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On ne badine pas avec l'amour Acte Premier, scène première Alfred de Musset Une place devant le château.

Publié le 05/04/2015

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amour
On ne badine pas avec l'amour Acte Premier, scène première Alfred de Musset Une place devant le château. LE CHOEUR Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s'avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l'écritoire au côté. Comme un poupon sur l'oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et, les yeux à demi fermé, il marmotte un Pater Noster dans son triple menton. Salut, maître Blazius, vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique. MAITRE BLAZIUS Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d'importance m'apportent ici premièrement un verre de vin frais. LE CHOEUR Voilà notre plus grande écuelle ; buvez maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après. MAITRE BLAZIUS Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdic...
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« Ma foi, l'écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tant bu.

Adieu ; j'ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur ; je vais tirer la cloche.

(Il sort.) LE CH Œ UR Durement cahotée sur son âne essoufflé, dame Pluche gravit la colline ; son écuyer transi gourdine à tour de bras le pauvre animal, qui hoche la tête, un chardon entre les dents.

Ses longues jambes maigres trépignent de colère, tandis que, de ses mains osseuses, elle égratigne son chapelet.

Bonjour donc, dame Pluche ; vous arrivez comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois. DAME PLUCHE Un verre d'eau, canaille que vous êtes ! un verre d'eau et un peu de vinaigre. LE CH Œ UR D'où venez-vous, Pluche, ma mie ? Vos faux cheveux sont couverts de poussières ; voilà un toupet de gâté, et votre chaste robe est retroussée jusqu'à vos vénérables jarretières. DAME PLUCHE Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd'hui au château.

Elle a quitté le couvent sur l'ordre exprès de monseigneur, pour venir en son temps et lieu recueillir, comme faire se doit, le bon bien qu'elle a de sa mère.

Son éducation, Dieu merci, est terminée, et ceux qui la verront auront la joie de respirer une glorieuse fleur de sagesse et de dévotion.

Jamais il n'y a rien eu de si pur, de si ange, de si agneau et de si colombe que cette chère nonnain ; que le Seigneur Dieu du ciel la conduise ! Ainsi soit-il.

Rangez-vous, canaille ; il me semble que j'ai les jambes enflées. LE CH Œ UR Défripez-vous, honnête Pluche ; et quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie ; nos blés sont secs comme vos tibias. DAME PLUCHE Vous m'avez apporté de l'eau dans une écuelle qui sent la cuisine ; donnez-moi la main pour descendre ; vous êtes des butors et des malappris.

(Elle sort.) LE CH Œ UR Mettons nos habits du dimanche, et attendons que le baron nous fasse appeler.

Ou je me trompe fort, ou quelque joyeuse bombance est dans l'air d'aujourd'hui. (Ils sortent.). »

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