratie sacerdotale ou marchande. La légende qui nous présente la fondation de Carthage comme le résultat de ces luttes repose peut-être sur des données historiques : Didon, la fondatrice, se serait échappée de Tyr, dans les dernières années du IXe siècle av. JC, pour fuir la tyrannie du roi Pygmalion, son frère, qui avait déjà fait mourir Acherbas, prêtre de Melqart et mari de la princesse. Malheureusement le récit le plus détaillé qui nous soit parvenu de ces événements, celui de Justin, mélange inextricablement le souvenir de faits réels et les arrangements romanesques ; Didon paraît à peine moins fabuleuse que Sémiramis. Au contraire, l'existence des rois Magonides qui gouvernèrent Carthage de la fin du VIe au commencement du IVe siècle av. JC, ne peut être mise en doute. Ils surgissent au moment où Carthage, menacée par l'expansion grecque, ne peut plus compter sur les secours de sa métropole. Tyr s'est épuisée à lutter contre les Assyriens, et lorsque l'établissement de la paix de Cyrus procure quelque répit aux Phéniciens, ce sont les rois de Sidon, grands amiraux de la flotte perse, qui font figure de chefs de la nation. Carthage entreprend alors de regrouper sous sa direction les Phéniciens d'Occident ; elle s'allie avec d'autres peuples menacés comme elle par l'hellénisme, les Étrusques, les Élymes de Sicile occidentale ; elle soumet les barbare...

« par Gilbert-Charles Picard Professeur à la Sorbonne.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles