Pépin le Bref par Michel François Membre de l'Institut Si l'année 751 doit

Pépin le Bref par Michel François Membre de l'Institut Si l'année 751 doit être retenue comme une date marquante dans l'histoire de l'Europe occidentale et en même temps de la Chrétienté parce qu'elle est celle de l'avènement au trône des Carolingiens et qu'elle inaugure l'union désormais intime entre l'Église et le futur empire franc, elle n'en constitue pas pour autant le point de départ de l'exercice du pouvoir par Pépin auquel sa petite taille a valu le surnom de Bref pour mieux le distinguer de ses ancêtres et homonymes, Pépin de Landen et Pépin d'Héristal. En effet, l'année même de sa mort, en 741, Charles Martel, maire du Palais, avait partagé le regnum Francorum, comme s'il lui appartenait en propre, entre ses deux fils légitimes, Carloman l'aîné auquel revinrent l'Austrasie, le pays des Alamans et la Thuringe et Pépin, le cadet, qui reçut pour sa part la Neustrie, la Bourgogne et la Provence, l'un et l'autre étant revêtus de la charge de maire du Palais comme leur père et portant le titre de duc et prince des Francs. Dix années séparent donc la mort de Charles Martel de l'élection à la royauté de Pépin pendant lesquelles l'ensemble des territoires soumis aux Francs sera gouverné conjointement par les deux frères jusqu'en 747 où Carloman fait retraite au Mont-Cassin puis par Pépin seul : dix années essentielles dans l'histoire de l'ascension des Carolingiens dont Pépin doit être considéré comme le véritable artisan. Non pas que la dynastie régnante des Mérovingiens ait déjà disparu : les fils de Charles Martel auront même soin d'en assurer la survie en installant en 743 sur le trône demeuré vide depuis six ans un descendant de Clovis, Childéric III, dont la présence maintiendra jusqu'en 751 la fiction d'une légitimité jugée encore nécessaire, mais c'est bien entre leurs mains qu'est la r&ea...